Jean-Michel Aulas Pdg OL Group : "On est dans une spirale vertueuse".
Résultats semestriels 2014/2015 du groupe de football lyonnais

26 février 2015 5 h 29 min
+ de videos
298
Views

Retour sur l’actualité du groupe de football Lyonnais coté en Bourse qui vient de publier ses résultats semestriels 2014/2015.

Au delà de la réduction de la perte nette, les dernières actualités, le trading joueurs, financement, Stade de Lyon, pour un tour d’horizon des questions qui intéressent les investisseurs.

Mon invité pour en parler est Jean-Michel Aulas Pdg OL Group.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Jean-Michel Aulas, bonjour. Vous êtes le Pdg d’OL Groupe. On va parler avec vous de votre semestre et puis des perspectives pour l’OL Groupe. Comment se passe ce premier semestre pour vous en termes d’activités ? On a vu qu’il y avait moins de pertes, c’est une amélioration donc, mais qu’est-ce que vous retenez, vous, de ce semestre ?

Jean-Michel Aulas, Pdg d’OL Groupe : En fait, c’est la traduction des immenses efforts stratégiques qui ont été faits, changement de business model, réduction de charges, orientation différente en matière de formation des joueurs, et donc le premier semestre traduit exactement, d’une part ce que l’on avait annoncé, et deuxièmement cette tendance à recouvrer assez rapidement l’équilibre d’exploitation. Donc on a effectivement encore un déficit, mais qui est en forte réduction, malgré le fait que nous ne sommes pas européens et malgré le fait que nous n’ayons pas cédé de joueurs. Donc, c’est l’aboutissement d’un nouveau business model dans lequel l’Olympique Lyonnais et les clubs ne seraient pas obligés de céder des joueurs pour équilibrer les comptes.

Web TV www.labourseetlavie.com : Justement, ce business model qui se met en place, est-ce qu’il est pérenne ? À quel moment il va donner des résultats pour que l’on aille peut-être au-delà, justement, de cette réduction de pertes ?

Jean-Michel Aulas, Pdg d’OL Groupe : Donc, c’est un business model qui est d’abord fondé sur la formation, l’académie. Donc, de ce côté-là, je pense que tous les objectifs sont atteints. On a une formation qui est la meilleure de France, l’une des meilleures d’Europe, avec des joueurs qui jouent dans nos clubs, dansnotre club, mais aussi dans les principaux clubs des quatre pays européens les plus élevés en matière de football, et puis deuxièmement, sur l’utilisation, au travers de recettes de matchs, d’infrastructures qui seraient des infrastructures fonctionnellement adaptées à ce que souhaitent aujourd’hui, en fait, les supporters de football, qu’ils soient BtoC c’est-à-dire consommateur individuel, mais aussi et surtout BtoB parce qu’il y a une forte évolution vers le BtoB, et là, la construction du stade vient complètement confirmer cette récurrence en quelque sorte des revenus. Donc on est à mi-chemin, et comme on a, je dirais, sous peut-être la forme d’un alignement positif des planètes des résultats sportifs qui convergent vers le haut, on peut penser effectivement que l’infrastructure qui a été construite va pouvoir utiliser l’académie qui fonctionne bien et faire en sorte que l’équipe joue au plus haut niveau dans son stade et avec les revenus qui y sont associés.

Web TV www.labourseetlavie.com : Il y a bien sûr le championnat de France, mais aussi l’Europe, l’Europe, si, quand vous n’y êtes pas, on voit combien cela peut peser. Comment on peut établir une stratégie pour y être de manière « systématique » ?

Jean-Michel Aulas, Pdg d’OL Groupe : Déjà, on se rend compte, au cours des vingt dernières années, il n’y a qu’une seule année où nous n’avons pas été en Coupe d’Europe, j’espère que l’on va retrouver la Coupe d’Europe dès l’année prochaine. Donc, ce qui veut dire que, une fois sur vingt, grosso modo, c’est un risque que l’on peut assumer. Deuxièmement, on se rend compte que, quand on n’est pas en Coupe d’Europe, généralement toutes les forces sont concentrées sur le championnat et que l’on a compensé très largement ce qui n’est pas en Coupe d’Europe par des performances au-dessus, en matière de championnat. Donc aujourd’hui, on gère la pénurie, la pénurie de places, la pénurie d’espaces publicitaires, de communication. On est vraiment dans une stratégie de marque haut de gamme et donc on se rend compte en fait que la récurrence des revenus, en particulier vis-à-vis de cette évolution en orientation BtoB, consacre totalement la construction d’un stade avec des services, et que cet aléa sportif éventuel peut être comblé très fortement par la qualité fonctionnelle des installations et par la propriété du stade.

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce qu’aujourd’hui vous diriez que la visibilité de la marque OL s’est améliorée ? Elle a pris une autre dimension ?

Jean-Michel Aulas, Pdg d’OL Groupe : Vous savez, aujourd’hui, le financial fair play sur le plan européen vient réguler, à moyen terme, un certain nombre d’excès que tout le monde connaît et qu’il faut savoir admettre, je crois, de manière tout à fait cohérente pour se projeter sur le futur, sur une économie plus régulée et sur un certain nombre de valeurs. Dans ces valeurs, il y a évidemment l’académie, Lyon est le premier de France et sur le podium pratiquement en Europe, il y a le football féminin, Lyon est premier en France, a été premier en Europe et est très bien positionné. Et puis, il y a une troisième valeur qui est de transformer, en fait, tous les revenus périphériques à l’activité football de base dans une récurrence avec des activités complémentaires ou accessoires, mais complémentaires, et là, la construction du Parc Olympique Lyonnais, c’est-à-dire, sur 50 hectares, le fait d’avoir un stade connecté, très moderne, d’avoir un établissement hospitalier, d’avoir un centre de remise en forme, d’avoir un centre de loisirs, d’avoir une cité des entreprises, d’avoir tout ce qui permet à un parc de fonctionner 365 jours par an et d’avoir cette intégration des activités, concourt à imaginer que la récurrence va venir au secours, je dirais, de la performance quand elle n’est pas, à l’instant T, exactement celle que l’on souhaiterait.

Web TV www.labourseetlavie.com : Aujourd’hui, dans le football, il y a effectivement différentes stratégies, on connaît celle des clubs espagnols, on a vu aussi, avec le PSG, le Qatar à investir massivement sur un club, est-ce que cela change la donne justement pour vous ou vous maintenez la stratégie initiale ?

Jean-Michel Aulas, Pdg d’OL Groupe : Cela conforte parce qu’en fait le chapeau général de tout ceci, c’est le financial fair play. Le financial fair play doit amener, à cinq ans, à 10 ans, donc sur une longue période, l’économie du football à respecter un certain nombre de valeurs, et donc on s’inscrit dans cette perspective. Et quand on voit en termes économiques l’émergence des droits anglais, des droits de télévision anglais qui dépassent de manière extrêmement importante tous les autres championnats, on doit s’interroger sur ce qui a fait que l’Angleterre soit en position conquérante sur le plan des droits. Et en fait, ce qui vient corroborer cette situation en France, c’est le fait que les clubs anglais ont visé l’élite, ont valorisé l’élite, pour mieux redistribuer à la collectivité, ont créé un spectacle dans lequel les infrastructures, la propriété des stades a été prise en compte et dans lequel, je dirais, tous les éléments qui concourent à la valorisation de la marque sont pris en compte. Donc on est dans un système qui est en train d’être régulé, le passé, avec l’image de clubs dispendieux, qui sont déficitaires, pour lequel l’inflation des salaires et des transferts est inéluctable, est dépassé. On est dans une perspective, comme je dirais dans toutes les régulations et tous les secteurs économiques, où on vise, ne serait-ce que parce que l’économie ne s’invente pas, non plus des bulles, mais quelque chose de récurrent. Et le foot est vraiment lancé dans cette activité avec un point essentiel, c’est que le football reste le premier centre d’intérêt de toutes les populations et une activité, non seulement de football, mais une activité de loisir. Et on est dans un siècle, on est dans une époque où le loisir va prendre les devants sur un certain nombre d’autres activités. Donc, je dirais, il y a un alignement des planètes qui concourt à avoir une activité qui va être complètement normalisée et qui va plaire aux banquiers, aux financiers, et on est bien placé avec l’OL pour profiter de cet oxygène que procure l’arrivée dans le football de deux grands clubs français et qui va permettre au football français, je l’espère, de s’aligner sur ce qui est fait de mieux en Europe.

Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin, cela fait quasiment huit ans que vous êtes en bourse cette année, à quelques jours près, les actionnaires, eux, cela n’a pas été facile pour eux, vous le savez bien, sur cette période-là, il a fallu plus d’investissements, peut-être que pour eux c’était beaucoup plus long que ce que vous aviez même pu dire à l’époque, au début de cette aventure, comment leur redonner confiance, au-delà de la construction du stade peut-être ?

Jean-Michel Aulas, Pdg d’OL Groupe : Cet alignement des planètes, c’est-à-dire que l’écosystème est en train de se réguler. Les exemples de réussites, non plus uniquement sportives, mais de réussites économiques et sportives, sont devant nous. Tous les clubs anglais sont en bonne situation économique, les valorisations des clubs qui sont en bourse sont extraordinaires. Les clubs allemands sont aussi extrêmement performants, le Bayern, avec la propriété de son stade, dégage des résultats à faire pâlir d’envie toutes les sociétés du CAC 40, et d’une manière générale, les sociétés de recherche et développement. L’Espagne, avec le Real Madrid qui est en train de développer une marque avec une valeur incorporelle extraordinaire, tout ceci concourt à montrer que l’évolution est en marche, d’ailleurs les analystes ne se trompent jamais, ils anticipent toujours sur les évolutions. Au cours des deux derniers mois, le cours de l’Olympique Lyonnais a franchi la barre des 100 % de croissance, je crois qu’il est en croissance aussi aujourd’hui, et donc on est, je dirais, dans…

Web TV www.labourseetlavie.com : Il y a des analystes qui se sont trompés dans les années 2000, si vous me permettez.

Jean-Michel Aulas, Pdg d’OL Groupe : C’est vrai, mais je pense qu’ils s’étaient trompés sur l ‘OL, mais avant, et là ils sont en train justement de corriger l’erreur et donc… Jamais rien n’est certain mais on est dans une spirale vertueuse qui démontre que les comparables à l’étranger de clubs, comme l’Olympique Lyonnais, qui sont propriétaires de leurs équipements et qui réussissent dans la formation, dégagent des profits incroyables, et donc les capitalisations sont en train d’évoluer, il ne m’étonnerait pas, sans qu’évidemment je donne des orientations précises, mais que le cours de l’Olympique Lyonnais évolue avec une forte hausse dans les semaines qui viennent.

Web TV www.labourseetlavie.com : Bien sûr, on suivra cela. Merci Jean-Michel Aulas d’avoir été avec nous.

Jean-Michel Aulas, Pdg d’OL Groupe : Merci.

 

Print Friendly, PDF & Email