Les dépenses publiques vont continuer à augmenter : "Le moment de vérité n'a pas eu lieu".
L'info éco + avec Didier Testot Fondateur de LA BOURSE ET LA VIE TV
Cette semaine, Didier TESTOT revient dans “l’Info éco +” sur l’actualité éco et financière :
Budget : les solutions proposées par François Bayrou font débat.
Concernant la dette publique, la France paie aujourd’hui l’addition de sa gabegie budgétaire. J’avais eu l’occasion ici de rappeler que depuis 1981, la France n’avait cessé de creuser sa dette sans se creuser la tête comme dit la chanson d’Alain Souchon. Et de devenir au fil des années le pays le moins crédible de la zone euro. Car autre rappel, nous avons connu les mêmes chocs que nos voisins, au cours des dernières années, Covid, guerre en Ukraine, crise énergétique, inflation. Mais contrairement à eux, nous avons continué à dépenser massivement sans cibler des investissements productifs. Et les pays que les investisseurs baptisaient « les pays du « Club Med » Grèce, Portugal, Espagne, Italie — durement touchés lors de la crise des dettes souveraines, ont su eux durant les 15 dernières années engager des réformes profondes. Avec désormais des déficits plus contenus, et même des taux d’intérêt parfois plus attractifs que les Français. Or la moitié de notre dette est détenue par des investisseurs étrangers, en majorité européens. Le risque de crédibilité s’accroit donc et le « moment de vérité » souhaité par le Premier Ministre n’a pas encore eu lieu, mais se profile. Les questions sont posées, la censure menace sans autre projet qui change la donne. Et pendant ce temps…L’Allemagne déploie un plan de relance colossal de 847 milliards d’euros d’ici 2029, pour moderniser ses infrastructures, sa défense, son industrie, son système de santé. La France elle s’enferme dans une logique budgétaire de court terme. Le risque de déclassement est là. Les Français eux n’ont pas confiance, ils épargnent toujours beaucoup.
Didier, cela veut-il dire que malgré ces annonces, tout reste à faire ?
Clairement, les réformes de fonds, ce que l’on appelle les réformes structurelles ne sont toujours pas en route, pour baisser cette dette publique massive, faute de majorité pour cela. Les politiques de tous bords ont les yeux rivés sur 2027. Et leurs décisions seront motivées uniquement par ce sujet. Tout sera à recommencer en 2027 car la dépense publique globale continuera d’augmenter en réel de 30 milliards d’euros l’an prochain. Et pour une fois quand le Président dit «si d’autres ont des idées plus intelligentes » le Premier Ministre les recevra, il a raison. C’est bien d’intelligence collective dont il s’agit. Car nous ne sommes pas encore en 1983 avec la fameuse rigueur de Pierre Mauroy, le « rythme naturel » de ces dépenses ralentit, c’est tout ! Aucun changement de cap véritable. Le Premier ministre a pu prononcer les mots politiques nécessaires à une prise de conscience collective. Reste que la France avec 57 % de PIB qui part en dépense publique va dans le mur sans changement de logiciel.
Didier, un nouveau sujet de souveraineté numérique qui tombe mal et c’est le Gouvernement qui est en cause
Oui si l’on évoque le sujet de la commande publique, qu’il y ait une préférence européenne, je veux bien, mais en attendant que l’Europe se réforme, est-il possible que la commande publique française pense au pays d’abord, comme le fond l’Italie ou l’Allemagne ? Car les sujets de souveraineté sont aussi essentiels dans cette bataille économique. Et quand les équipes de Matignon (en l’occurrence le SIG, service d’information du Gouvernement) confient la veille numérique, analyse de l’opinion française et des réseaux sociaux à une société étrangère Talkwalker, contrôlée par des Américains parce que beaucoup moins chère que le Français Visibrain, société française qui était en charge de cette activité depuis 8 ans. Cela pose question. Car l’entreprise étrangère aura accès à des données ultra sensibles, puisque l’outil sera mis à disposition de Matignon et de tous les services de l’Etat: l’Economie, l’Intérieur, les Armées. Il sera aussi mis à disposition de l’agence de lutte contre les ingérences étrangères. Il y a des endroits où faire le choix tricolore a du sens, même si c’est plus cher! Des économies on peut en faire ailleurs, des milliards on en trouve.
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