Rémy Allemane Administrateur KKO International : "Nous sommes à jour pour notre plan de marche".
KKO International détient SOLEA producteur de fèves de cacao en Côte d'Ivoire

14 avril 2016 10 h 01 min
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KKO International a réalisé son introduction en Bourse à Bruxelles récemment. Elle détient la société SOLEA qui cultive une surface exploitable de 1000 hectares, dont 800 plantés de cacaoyers en Côte d’Ivoire, le premier pays fournisseur de cacao dans le monde.

La société s’est fixée pour objectif d’exploiter 3 000 hectares d’ici fin 2017.

Nous parlons de cette actualité et de la stratégie de l’entreprise avec Rémy Allemane, Administrateur de KKO International et Président de SOLEA.

La société sera aussi susceptible de trouver de nouveaux financements, si ce n’est pas le cas, elle le développera les nouvelles surfaces dès 2018.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes administrateur de KKO International et PDG de Solea, la filiale qui est donc en Côte d’Ivoire, qui produit effectivement des fèves de cacao. Alors, on va parler de votre introduction en bourse qui est assez récente. Qu’est-ce qui vous a amené sur ce projet effectivement intéressant ? C’est d’abord le marché du cacao, le marché mondial ? Il y a de la demande aujourd’hui sur ce marché ?

Rémy Allemane –DG KKO International : Alors, ce qui m’a amené, cher Monsieur, ça a été une rencontre extraordinaire que j’ai faite un jour avec un ingénieur ivoirien, ingénieur agronome, qui m’a raconté une histoire incroyable. Moi, j’ai une maison en Côte d’Ivoire. Je suis en plein milieu des cultivateurs de palmes, d’hévéa et de cacao. Et comme tout le monde dans la presse, je sais que la production d’un champ moyen en Côte d’Ivoire, 500 kg ou 800 kg à l’hectare. Et ce monsieur me raconte que le CNRA, le Centre National de la Recherche Agricole, a mis au point des hybrides du cacao depuis quelques années qui, en prenant une méthode classique de plantation, sortent 3 tonnes à l’hectare. Alors, de 500 kg à 3 tonnes, six fois plus de chiffres d’affaires. Étant à la base financier, je fais un petit calcul de TRI et je dis, « mais ce n’est pas possible, c’est de l’or. » Et donc je me suis intéressé à cette commodities. Alors maintenant, l’intérêt s’est poursuivi et là, en effet, on regarde, on prévoit une pénurie, pas de cacao dans le monde, une croissance tous les ans de 2 % de la consommation. Je me suis dit, c’est peut-être là la reconversion à faire. Et je me suis intéressé à cette commodities et en Côte d’Ivoire, producteur numéro un mondial, j’ai décidé de faire du cacao en Côte d’Ivoire.

Web TV www.labourseetlavie.com : Effectivement, cette question du rendement est la clé depuis de nombreuses années sur toutes les zones de production. On se dit, comment cet arbre-là pourrait effectivement produire plus. Et aujourd’hui, c’est un des handicaps de la production de cacao.

Rémy Allemane –DG KKO International : Tout à fait. Alors pourquoi il ne produit pas, si peu en Côte d’Ivoire dans les statistiques ? Parce que d’abord, les vergers sont vieillissants, ne sont pas entretenus. Le planteur ivoirien n’a pas trop de moyens. Il faut apporter de l’engrais, un produit des contrôles sanitaires, il ne le fait pas. Quand vous avez les moyens d’un industriel de donner le bon engrais, de donner une bonne aération à votre plantation, que vous la nourrissez bien et que vous la protégez bien, elle vous donne ce que vous espérez. Aujourd’hui, on parle de 3 tonnes, mais moi je suis plus ambitieux que ça. Parce qu’aujourd’hui, l’innovation de KKO International, de Solea en Côte d’Ivoire, c’est d’apporter des techniques nouvelles. Nous, on ne travaille que dans l’innovation. Les techniques nouvelles, c’est quoi ? Un, utiliser bien sûr cet hybride. Deux, apporter une irrigation, système goutte à goutte et à travers cette irrigation, une fertilisation, ce qu’on appelle donc la fertigation, les deux mots, pour donner à l’arbre, tous les jours, le besoin qu’il a. Ça ne s’est jamais fait dans le cacao. Il y a eu une petite expérience qui a été faite par un de nos consultants israéliens au Ghana sur une toute petite parcelle, un demi-hectare. À la quatrième production, c’est-à-dire six ans après le planting, il a obtenu un équivalent à l’hectare de 8 tonnes à l’hectare. Donc, vous voyez que l’arbre si on lui fait confiance, qu’on lui donne à manger et qu’on lui donne à boire suffisamment, il va vous récompenser.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors en même temps, on pourrait penser que des grands, parce qu’il y en a quand même des producteurs mondiaux, des grands producteurs mondiaux qu’on connaît, et pour l’instant, ils n’ont pas cherché ça ? Parce que tout le monde cherche ça.

Rémy Allemane –DG KKO International : Il n’y a pas de producteurs mondiaux de fèves de cacao. Il y a des acheteurs de fèves de cacao et il y a des grands chocolatiers, tels que Barry Callebaut, on peut parler de Mondalez, de Nestlé, de Kraft, de Mars, mais ils n’ont pas de plantation. Les planteurs dans la généralité mondiale sont des petits planteurs. C’est un hectare, 2 hectares, 5 hectares. Vous savez qu’en Côte d’Ivoire où Houphouet Boigny a apporté le cacao, vous savez à la base pour quoi ? Pour donner à l’agriculteur un petit peu d’argent au moment de la grande traite de cacao, pour qu’il puisse payer les frais scolaires de ses enfants. C’était ça l’idée de base. Et avec ça, chaque petit planteur a planté un hectare, 2 hectares et c’était suffisant. Il n’existe pas aujourd’hui en Afrique de grandes exploitations de cacao. Il en existe au Brésil, il en existe au Pérou. En Afrique, la plus grande que moi je connais, que j’ai vue de mes yeux, elle fait 200 hectares.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc là, il y a…

Rémy Allemane –DG KKO International : Donc là, on est innovant.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors en même temps, quand on veut parler d’investissement responsable, c’est toujours compliqué. On n’est pas toujours sur place.

Rémy Allemane –DG KKO International : Bien sûr.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous parliez quand même de culture intensive. Comment on peut faire de la culture intensive et être responsable sur ce type de production ?

Rémy Allemane –DG KKO International : Alors là, on a longuement réfléchi. En Côte d’Ivoire, il y a, on va dire, trois grandes ONG, UTZ, Fair Trade, Rainforest Alliance, qui vous surveillent ou qui vous labellisent suivant les critères. Donc nous, on a discuté avec les grands chocolatiers, tels que, comme vous l’avez dit, Barry Callebaut, Mondelez ou autres et on leur a demandé, on leur a dit, « mais à votre avis, le bon label pour vous, ce serait quoi ? » Ils nous ont dit « Le bon label pour vous, ce serait Rainforest Alliance ». Donc, on s’est adressé à cette ONG. Donc, ça fait maintenant plus d’une année qu’on a des formateurs de Rainforest Alliance dans notre plantation, qui viennent tous les mois, former tous nos cadres, tous nos encadrants, au socialement responsable. Alors, le socialement responsable, c’est quoi ? Alors bien sûr, la première chose, pas de travail d’enfants. C’est être soucieux de l’environnement, être soucieux du social. Donc, que l’ouvrier soit, un, bien payé, bien logé, bien nourri, bien habillé et bien protégé. Ça pour eux, c’est primordial. Et puis il y a le souci environnemental, être sûr qu’on ne rejette pas dans la rivière des dérivés du phosphate, que nous préservons la forêt. Alors là, on a des critères bien précis et on correspond à tous ces critères. Aujourd’hui, on a finalisé l’après-audit et Rainforest Alliance doit envoyer l’audit final qui n’est pas fait par eux, qui est fait par un cabinet indépendant, dans les prochaines semaines. Et nous aurons ce label d’ici quelques semaines, Rainforest Alliance, qui est pour nous un choix de qualité, un critère de qualité.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, vous parliez de votre côté financier. Pour les investisseurs qui découvrent votre entreprise, ils vont regarder effectivement le fait que vous allez planter un certain nombre d’arbres et que la récolte ne survient pas, bien entendu, l’année d’après. Il y a un délai, il y a un planning aujourd’hui ? Vous l’avez présenté aux investisseurs ce planning ?

Rémy Allemane –DG KKO International : Oui, le planning est connu. Le planning, si vous voulez, l’objectif de Solea en Côte d’Ivoire, c’est d’avoir 3 000 hectares plantés à fin 2017. Où est-ce qu’on en est ? À fin 2015, on avait 800 hectares plantés. Là, on est l’année 2016, on est en cours de développement de 1 200 hectares. Ce n’est pas une petite affaire. Par rapport à ce planning de développement, nous sommes à jour. C’est-à-dire qu’à l’instant T où je vous parle, les pluies ont repris en Côte d’Ivoire, on va pouvoir commencer le planting. Nous, on a fait tout le travail préliminaire sur ces hectares. Et si tout va bien au niveau du planting, on aura ces 1 200 hectares plantés à fin 2016, donc 2 000 hectares plantés, irrigués et fertigués à 2016, puis 3 000 hectares à fin 2017. Le planning est respecté.

Web TV www.labourseetlavie.com : Et du coup pour les investisseurs, il y a eu cette levée de fonds qui est arrivée, est-ce qu’elle vous permet d’aller jusque-là ? Jusqu’à la première récolte ? Elle vous permet d’aller jusqu’où ?

Rémy Allemane –DG KKO International : Alors justement, elle permet d’aller pas aussi loin que je voudrais. Si vous vous rappelez, à octobre 2015, le marché est un peu difficile et on avait comme objectif de lever entre 10 et 12 millions. On a levé 6,5 millions. Donc avec 6,5 millions, je peux développer, mais mon programme de 2016. Jusqu’à fin 2016, sans aucun problème. Pour le programme 2017, les 1 000 hectares supplémentaires, il va me manquer ces 5 millions ou ces 4 millions ou ces 5 millions. Donc, j’ai deux solutions : soit j’arrive à lever de l’argent, à le financer, soit par un emprunt obligataire, un emprunt convertible, une augmentation de capital, un financement bancaire, enfin toutes sources de financement et je développerai ces 1 000 hectares ; soit je n’y arrive pas, puisque les marchés ne s’y prêtent pas, parce que les gens n’ont pas confiance en moi et à ce moment-là, je reste avec mes 2 000 hectares, je rentre en cash-flow positif à partir de 2018. Donc, je développerai ces 1 000 hectares supplémentaires à partir de 2018 puisque j’ai déjà acquis les terres.

Web TV www.labourseetlavie.com : Eh bien, donc on suivra ça. Merci Rémy Allemane d’avoir fait le point avec nous sur cette…

Rémy Allemane –DG KKO International : Je vous en prie.

Web TV www.labourseetlavie.com : … sur votre société.

Rémy Allemane –DG KKO International : Merci beaucoup.