Interview Edouard Rencker Pdg Makheia Group : "On passe d'une pensée du volume à une pensée de la singularité".
Résultats annuels 2013, stratégie et perspectives de l'agence spécialisée dans les contenus pour les entreprises

16 mai 2014 8 h 58 min
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Le groupe spécialiste des contenus pour les entreprises a publié récemment ses résultats annuels 2013. 

Comment évoluela stratégie de l’entreprise, nouvelle organisation pour répondre à la nouvelle donne du marché, qui se “digitalise” et auquel il faut apporter de nouvelles réponses de communication plus ciblée.

Mon invité est Edouard Rencker Pdg Makheia Group.

Web TV www.labourseetlavie.com : Edouard Rencker, bonjour. Vous êtes le Pdg de Makheia, on va parler avec vous de votre année 2013 et puis des perspectives. Vous êtes vous spécialiste des contenus pour les entreprises, alors c’est un domaine en pleine évolution, notamment avec le digital, on va en reparler. Comment s’est passée l’année 2013 ?

 

Edouard Rencker, Pdg de Makheia Group : Écoutez, le marché est toujours aussi peu dynamique puisque, selon les différents instituts qui suivent nos marchés en 2013 se soldent encore par un – 3, -4, ce qui fait qu’en cumulé depuis trois ou quatre ans, le marché de la communication en général a dû perdre un petit 18, 20 %. Donc le marché n’est toujours pas, si vous voulez, en volume, formidable, et il y a de grosses mutations qui sont à la fois économiques avec des anciens métiers qui perdent de la valeur, mais ça comme beaucoup d’entreprises, on a sur certaines activités des taux de marge qui baissent, mais en même temps une formidable redistribution de ces métiers autour des enjeux de transformation, auxquels désormais sont confrontés toutes les entreprises, des plus grandes de plus petites, et on commence à comprendre que la communication n’est pas simplement l’art de raconter les choses, mais a une vraie motricité dans la transformation, une motricité en interne évidemment, une motricité vis-à-vis des communautés, une motricité vis-à-vis de ce que l’on appelle aujourd’hui l’écosystème digital. Donc il y a un marché qui en volume n’est toujours pas terrible, est toujours plutôt déprimé, mais nous on y voit de formidables potentialités si tant est que vous suiviez effectivement les transformations des métiers et du marché.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot de la situation financière, je voyais que la dette avait augmenté en 2013, c’est lié à ces transformations-là ou c’est lié à un sujet particulier pour vous ?

 

Edouard Rencker, Pdg de Makheia Group : Non, en fait, les… non la dette a baissé, ce qui a augmenté, c’est que vous savez, on a lancé un programme d’OC l’année dernière avec notre partenaire financier, Isatis Capital, anciennement BNP Private Equity, et en fait c’est le programme d’OC que l’on a levé pour 2,5 millions d’euros, mais ce n’est pas de la dette stricto sensu. Au contraire notre dette baisse puisque on avait un crédit moyen terme de 4 millions dont il reste à peine un quart désormais. Et on a utilisé ces OC pour faire cette année une très belle acquisition, qui ne s’est concrétisée que le 4 ou le 5 janvier, mais que l’on a discuté évidemment au courant de l’année 2013.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : De votre point de vue, vous n’attendez pas de la part des annonceurs un changement de comportement dans les mois qui viennent ?

 

Edouard Rencker, Pdg de Makheia Group : C’est-à-dire en volume non, en volume non parce que moi je crois que, si vous voulez, ce qui se passe là et qui nous semble à intéressant, nous qui analysons les signes, les courants, c’est que c’est la fin de… moi j’appelle d’un modèle qui est la fin de l’utopie de la profusion c’est-à-dire que l’idée que la communication et les entreprises vont être portées par un marché systématiquement massif, de volume colossal, vous savez c’est le rêve de… je crois que c’est le… ce n’est pas que je crois, je suis sûr, c’est la Coccinelle qui s’est vendue à 36 millions d’exemplaires dans le monde, la DS qui devait être à 16 millions d’exemplaires, je crois que cette idée de la profusion, appuyée par une communication qui était essentiellement volumétrique c’est-à-dire un message, un média sur une cible, donc classiquement de la publicité à 20 heures 30 par la télévision, je pense que ce modèle est en train de disparaître et il est remplacé par un modèle, d’ailleurs que les économistes américains décrivent comme étant l’explosion des singularités. Et du coup, là, si vous voulez, il y a un potentiel qui est énorme et c’est beaucoup plus intéressant parce que cela veut dire qu’il faut aller chercher des publics et converser avec des publics, et pas céder à une cible. Cela veut dire qu’il faut prendre en compte les médias sociaux et pas un média social, Facebook n’est que le premier des tuyaux, si vous voulez, mais par exemple il y a plus de 7000 médias sociaux déjà recensés et actifs dans le monde. Donc on passe d’une pensée, j’allais dire du volume à une pensée de la singularité, mais les potentiels sont bien plus importants, en tout cas c’est ma conviction.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Cela veut dire aussi des outils derrière puisque on voit bien tout ce… on parle beaucoup de datas, de données, vous parliez de publics différents, effectivement on ne va pas parler de la même chose et on ne va pas avoir les mêmes réactions sur les réseaux concernés ?

 

Edouard Rencker, Pdg de Makheia Group : Cela veut dire beaucoup de nouveaux métiers, donc ça ça a été la mutation que nous on a poussée et accomplie depuis plusieurs années parce que il nous faut des spécialistes de datas, il nous faut des spécialistes, par exemple, des études sémantiques pour analyser le cheminement en fonction… le cheminement d’un client en fonction de la description sémantique d’un produit ou d’une marque. Donc il y a une quantité de nouveaux métiers, sans parler des métiers techniques qui sont les intégrateurs, ergonomes, développeurs, et quantité de nouveaux métiers, plus ceux que l’on va découvrir, que l’on n’a pas encore imaginé autour par exemple de tout ce qui est l’impression 3D. Forcément il y aura autour de ces nouvelles technologies une fonction communicante, donc là aussi il y aura de nouveaux métiers. Donc si il y a une grosse mutation des métiers, une grosse mutation des activités, et c’est dans une mutation qui est pour nous aussi passionnante.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc il y a aussi une organisation, donc vous dites en trois pôles pour simplifier, votre organisation, elle va s’adapter comment à ce nouvel environnement ?

 

Edouard Rencker, Pdg de Makheia Group : Donc nous, ces trois dernières années qui ont été un peu compliquées parce qu’en plus on n’a pas été aidé par le marché, donc on a fait une vraie révolution culturelle en se positionnant sur ces nouveaux métiers. Et aujourd’hui on a trois pieds principaux, un qui est fortement et qui est devenu désormais l’activité majoritaire en revenus, si vous voulez, qui est ce que l’on appelle l’innovation digitale, donc c’est comment la réflexion digitale peut accompagner les entreprises à transformer leurs modèles, donc cela va du e-commerce à la communication digitale au sens large, à la construction d’écosystèmes. D’ailleurs on a eu de très beaux clients gagnés cette année comme par exemple Michelin, Vinci, Safran ou encore Ferrari qui est nouvellement rentré et dont on est évidemment très content. Donc on a une grosse partie de l’activité sur les mutations et le digital comme élément de mutation. Après, on a quand même une grosse partie de nos métiers plus traditionnels, mais qui est plus finement tout ce qui est gestion de la marque, des signes, gestion des relations des marques avec des publics qui sont de plus en plus segmentés et compliqués. Et puis on a un troisième métier qui reste un métier de relationnel dans lequel nous on met aujourd’hui par exemple les médias sociaux, mais encore du marketing relationnel, qui est la motricité, si vous voulez, des réflexions en amont.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté des perspectives, donc malgré ce contexte, vous dites que vous pouvez améliorer les performances, notamment la rentabilité ?

 

Edouard Rencker, Pdg de Makheia Group : Alors déjà la rentabilité s’est améliorée en 2013 puisque l’on a un ROC qui augmente de près de 80 % et un résultat net d’un peu plus de 20 %. Ce n’est pas encore terrible dans l’absolu parce qu’on n’est pas encore aux 8, 10 % de rentabilité que l’on voudrait atteindre, on est plutôt aux alentours de 4,5, donc ce n’est pas encore terrible mais c’est quand même déjà bien mieux que l’année dernière. Et on pense cette année qu’on fera mieux, d’abord parce que on a fini cette mutation, donc on est sur des niches de marchés où il y a moins d’intervenants, il y a un peu plus de valeurs, un peu moins de frein, et puis c’est surtout, on a eu… comme on a eu une belle acquisition en début d’année, donc on va retrouver de la croissance, à la fois un peu organique, et puis à la fois par croissance externe. Donc si vous voulez, cela devrait aussi nous permettre d’améliorer nos résultats à la fin de l’année.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Édouard Rencker d’avoir été avec nous.

 

Edouard Rencker, Pdg de Makheia Group : C’est moi qui vous remercie.

 

© www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés, le 16 mai 2014.



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