François Guillin Pdg Groupe Guillin.
Interview stratégie et perspectives

11 janvier 2011 9 h 25 min
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A l’occasion de l’évènement Oddo Midcap qui s’est tenu à Lyon le 6 et 7 janvier, la Web Tv a interviewé François Guillin Pdg Groupe Guillin.

Comment s’est déroulé le second semestre pour le Groupe Guillin, comment évolue la stratégie (coûts matières premières), perspectives 2011 ?

Web TV www.labourseetlavie.com : François Guilin, bonjour, vous êtes le PDG du Groupe Guillin. On va parler avec vous de stratégie et de perspectives. Commençons peut-être par la fin d’année. Alors, on ne va pas parler de météo ensemble mais, je dirais, comment s’est passé pour le groupe la fin d’année ?

François Gulilin : « Eh bien pour nous ça s’est passé pour le mieux puisque nous sommes dans un emballage relativement classique et quotidien, or la consommation a été bonne et, donc, les volumes étaient là, globalement on finit une année tout à fait correcte ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Il n’y a pas eu, les problème, les intempéries, ça a quand même joué son rôle ?

François Guillin : « J’ai eu quelques craintes, mais en fin de compte, nous avons réussi à livrer l’ensemble de nos clients sans trop de difficultés et, très globalement, les gens mangent tous les jours, qu’il fasse beau, qu’il neige ou qu’il pleuve. Conclusion les volumes, effectivement, ont été tout à fait disponibles et on n’a pas eu de problème de ce côté-là ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, vous êtes effectivement, un spécialiste de l’emballage plastique alimentaire et même leader européen, est ce que on a cette situation-là en Europe globalement est-ce qu’on voit aujourd’hui des situations assez contrastées sur le plan économique bien entendu, dans votre secteur ça se passe bien ?

François Guillin : « Ben, je peux dire que dans notre secteur, il y a une bonne homogénéité de consommation en Europe, alors ce qu’il faut bien comprendre, c’est que chaque pays a son mode de consommation et que naturellement les emballages doivent être adaptées à chacun des pays européens. Je vais prendre un simple exemple, le croissant qui est un produit assez classique en France, vous n’en mangez naturellement pas de la même manière en Espagne, en Italie ou en Allemagne. Donc, voilà, il faut s’adapter à chacun des pays européens, c’est complexe mais c’est aussi ce qui en fait tout le plaisir ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Aujourd’hui le principal marché dans votre secteur c’est lequel ? c’est les Anglais qui ont le plus d’emballages ?

François Gulilin : « Sans aucun doute l’Angleterre est un marché extrêmement important en emballage, mais avec des conditions un petit peu différentes de ce que l’on connaît sur le continent par rapport à notre stratégie, puisque notre stratégie c’est avant tout de créer, de produire et de distribuer des emballages standard principalement dans le domaine des métiers de bouche, des fruits et légumes, alors que les Anglais ne travaillent pas sur des standards. Ce sont des emballages qui sont imposés par la grande distribution, et donc, à chaque fois, c’est une étude spécifique, une demande spécifique, alors que nous, nous produisons nos emballages sur des standards et c’est nous-mêmes qui allons faire nos offres à nos clients ».

Web TV www.labourseetlavie.com : En termes d’innovation produit, est-ce que c’est un secteur qui innove ? On a l’impression qu’un emballage plastique c’est tout simple, puisque bon on va le déballer, en réalité il y a beaucoup, il y a de la technologie derrière, il y a du travail…

François Guillin : « Oui effectivement. Personne n’imagine ce qu’il y a derrière la conception et le produit emballage. Parce que d’abord nous faisons aujourd’hui, nous travaillons sur de l’éco conception pour obtenir le poids matière minimum par rapport à l’usage de cet emballage. Mais ensuite il y a la matière première qui peut évoluer en fonction de, du type d’usage, si on veut passer au micro-onde, si on veut passer au four traditionnel, si on veut avoir un emballage très éphémère, transparent, de couleur, plus ou moins attractif, plus ou moins hygiénique. Donc tout ça c’est, ça fait partie du concept de réalisation de nos emballages. Mais on a également une composante aujourd’hui qui est extrêmement importante, c’est la composante de transport. Les emballages sont des produits relativement légers mais qui tiennent beaucoup de volume quand on veut les transporter, donc on travaille beaucoup sur des concepts pour être capable de créer une compacité la plus grande possible dans nos camions et de faire en sorte que la logistique de transport soit la plus faible possible et coûte le moins cher pour nos clients ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Ce qui s’est passé, ce qu’on a pu constater en temps que consommateur quand on voit tel ou tel emballage, tel yaourt, où effectivement on a l’impression qu’il y a moins de matière plastique, comment ça s’est passé ?

François Guillin : « C’est plus que réel. D’ailleurs ceux qui communiquent le plus dans ce domaine, c’est la bouteille plastique où ils ont pratiquement divisé par deux le poids de leur emballage sur les 20 dernières années, mais c’est également le cas pour l’ensemble de nos emballages. Nous avons l’avantage dans le métier qui est le nôtre qui est le thermoformage de pouvoir concevoir des designs très divers, très structurés, et donc permettent de trouver des conditions de rigidité très différente en fonction de la fabrication de cet emballage. Et donc notre objectif c’est vraiment de trouver un emballage équilibré entre le minimum de matières que l’on met à l’intérieur, l’optimum de présentation, l’optimum de facilité de fermeture et de réouverture pour que l’usage ménager soit le plus fiable et le plus agréable possible ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc l’intuition qu’on aurait pu avoir en disant qu’il y a moins, que si il y a moins de matières plastiques pour le groupe Gulilin ça va être une perte de chiffre d’affaires à la fin, c’est pas le cas ?

François Guillin : « C’est compensé très largement par les volumes. Nous avons, nous sommes sur des marchés où on peut développer de nombreuses niches, et globalement on peut considérer que la croissance intrinsèque de notre marché c’est de 3 à 5 % tous les ans en volume, ça grâce justement aux innovations, aux effets de niche qui nous permettent de multiplier le nombre de références. Un simple chiffre : le groupe Guillin c’est 6000 références standards disponibles sur appel téléphonique. Donc vous voyez que nous sommes vraiment dans un monde de couture extrêmement ciselé avec une offre qui se doit d’être très très large pare que aucun consommateur n’a la même approche vis-à-vis de ce qu’il veut acheter ».

Web TV www.labourseetlavie.com : On a l’impression qu’on arrive quand même un petit peu à des limites, je pense, je prends un exemple des bouteilles d’eau, c’est vrai qu’elles commencent à être un petit peu limite, avant on avait l’habitude qu’elles soient bien rigides maintenant on a l’impression qu’elles vont vous sauter des mains.

François Guillin : « C’est un fait il y a des limites. Mais je pense qu’il n’y a jamais de limites en matière technologique. Les matériaux peuvent évoluer, je pense qu’il faut toujours croire qu’on peut améliorer ses conditions. Mais, au-delà de cette optimisation du poids matière par emballage, je crois que ce qu’il faut surtout ne pas oublier c’est que un emballage c’est un produit noble. Il est noble à partir de la matière première qu’on utilise pour le fabriquer, il est noble quand il est fabriqué, mais il doit rester noble une fois qu’il a été utilisé.

Et toute notre stratégie au niveau national et international, et à travers les syndicats professionnels dans lesquels on est très très conditionné, eh bien c’est de faire en sorte de récupérer ces emballages après consommation, sachant que cette matière première est une matière première qui peut être ré-anoblie à 100 %. Et aujourd’hui c’est le leitmotiv de tous les conditionneurs de tous les fabricants d’emballage, nous devons privilégier les filières de recyclage pour éviter toutes les problématiques d’environnement et réduire bien entendu la trace environnementale de nos emballages ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors on a beaucoup parlé effectivement de ces questions d’environnement. Est-ce que c’est, réalisable rapidement ? La grande question que les gens se posent c’est est-ce qu’on va pouvoir se passer du plastique, c’est-à-dire le plastique on pense au pétrole mais bon ça c’est pour un peu plus longtemps ?

François Guillin : « Je crois que très clairement, on ne se passera jamais du plastique par ce que c’est le matériau d’avenir, c’est un matériau que l’on touche tous les jours, que ce soit dans les ordinateurs, dans des lunettes, sur les montres, dans, quel que soit le produit que vous utilisez, mais aussi pour des domaines médicaux extrêmement sophistiqués, donc, c’est un produit qui est incontournable qui est en ce qui nous concerne issu de résidus du raffinage pour obtenir, bien entendu, les carburants que l’on connaît, et donc c’est un matériau qui sera absolument indispensable. Ça ne veut pas dire pour autant que on doive systématiquement aller chercher une matière noble issue directement des produits fossiles.

Et donc notre politique c’est de recycler. Or, le recyclage c’est quelque chose qui est technologiquement sans aucun problème. Nous le faisons sur nos chaînes au quotidien puisque chaque fois que nous produisons un emballage, il y a un certain nombre de chutes techniques autour et que on est capable de recycler jusqu’à 100 % sans aucun problème. Et donc maintenant la vraie problématique pour l’avenir c’est de continuer à organiser les filières de recyclage à travers les collectivités mais aussi à travers maintenant des sociétés indépendantes, pour nous permettre, à nous les industriels, d’obtenir des balles de produits compactés qui peuvent être parfaitement micronisés, lavés, régénérés, et nous sommes très friands aujourd’hui… Notre problématique c’est de ne pas trouver suffisamment de produits recyclés sur le marché ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Faut faire encore un effort et c’est tout le monde qui doit en faire un ?

François Guillin : « Absolument ».

Web TV www.labourseetlavie.com : En conclusion peut-être, sur l’exercice 2011, comment vous envisagez, vous, cette année 2011 ?

François Guillin : «L’année 2011, pour nous, ne pose, ne présente pas de difficultés en termes de volume. Ça fait partie de ce que je vous ai dit tout à l’heure. Notre problématique, elle est fondamentale, c’est la problématique des hausses des matières premières. Vous savez que nous avons subi, depuis un an maintenant, des hausses colossales, la matière a plus que doublé par rapport au plus bas de 89 et, de 2009, et donc il faut impérativement aujourd’hui que l’on arrive à passer sur le marché l’incidence prix dû à ces matières et c’est un niveau qui est au minimum entre 8 et 10 %. »

Web TV www.labourseetlavie.com : Ça vous escomptez le faire en 2011 ?

François Guillin : «C’est notre travail de tous les jours qui est vraiment, vraiment indispensable puisque aujourd’hui dans la profession, on voit beaucoup d’entreprises qui souffrent très sérieusement et donc, c’est incontournable, il faut absolument qu’on puisse passer ces hausses de prix de matières premières sinon c’est la filière plasturgiste qui sera en grande, grande difficulté ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci d’avoir fait le point avec nous, François Guillin. On rappelle donc que vous êtes le PDG du Groupe Guilin.

© www.labourseetlavie.com 11 janvier 2011

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