Emmanuel Viellard Vice-Président Lisi.
Interview stratégie et perspectives 2011

12 janvier 2011 9 h 12 min
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Lisi : stratégie et perspectives 2011.

A l’occasion de l’évènement Oddo Midcap qui s’est tenu à Lyon le 6 et 7 janvier, la Web Tv a interviewé Emmanuel Viellard Vice-Président Lisi.

Aéronautique, automobile, médical, revue de détail des activités de Lisi pour le second semestre, évolution de la stratégie et perspectives 2011.

Web TV www.labourseetlavie.com : Emmanuel Viellard , bonjour, vous êtes Vice-Président de Lisi. On va revenir avec vous sur la stratégie et les perspectives.

Alors on est pour l’instant au tout début de cette année 2011. Avant d’en parler, quelle a été – je dirais – la tendance sur la deuxième partie de l’année pour Lisi ?

Emmanuel Viellard : « Oui. Alors 2010, effectivement, a été une année un peu de transition après le grand trou de 2009. Donc on a une tendance qui se redresse progressivement. 2010 restera une année, donc, – on va dire – pour essayer de combler le trou de 2009 avec progressivement une amélioration des conditions, mais qui est très lente, qui est pas vraiment une euphorie, les tendances ont du mal à s’établir. Donc vous voyez que on reste quand même dans quelque chose qui manque de visibilité, manque de certitude ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on pourrait dire sur les deux secteurs où vous êtes présent, donc l’aéronautique et l’automobile, si on regarde un petit peu ce qui s’est passé, on a vu cette montée en flèche de l’automobile sur la deuxième partie de l’année avec la fameuse prime à la casse, si on prend que la France, effectivement et puis l’aéronautique, beaucoup d’inquiétude. On a vu qu’Airbus n’a pas tenu effectivement ses cadences, on a eu finalement une sorte de ciseaux sur 2010 ?

Emmanuel Viellard : « Oui. Alors c’est tout, c’est le propre du groupe LISI où, vous le savez, on a des cycles qui sont posés entre une industrie automobile qui peut ajuster en fonction de la consommation, donc assez brutalement et assez subitement, alors que l’aéronautique présente des cycles un peu plus longs.

Alors après, quand on les reprend par activité, l’automobile effectivement a plutôt bien tenu sur l’exercice 2010, avec des redressements sur le marché européen, mais surtout sur les pays émergents qui, indirectement, nous ont profité, et on a la chance d’avoir un portefeuille clients également dynamique. Donc, à la fois, des nouveaux programmes , des nouveaux produits, plus des croissances sur certains marchés qui ont fait que, globalement, on a rétabli la situation dans l’automobile. On n’est pas revenu encore au niveau des marchés de 2007 ou 2008, il nous manque 5-7 points de croissance totale, mais on a bien rétabli la situation dans l’auto.

Alors, dans le même temps et c’est le paradoxe, l’aéro, elle, était en retard puisqu’elle a plutôt bien tenu en 2009, était en retard dans l’ajustement, donc s’est ajustée en 2010, les cadences de production de nos clients ont plutôt bien tenu, mais par contre la hausse qui était attendue ne s’est pas produite. Plus les problèmes et là ,je pense que tout le monde est au courant, des 787 et les problèmes des lancements des nouveaux produits n’a pas apporté également la croissance et notamment le volume de chiffre d’affaires qui avait été réalisé sur ces programmes précédemment.

Donc globalement, 2010 on a eu une baisse brutale de l’aéronautique. 2010 restera comme une année noire pour l’aéronautique et l’industrie, d’une manière générale, sur ce secteur-là a été très affectée en 2010. Alors la Bourse, elle, reconnaît les choses, soit en avance de phase, soit en retard »

Web TV www.labourseetlavie.com : Normalement elle anticipe…

Emmanuel Viellard : « Avait devancé le redressement. Donc effectivement le cours de bourse, lui, s’est plutôt bien tenu en conséquence parce que là le redressement en 2011 devrait se produire ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot aussi de l’activité médicale qui, pour l’instant, n’est pas encore très importante, mais qui progresse grâce à des acquisitions. Alors dans le cycle qu’on a évoqué, ça c’est une activité qui, elle, est hors cycle ou, on peut le dire comme ça ?

Emmanuel Viellard : « L’activité médicale, sur certains segments, est effectivement hors cycle.

Si vous voulez, quand vous avez un besoin de reconstruction, de réparation, effectivement là vous n’allez pas attendre que la crise soit passée pour pouvoir vous réparer. Donc il y a seulement des parties dans le médical qui sont cycliques, qui sont plus des chirurgies de confort comme dans le dentaire par exemple. Là c’est cyclique. Donc – je dirais – que c’est moins cyclique que les autres activités, ça le reste néanmoins.

Alors l’histoire de croissance dans le médical, on en avait déjà parlé précédemment, elle se poursuit. On a fait une belle opération sur l’exercice 2010 avec l’acquisition d’une usine importante qui appartenait précédemment à Striker, qui devient un client important du groupe et donc, maintenant, on est présent dans des segments de reconstruction puisqu’il s’agit des implants de hanche, dans des segments de réparation – trauma, extrémités -, et dans les segments plus de confort comme le dentaire.

Donc, on couvre, si vous voulez, une gamme de produits médicaux maintenant assez large et on va faire sur l’exercice 2011 plus de 70 millions d’euros de chiffre d’affaires dans cette activité. Donc, ça devient une division à part entière ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Ca c’est un marché qui est en consolidation où il y aura d’autres opportunités où vous pourrez d’ailleurs les saisir si il y a des opportunités qui se présentent sur le marché

Emmanuel Viellard : « Oui. Alors, il faut bien comprendre que, nous, on reste au stade de la production, donc on est sous-traitant pour ce qu’on appelle les médicaux device designers, donc ceux qui conçoivent les systèmes, et nous, on est bien, on produit pour leur compte. Alors donc on reste bien dans notre statut de fabricant et donc cette division a vocation à grandir. Le réseau de sous-traitants est assez large, est assez fragmenté. On a identifié plusieurs centaines de sociétés susceptibles de rejoindre un opérateur de la consolidation et donc à nous maintenant de regarder d’autres cibles, d’autres sociétés à intégrer intelligemment à notre dispositif. On fera les choses avec sérieux. On prendra notre temps, on ne va pas se précipiter pour construire pour – on va dire – de longues années ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on parlait pour 2010 d’effet de ciseaux. Si on se projette sur cette année 2011, on a l’impression que sur l’automobile, ça va avoir du mal à tenir en tout cas sur le premier semestre puisque les primes à la casse effectivement ne seront plus là, ou en tout cas pas au niveau où elles étaient avant, et puis du côté de l’aéronautique où il y a toujours peut-être quelques attentes ou quelques retards, comment vous voyez les choses ? Comment devrait se dessiner le tableau de 2011 ?

Emmanuel Viellard : « Alors, le tableau automobile risque d’être, positivement, d’être différent de ce que vous avez exposé puisque les primes à la casse sont déjà dans de nombreux pays arrêtées notamment en Allemagne qui est un gros pays, un grand pays pour le marché européen. Donc, globalement les immatriculations européennes ne seront pas en chute libre, même si la France, elle, va connaître une baisse à plus de deux chiffres. Donc pour nous, le marché de base de nos clients, il va quand même tenir. Ce sera peut-être à moins 7, moins 8, peut-être moins 9, mais peu importe.

Ce qui importe c’est la production européenne. Donc la production de nos clients, elle, sera toujours correcte parce que vous avez les effets d’export, puis ensuite vous avez les effets des véhicules qui seront assemblés dans des usines d’assemblage, que ça soit en Chine, que ça soit dans les pays en voie de développement, que ça soit sur des pays plus proches où on parle des usines de Renault par exemple à Tanger, ou en Iran, en Turquie, en Russie. Tout ça, ça consomme nos produits. Nos composants techniques voyagent très bien et sont utilisés par les usines d’assemblage de nos clients automobiles.

Donc, si vous voulez, nous, on attend un 2011 qui va tenir un bon niveau dans la partie auto.

A la partie aéro, là vous avez raison de dire, on devrait avoir une histoire de redressement, donc la recovery en Europe, on est assez serein pour dire que elle devrait se produire, apporter du chiffre d’affaires supplémentaire pour nous, particulièrement sur des nouveaux programmes comme le 350 qui va générer un volume d’activité significatif, le 380 qui va monter en puissance et les autres programmes d’Airbus qui vont continuer de se développer, même si c’est un développement – on va dire – modéré, mais il y aura une croissance en Europe.

Ce qui est la vraie question en 2011, c’est les Etats-Unis. Est-ce que le marché américain va finir par se redresser avec ses particularités, notamment la distribution qui sert l’industrie aéronautique généraliste, et là on n’a pas de visibilité pour savoir quel niveau de stock, le programme 787, ce qui va finir par déboucher et puis enfin est-ce que Boeing va appeler à augmenter ses cadences et puis les regional jet, Embraer, Bombardier qui ont beaucoup souffert, est-ce qu’ils vont se redresser ?

Bon, tout ça se sont des questions et c’est l’enjeu de 2011. Il va se situer quelque part aux Etats-Unis je pense ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Bien. On suivra ça avec vous. Merci d’avoir fait le point avec nous Emmanuel Viellard. On rappelle que vous êtes donc le Vice-Président de LISI.

Emmanuel Viellard : « Merci beaucoup ».

© www.labourseetlavie.com 12 janvier 2011

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