Interview Paul Perpère Délégué Général de l'AFIC.
L'enjeu du financement des entreprises et les réactions des Français (sondage OpinionWay)

15 septembre 2013 16 h 02 min
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L’enjeu du financement des entreprises et les réactions des Français (sondage OpinionWay).

C’est le sujet du moment, comment la France va-t-elle enfin soutenir ses entreprises, pas de manière artificielle mais par le renforcement de leurs fonds propres. C’est le métier de l’AFIC (Association Française des Investisseurs en Capital) qui a commandé un sondage à OpinionWay sur les Français et le financement de l’économie. La “bonne” surprise vient notamment du fait que les Français sont confiants dans leurs PME et sont favorables pour les financer en capital.

Nous parlons de ce sujet et des résultats de ce sondage avec notre invité :  Paul Perpère Délégué Général de l’AFIC

Web TV www.labourseetlavie.com : Paul Perpère, bonjour. Vous êtes le délégué général de l’Afic. On va parler avec vous d’un sondage que vous avez publié récemment, demandé à OpinionWay, sur les Français et le financement de l’économie, on va voir concrètement les résultats. Ce que l’on en tire déjà comme enseignement assez intéressant, c’est que les Français sont peut-être prêts à accompagner davantage les entreprises à travers leurs investissements, comment l’Afic interprète justement ce résultat pour commencer ?

Paul Perpère, Délégué général de Afic : J’en viens tout de suite à la réponse à votre question, mais simplement, je voudrais juste rappeler que l’Afic c’est l’association française des investisseurs pour la croissance. Donc on rassemble 271 équipes de gestion qui font du capital investissement. Le capital investissement, c’est la transformation de l’épargne que l’on trouve auprès d’investisseurs institutionnels, les banques, les assurances, auprès de particuliers, et que l’on investit en capitaux propres des entreprises et surtout des PME d’ailleurs. Alors, on investit dans environ 1500 entreprises par an, donc c’est un chiffre qui est élevé surtout quand on compare à nos partenaires britanniques et allemands, qui investissent dans environ 1000 entreprises par an, donc on fait plus en France, c’est une particularité et un record pour le capital investissement français. Alors, le sondage nous l’avons voulu parce que il y a des interrogations au niveau de l’État sur quelles sont les prochaines orientations que doit prendre le gouvernement en matière d’assurance-vie. Ces interrogations, elles ne sont pas nouvelles, on en a déjà parlé à propos de la publication d’un rapport qui avait été commenté au début de l’année 2013, c’est le rapport de Mme Berger et de M. Lefebvre, et qui dévoilait certaines pistes et donnait certaines recommandations au gouvernement. Et on a voulu, au moment où les décisions doivent être prises, à l’automne dans le cadre des lois de finances, sonder les Français, avoir un éclairage sur ce que pensent les Français, sur leur épargne et un éventuel investissement en actions. Donc les principaux enseignements de ce sondage sont une bonne surprise, j’allais dire, pour nous parce que on réalise que plus de trois Français sur quatre qui ont été interrogés répondent que, certes, leur épargne doit produire un rendement financier, mais pas seulement cela. Elle doit aussi permettre de créer de l’emploi et de soutenir l’économie régionale et nationale. Ça c’est un premier enseignement, donc…

Web TV www.labourseetlavie.com : Un rendement, c’est-à-dire au-delà du rendement, une certaine prise de risque possible dans leurs investissements.

Paul Perpère, Délégué général de Afic : Absolument, une prise de risque possible, et d’ailleurs c’est confirmé par la question suivante avec l’interrogation qui est adressée cette fois aux personnes qui ont un contrat d’assurance-vie. 52 % de ces personnes disent « il est légitime que l’avantage fiscal lié à ce contrat soit conditionné au fait qu’une partie de l’épargne investie, une petite partie, 5 %, soit bien placée en capitaux propres d’entreprises, de PME et d’entreprises innovantes essentiellement.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc c’est plutôt rassurant en tout cas sur la vision qu’ont les Français de leurs investissements, et peut-être aussi de l’état de nos entreprises, des PME notamment dont on parle beaucoup, et où on dit que, compte tenu de la situation du crédit, il y a un crédit crunch sur un certain nombre de PME, donc les PME ont du mal à trouver des financements aujourd’hui.

Paul Perpère, Délégué général de Afic : Oui, vous avez raison de signaler évidemment ce problème de crédit crunch. Nous nous on parle d’equity crunch parce que c’est le déficit de capitaux propres qui nous intéressent puisque c’est notre métier que d’apporter des capitaux propres dans les entreprises. Et on constate là aussi effectivement une diminution des capitaux disponibles pour s’investir en fonds propres des entreprises. Pour vous donner un chiffre, avant la crise de la fin de l’année 2008, on levait tous les ans à l’Afic, toutes équipes de gestion confondues, environ 10 à 11 milliards d’euros par an. Et depuis la crise, depuis l’année 2009 et jusqu’à ce jour, c’est environ 5 milliards d’euros par an, pour pouvoir les investir en capitaux propres des entreprises. Donc vous voyez combien cela a fondu et combien on est dans une situation d’equity crunch effectivement.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc cela veut dire que certaines entreprises auront du mal à trouver ces financements. Alors, côté épargnant, on les voit effectivement capables de prendre ce type de risques, d’aller un peu plus loin, avec un peu plus de rendement variable, donc même si ils sont finalement les Français pas trop investis en actions, il va falloir leur redonner aussi ce goût d’investissement en actions ?

Paul Perpère, Délégué général de Afic : Oui, il va falloir qu’ils reviennent au goût de l’action. Je crois que le retournement du marché coté déjà peut aider en ce sens, mais naturellement, nous nous faisons des placements dans le non coté, donc il faut aussi que les Français prennent un petit peu le chemin de ce type d’investissements. Et en tout cas les enseignements de ce sondage, c’est que… et c’est un peu contre intuitif parce que on ne s’attendait pas à une réponse aussi favorable et aussi volontaire de la part des Français, c’est que c’est possible, et je crois que il faut leur proposer, et voilà c’est un enjeu…

Web TV www.labourseetlavie.com : Il y a des questions sur la fiscalité forcément puisque on connaît la fiscalité sur l’assurance-vie, on a aussi une tendance à aller par exemple sur les livrets A, donc il y a une épargne qui est réglementée, une épargne qui a une certaine fiscalité, est-ce qu’il faut trouver une fiscalité particulière parce qu’on est aussi dans une période pas évidente pour alléger la fiscalité, pour faire des niches fiscales ? On est plutôt en train d’en supprimer, même si on envoie encore beaucoup, justement quelles peuvent être les solutions à trouver ?

Paul Perpère, Délégué général de Afic : L’avantage fiscal évidemment, les Français dans le sondage le plébiscitent, et ils disent : «  si il y a un avantage fiscal, cela va nous aider d’autant plus à investir en capitaux propres de petites et moyennes entreprises. » Mais l’avantage fiscal, il existe déjà, c’est l’avantage fiscal qui est accordé au régime de l’assurance-vie, à la fois l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les successions, donc cela existe déjà. Nous ce que l’on souhaite, c’est qu’il y ait une partie de cette épargne, constituée sous la forme de contrat d’assurance-vie, qui s’investisse obligatoirement en capitaux propres de PME, une toute petite partie, mais une partie qui est parfaitement nécessaire pour pouvoir faire face à cette equity crunch que j’ai signalée un peu plus tôt.

Web TV www.labourseetlavie.com : Pour vous, effectivement, il y a eu des tentatives dans le passé, on en a vu certaines, on a eu aussi des tentatives gouvernementales d’inciter un peu plus les assureurs, alors les assureurs qui ont aujourd’hui un certain nombre de contraintes qu’ils n’avaient pas il y a quelques années, et les banques aussi d’ailleurs, quels peuvent être les relais ? Est-ce qu’il va falloir effectivement aller auprès des assureurs, auprès des banques ? Quels vont être les relais pour faire aller cette épargne vers les entreprises, vers les PME ?

Paul Perpère, Délégué général de Afic : Il faut certainement que les réseaux bancaires, les réseaux des entreprises d’assurances soient convaincus de ce que les Français attendent, d’une meilleure orientation de l’épargne vers les capitaux propres des entreprises. Cela passe aussi par ce travail de conviction, de persuasion, et nous, en tout cas, on fait en sorte, au travers des relations institutionnelles que nous avons avec nos partenaires, assureurs en particulier, de faire passer le message.

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce que… vous parliez justement de la comparaison internationale, est-ce que on a retrouvé le même phénomène sur le capital investissement dans d’autres pays, quand vous parliez effectivement de montants très inférieurs depuis la crise de levées de fonds ?

Paul Perpère, Délégué général de Afic : Oui, il y a eu des contractions par ailleurs dans les levées de capitaux, peut-être pas l’échelle de ce que nous nous avons constatés en France. Il y a un élément important, c’est que dans d’autres pays où il y a du capital investissement, il y a des investisseurs locaux, j’allais dire, sous la forme de caisses de retraite, or en France il y en a très, très peu, donc voilà, c’est une source d’alimentation en capitaux propres qui est en moins pour notre pays et qui est en plus ailleurs, à l’étranger.

Web TV www.labourseetlavie.com : Voilà c’est un sujet dont on reparlera bien entendu, le financement des PME, merci Paul Perpère d’avoir été avec nous, donc Délégué général de l’Afic.


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