Jérôme Snollaerts Président du Directoire CapDecisif Management "Oui l'amorçage fonctionne de mieux en mieux en France".
L'amorçage en France s'est développé : Bilan et perspectives

28 juin 2014 20 h 45 min
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L’amorçage en France s’est développé en France : Bilan et perspectives 

Trouver des fonds pour une start-up en amorçage semble désormais possible en France.

Reste aux dirigeants de ses entreprises à convaincre de leurs marchés et sur l’avenir de leurs entreprises.

Les fonds d’amorçage sont désormais de taille suffisante pour financer de nouvelles entreprises.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Jérôme Snollaerts, bonjour. Vous êtes le président de CapDecisif Management. On va parler avec vous de sujets importants pour les jeunes entreprises, l’amorçage. Avant de parler de vos réalisations, où on en est sur l’amorçage en France ? On a beaucoup de questions à ce sujet-là, est-ce qu’il y a assez de financements ? Globalement, on a l’impression qu’il n’y en a pas assez, est-ce que l’amorçage fonctionne encore bien ?

 

Jérôme Snollaerts, Président de CapDecisif Management : Oui, il fonctionne de mieux en mieux. Nous avons commencé notre activité il y a maintenant 13 ans, en fin 2001, et à l’époque il n’y avait que quelques fonds dits d’amorçage en France, et petit à petit le nombre de fonds a augmenté, et notamment avec l’arrivée du FNA, on a vu apparaître une vingtaine de nouveaux fonds. Et on peut dire que maintenant… autant il y a sept,  huit ans, on pouvait dire « il y avait peu d’amorçage en France », autant on peut dire maintenant « il y a de l’amorçage en France ».

 

Web TV www.labourseetlavie.com : FNA, fonds national d’amorçage, c’est un fonds public ?

 

Jérôme Snollaerts, Président de CapDecisif Management : Voilà, qui donc a abondé dans une vingtaine ou un peu moins de 20 sociétés de gestion, avec pour objectif de ne faire que de l’amorçage, cela veut dire des sociétés qui ne font pas ou peu de chiffre d’affaires. Et là maintenant, depuis vraiment deux, trois ans, on constate un changement de paradigme, et véritablement il y a des fonds qui investissent, qui font des co-investissements entre eux. Il y a véritablement un marché qui se crée et un financement des start-up qui est vraiment, vraiment effectif en France.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Cela veut dire aujourd’hui que les start-up, les fondateurs de start-up en France, ceux qui créent aujourd’hui des start-up en ce moment ou qui en ont créés, ils doivent… logiquement ils devraient trouver des fonds ?

 

Jérôme Snollaerts, Président de CapDecisif Management : Pas tous parce qu’on est quand même dans un système un peu darwinien où il y a une sélectivité quand même assez forte, il faut employer ce terme qui n’est pas honteux, et il est très difficile d’avoir le spectre, on ne sait pas s’il y a 1000, 2000 sociétés en amorçage par exemple en région Île-de-France en un an, mais en tout cas, on peut dire que les fonds d’amorçage font cette année… ils vont faire, on va dire, 300 à 400 entreprises, c’est quand même une bonne partie des belles sociétés à financer. Ceux qui ne trouvent pas de fonds, il faut peut-être qu’ils s’interrogent sur leur business-plan, eux-mêmes, le marché, le positionnement, etc., etc. Donc ce n’est pas parce que vous ne trouvez pas de financement que les investisseurs sont totalement stupides. Il faut quand même le reconnaître.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Normalement, un « bon projet », un projet qui a de l’avenir, un projet à vocation internationale, il devrait pouvoir être financé avec des capitaux… ?

 

Jérôme Snollaerts, Président de CapDecisif Management : Maintenant, il y a beaucoup plus de chances qu’avant pour être financé, oui, effectivement.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce qu’il y a quand même des secteurs qui se distinguent parce que on sait qu’il faut, sans être moutonnier, mais que les investisseurs, y compris sur l’amorçage, peuvent avoir à un moment donné des tendances sur, je dirais par exemple en ce moment, on en parle, des objets connectés, et donc aller s’intéresser qu’à ces start-up sur les objets connectés ?

 

Jérôme Snollaerts, Président de CapDecisif Management : Voilà, il faut quand même reconnaître que c’est un métier qui nécessite une humilité parfaite parce que l’on n’arrête pas de se tromper, notamment sur les marchés. Et quand vous êtes sur les start-up innovantes, par définition, la plupart du temps le marché n’existe pas. Voilà, il faut dire, sur 10 sociétés à mon avis, il y en a au moins la moitié, le marché n’existe pas. Et puis il y en a d’autres, effectivement, sur les objets dits connectés, qui peuvent avoir une niche intéressante et là franchement on peut y aller. Mais je vois par exemple ce qui se passe sur les imprimantes 3D, je me demande si c’est encore la peine d’investir en start-up dans ce type de métiers. Je pense que c’est un peu tard, à moins d’avoir une équipe vraiment géniale, beaucoup d’argent, et conquérir le marché, mais sinon, oui, ce sont des choses qui sont trop hipe pour faire l’objet d’une start-up.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : On a vu aussi beaucoup dans le secteur Environnement ou Biotech par exemple qui ont attiré effectivement, est-ce qu’il y a le secteur de la santé, des secteurs comme ça qui sont en train de croître ?

 

Jérôme Snollaerts, Président de CapDecisif Management : Le secteur de la santé dans lequel nous investissons puisque nous sommes un gestionnaire de fonds multisectoriel, on investit à peu près 30 à 35 % de nos fonds là-dedans. De toute façon c’est une tendance de fond. On a besoin de santé en permanence avec le vieillissement notamment, et donc c’est un marché qui ne peut que se développer. Maintenant, c’est à nous d’être justement au bon endroit au bon moment. Donc on a investi sur des sociétés… si on donne quelques exemples comme Nanobiotix qui a une technologie de nanoparticules pour soigner le cancer, ils vont passer en phase 2, c’est une révolution. Nous étions là il y a maintenant six ans et demi ou sept ans, il a fallu se projeter, en train de se dire, est-ce que dans cinq ans, dix ans… enfin à l’époque on disait trois ans, mais vous voyez, maintenant cela fait sept ans, que ce sera vraiment quelque chose d’absolument extraordinaire pour soigner le cancer, voilà c’est en train de se passer. Mais en santé, le sujet c’est que, non seulement c’est innovant, mais en plus il faut attendre très, très longtemps avant d’être sur le marché. Donc, pour des fonds qui sont vraiment pour dix ans, c’est un peu limite, il faut bien le reconnaître.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Les tickets aujourd’hui sur l’amorçage, quel est le type de tickets que l’on peut avoir pour ce type d’entreprises jeunes ?

 

Jérôme Snollaerts, Président de CapDecisif Management : Alors, c’est intéressant de voir l’historique. Au début nous avions un fonds, en 2002, un fonds de 17 millions, et on s’est vite aperçu qu’avec cela, on ne fait pas grand-chose. On met trop peu d’argent dans les entreprises pour qu’elles atteignent un niveau d’énergie suffisant pour attirer les fonds du tour N° 2, du tour N° 3. C’est la raison pour laquelle nous avons créé un fonds de 25,5, et maintenant nous avons un fonds FNA de 45 millions qui permet de mettre jusqu’à 4 millions, 4, 2 millions par ligne. On s’aperçoit que les sociétés innovantes sont vraiment consommatrices de cash et qu’un fonds d’amorçage trop petit, cela veut dire 10 millions, il ne peut pas se défendre. Donc pour répondre précisément à la question, on note que maintenant il y a des fonds d’une taille suffisante et qui peuvent mettre 4, 5 millions, et quand on est à deux, on peut financer le tour B, le tour C, et les choses se passent bien mieux pour les entreprises et les investisseurs.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes vous au début importants pour ces jeunes entreprises, est-ce que vous estimez aujourd’hui que vous allez trouver assez de relais parce que une fois que l’amorçage est fait justement, vous avez parlé de ces montants-là, mais est-ce que quelqu’un va pouvoir prendre la suite de vos  investissements ? Vous êtes sur l’Île-de-France, on pourrait dire que ce serait dommage d’avoir financé de jeunes entreprises porteuses d’emplois, créatrices de richesse, et puis que dans deux ans ce soit finalement un fonds, je ne sais pas, américain ou autre, qui le récupère ?

 

Jérôme Snollaerts, Président de CapDecisif Management : Il est vrai que si on met beaucoup d’argent sur l’amorçage, il faudrait qu’il y en ait aussi beaucoup sur les fonds tour B, tour C. Je me demande si cela ne manque pas un peu en France. Voilà, il y aurait de la place sans doute pour d’autres fonds de capital-risque, plus aval, qui permettraient de financer. Mais encore une fois, avec des fonds d’amorçage maintenant qui peuvent aller jusqu’à 4 millions, 5 millions, on peut faire le tour B, voire même un tour C. Les choses changent donc.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Pour terminer, cette année 2014, on peut dire que l’on a une croissance zéro pour l’instant, est-ce que vous vous avez plein de projets ? Est-ce que l’on vous en amène plein et est-ce que vous êtes plutôt en train justement de faire cette sélection ? Comment vous voyez cette année ?

 

Jérôme Snollaerts, Président de CapDecisif Management : Comme tous les fonds de la place, nous recevons de l’ordre de 3 à 500 dossiers chaque année, la moitié ne sont pas éligibles au capital-risque. Comme maintenant nous avons deux fonds actifs en parallèle, depuis 2013, on peut le dire, nous avons un plan de charge excessivement fort, autant en moyenne en faisait plutôt 3 ou 4 dossiers par an, maintenant on est plutôt à 10, 11.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : La tendance reste bonne.

 

Jérôme Snollaerts, Président de CapDecisif Management : La tendance est absolument excellente, et puis il y a plein de beaux projets actuellement, il y a plein d’entrepreneurs qui se lancent, le marché est là.

 

© www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés. 28 juin 2014.

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