Wilfrid Galand Directeur Conseil en Investissement Neuflize OBC : "Cette année restera volatile".
Bourse : Stratégie d'investissement et évolution de l'allocation d'actifs

26 février 2015 8 h 20 min
+ de videos
135
Views

QE en Europe, croissance économique aux USA, marchés émergents, marchés obligataires, tour d’horizon des principales questions pour la stratégie d’investissement.

Mon invité est Wilfrid Galand Directeur Conseil en Investissement Neuflize OBC.

Il reste positif sur les actions européennes avec le “rendement”, une certaine prudence tout de même, “garder des obligations dans les portefeuilles et du cash pour gérer la volatilité”.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Wilfrid Galand, bonjour. Vous êtes directeur du conseil en investissement chez Neuflize OBC. On va parler avec vous des marchés et des perspectives sur ces marchés. Commençons peut-être par l’Europe avec ce qui s’est passé avec le quantitative easing, la décision de la Banque centrale européenne. Quel a été votre regard ? On a vu… globalement les marchés ont plutôt apprécié ce qui s’est passé. Est-ce que cela conforte un peu les investisseurs sur l’Europe ?

Wilfrid Galand, directeur du conseil en investissement chez Neuflize OBC : Je pense que l’on est vraiment dans ce scénario que l’on avait décrit au début d’année, où on avait des banques centrales à la manœuvre. On est vraiment dans ce scénario-là et, effectivement en Europe, on a un avant et un après 22 janvier. Avant le 22 janvier, on se posait tous des questions sur l’ampleur du mouvement de la Banque centrale européenne. On était tous à peu près convaincu que l’on avait probablement être déçu au fur et à mesure des nouvelles qui suintaient, et puis finalement on a tous été agréablement surpris. Donc les marchés ont enchaîné et ont vu l’essentiel des bonnes nouvelles, et donc ont poursuivi leur progression et l’ont même accéléré. C’est vrai qu’en ce moment on a un très, très bon début d’année.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc on a effectivement ces banques centrales, en même temps on pourrait dire que, si on prend la zone euro, si on reste dans cette zone euro, il y a toujours une problématique de croissance qui n’a pas changé, une problématique de dettes ?

Wilfrid Galand, directeur du conseil en investissement chez Neuflize OBC : Tout à fait. Je pense que les banques centrales, fondamentalement, nous donnent du temps, donnent du temps aux états, donnent du temps aux entreprises, et fondamentalement les problématiques restent les mêmes. Néanmoins, les fondamentaux ne sont pas des fondamentaux qui sont mauvais. On a souvent tendance à croire que finalement on monte dans le vide. Déjà on a des volumes, donc ce qui est le signe qu’il y a de vrais acheteurs. Et d’autre part, on est quand même dans une situation où fondamentalement on a ces nouvelles qui sont finalement de bonnes nouvelles, nouvelles d’entreprises, nouvelles économiques, on a une accélération de la croissance européenne qui reste modeste, qui reste même médiocre, mais qui est réelle. On n’est pas sur des niveaux de valorisation de marchés totalement stratosphériques on est légèrement au-dessus, c’est vrai, des moyennes historiques, mais globalement en fait on voit plutôt le côté positif des choses, on est dans l’optimisme, c’est un petit peu ce qui tient les marchés aujourd’hui, mais ce n’est pas non plus complètement un phénomène de bulle irréaliste.

Web TV www.labourseetlavie.com : De l’autre côté de l’Atlantique, on a un scénario différent. On avait un consensus global des investisseurs sur mi-2015 pour la hausse des taux aux États-Unis, en ce moment cela varie un peu. Il y a des discussions. Comment vous voyez, vous, ce qui se passe aux États-Unis ?

Wilfrid Galand, directeur du conseil en investissement chez Neuflize OBC : Aux États-Unis, on est un petit peu dans une situation qui est un petit peu la contraposée de l’Europe, c’est-à-dire on est dans une situation où là la croissance est bonne, le marché de l’emploi visiblement repart, et effectivement on s’attend à une hausse des taux. Vous l’avez très bien décrit, le débat, c’est quand est-ce que cette hausse des taux aura lieu. Moi j’ai noté, il y avait récemment une interview de John Williams qui est donc l’ancien conseiller de Janet Yellen au moment où elle était à la Fed de San Francisco qui dit : « Il est quand même temps aujourd’hui de regarder à une normalisation de la politique monétaire. » Donc il est probable que l’on s’en rapproche de plus en plus et mi-2015 aujourd’hui fait à peu près consensus. La vraie question, c’est quel sera le rythme et quelle sera l’ampleur de cette hausse. Est-ce qu’il y aura un impact sur l’économie américaine et surtout est-ce qu’il y aura un impact sur les autres économies ?

Web TV www.labourseetlavie.com : Ce qui a pu faire changer peut-être ou un petit peu susciter des interrogations, c’est tout ce qui s’est passé sur le pétrole avec cette chute du pétrole en fin d’année dernière et l’appréciation du dollar, ce sont ces deux facteurs-là qui peuvent mettre du brouillard quelque part ?

Wilfrid Galand, directeur du conseil en investissement chez Neuflize OBC : On a trois facteurs en fait. On a effectivement le dollar, on a le pétrole, on a les taux d’intérêt, ce sont les trois grands facteurs qui ont fait bouger les marchés, à la fois les marchés Actions les marchés de taux. Le pétrole a clairement redonné du pouvoir d’achat, donc on a le moteur de la consommation aux États-Unis en particulier qui a vraiment redémarré. On le sent redémarrer en Europe, on a vu par exemple les ventes de voitures qui ont clairement redémarré. On a aussi de la part des exportateurs un effet dollar qui est réel. Après, cet effet dollar, il peut être divers, le dollar ce n’est pas que la monnaie des États-Unis, on disait « Le dollar, c’est notre monnaie, c’est votre problème » une célèbre formule, c’est aussi la monnaie de l’ensemble du monde. Donc il va y avoir des effets un petit peu collatéraux, donc tout n’est pas rose, mais c’est vrai que cela redonne un peu d’élan, cela redonne surtout de l’élan au marché européen et la partie Exportateur du marché européen, on l’a vu récemment avec les résultats de Renault ou de Peugeot par exemple.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc, quelque part là, il n’y a pas trop de doutes sur cette année 2015, effectivement sur cette montée des taux, il y a peut-être un peu sur le calendrier ?

Wilfrid Galand, directeur du conseil en investissement chez Neuflize OBC : Oui, je pense qu’à court terme, on est effectivement sur un scénario que l’on maîtrise à peu près. Le vrai risque aujourd’hui, c’est un risque politique, c’est un risque autour de la Grèce, voire encore un risque autour de l’Ukraine. On a vraiment ces nuées qui sont là, il ne faut pas les nier, il faut arriver à regarder au travers, mais il ne faut pas, surtout pas les balayer d’un revers de main, mais d’un point de vue économique, d’un point de vue financier, on est effectivement sur un scénario qui nous conforte dans l’optimisme mesuré et prudent dont ont fait preuve depuis le début de l’année.

Web TV www.labourseetlavie.com : Parce qu’on pouvait dire que sur l’Ukraine, il y a quelques mois de cela encore, les investisseurs l’avaient totalement ignoré, et puis il y a eu l’impact sur l’Allemagne, sur la conjoncture en Allemagne qui a été significative, on a l’impression que c’est un peu la même chose sur la Grèce où finalement cela ne se passe pas trop mal. Est-ce que c’est lié finalement à ces liquidités qui sont apportées par les banques centrales qui font que les investisseurs restent confiants malgré tout, on pourrait dire, même si la Grèce sortait de l’euro par exemple ?

Wilfrid Galand, directeur du conseil en investissement chez Neuflize OBC : Oui, je pense que l’on est dans cette situation un peu cotonneuse où les marchés se laissent entraîner par cet afflux de liquidités. Néanmoins, il ne faut jamais oublier que l’on a souvent tendance à sous-évaluer, dès l’origine, les chocs d’une surprise, et malgré tout on reste optimiste, pourquoi ? Parce que l’Europe a prouvé dans ces différentes crises d’une part que les délais qu’elle s’imposait n’étaient souvent pas des portes d’airain qui se refermaient comme cela dans un bruit de cataclysme et puis qui pouvaient probablement être repoussées beaucoup plus que ce que l’on pensait. Donc il est probable que le fameux délai dont on parle de fin de semaine pourra probablement être repoussé un petit peu d’une part, et d’autre part que les scénarios, les solutions, qui sont très tranchés, qui sont blancs, noirs, il y a probablement aussi des scénarios gris qui sont à l’étude, on commence à avoir des papiers apparaître là-dessus, qui vont nous permettre au minimum, une fois de plus, de gagner du temps et d’être dans une situation qui nous permet de résoudre les vrais problèmes qui sont des problèmes politiques et économiques européens.

Web TV www.labourseetlavie.com : S’il y a des pays où on se pose des questions, c’est sans doute sur les pays émergents aussi avec cette croissance un peu ralentie, avec certains pays comme le Brésil où il y a eu des vrais accidents économiques, la Chine qui est en dessous de sa croissance habituelle, comment vous abordez, vous, cet univers émergent ?

Wilfrid Galand, directeur du conseil en investissement chez Neuflize OBC : L’univers émergent, il est aujourd’hui extrêmement divers, extrêmement varié, déjà parce que l’on a des situations avec des pays qui sont à des cycles économiques totalement différents. On a aussi des situations, vous en parliez tout à l’heure, avec le pétrole, des situations avec des pays importateurs et des pays exportateurs, à l’intérieur même d’une zone. Si vous prenez par exemple la zone Asie, vous avez la Malaisie qui est exportatrice nette de pétrole et vous avez la Chine qui est importatrice nette de pétrole, et effectivement l’impact sur la croissance de cette chute extrêmement brutale des prix de l’énergie n’est évidemment pas le même. On reste positif globalement sur la zone Asie, même si, je l’ai mentionné, il y a des pays sur lesquels il faut quand même faire attention, mais globalement la locomotive chinoise reste une économie extrêmement puissante, même si elle est en train de changer de modèle, donc cela induit de la volatilité, cela induit des incertitudes financières en particulier. On est beaucoup plus prudent sur le volet d’Amérique latine et évidemment sur la partie Russie qui, avec ce qui se passe en Ukraine, plus la chute des matières premières, est vraiment dans une situation délicate.

Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin, comment évoluent les portefeuilles globalement ? On sent bien cette faveur des actions, mais est-ce qu’il faut être prudent tout de même ?

Wilfrid Galand, directeur du conseil en investissement chez Neuflize OBC : De toute façon, la faveur des actions, elle est, je dirais malheureusement ou heureusement, en tout cas obligatoire puisque les taux d’intérêt sont tellement bas que c’est le seul actif sur lequel on peut retrouver du rendement. Donc oui aux actions, une certaine prudence. Nous on reste légèrement surpondéré sur la partie Action, plutôt sur la partie européenne, néanmoins il faut garder des obligations dans les portefeuilles, voire même du cash, cela permet de gérer de la volatilité, et cette année, ne nous y trompons pas, restera volatile.

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Wilfrid Galand d’avoir était avec nous.

Wilfrid Galand, directeur du conseil en investissement chez Neuflize OBC : Je vous en prie. Merci beaucoup.

 

Print Friendly, PDF & Email