Marc Riez Directeur Général Vega IM : "Je préfère rester sur les actions européennes ou japonaises".
Stratégie et perspectives d'investissement 2015 - Allocation d'actifs

17 juin 2015 17 h 55 min
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Actualités économique et financière.

Retour sur les grandes tendances sur les marchés financiers, dans une phase nouvelle avec plus de volatilité.

Mon invité pour parler de ce nouvel environnement est Marc Riez Directeur Général Vega IM

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Marc Riez, bonjour. Vous Êtes le président de Vega IM. On va parler avec vous de stratégie sur les marchés et de perspectives. On voit des marchés un petit peu plus sensibles peut-être aux différents éléments, que ce soit sur les taux par exemple, comment vous analysez, vous, un petit peu ce qui se passe ? Est-ce que l’on est plus sensible justement à la réalité en quelque sorte ?

Marc Riez, Président de Vega IM : Je ne pense pas que l’on se soit vraiment écarté de la réalité. En revanche, le sujet, c’est que l’on avait beaucoup monté, on a quand même eu une période de trois mois, depuis que la BCE a annoncé son plan de forte hausse des marchés d’actions, et c’est vrai que là le marché nous fait une sorte de correction un petit peu, c’est un peu une respiration plutôt disons dans son chemin, et dans cette phase, il commence à regarder un certain nombre d’éléments qui sont un peu moins favorables que ceux qu’il avait regardés jusque-là. Il y a effectivement le sujet d’une économie américaine qui, après un hiver très rigoureux, redémarre lentement, contrairement à l’an dernier, et puis, en toile de fond de tout cela, toujours la perspective d’une remontée des taux de la Réserve fédérale américaine qui sera quand même vraiment, à ce moment-là, à prendre en compte.

Web TV www.labourseetlavie.com : En même temps, on pourrait se dire que cette volatilité qui est arrivée sur les marchés peut être justifiée aussi par… parce que l’on voit sur le plan économique où on s’interroge toujours sur les États-Unis, on dit que la zone euro va mieux, mais on se dit que toutes ces injections de liquidités finalement n’ont pas fait grand-chose pour redonner en tout cas un élan suffisant ?

Marc Riez, Président de Vega IM : Oui, cela ne peut de toute façon pas être suffisant à soi seule, une injection de liquidités. Pour les États-Unis, clairement ce qui est perceptible, c’est que la remontée du dollar pénalise évidemment les exportateurs américains, donc ça c’est un des moteurs qui portait l’économie américaine qui, tout de même, souffre un petit peu. En revanche, je pense que pour l’Europe on n’a pas encore vu à aujourd’hui tous les effets bénéfiques de cette politique qui démarre à peine, et en particulier sur deux plans. Le premier plan, c’est celui des résultats des entreprises qui sont présentes à l’international parce que là, on voit bien, dès les résultats du T1 2015, que l’impact des changes est quand même très sensible. Donc pour l’année 2015, indéniablement, ces entreprises européennes exportatrices vont quand même être boostées par la baisse de l’euro. Finalement, c’est un peu le pendant des difficultés américaines, le business se transfère un peu des unes aux autres, et donc cela, ce sera quand même pour les entreprises américaines un moteur. L’autre point, c’est que l’on voit bien que tous les pays européens n’étaient pas logés à la même enseigne en matière d’accès aux financements des entreprises. On se souvient qu’il y a un an encore, les PME italiennes empruntaient à 5 ans à 5,5 % et les Espagnols à 5, or là, quand même, l’avantage que l’on a à ce QE, c’est que ça y est, les taux des prêts aux PME dans le sud de l’Europe baissent fortement, l’accès au crédit des entreprises a l’air meilleur, et donc cela va quand même aider malgré tout à une reprise de l’activité économique en Europe même si, vous avez raison de le dire Didier, ce démarrage aujourd’hui est mou. Alors, il est mou en particulier sur les ventes au détail en zone euro qui ont quand même pas mal de mal à décoller et, si on regarde la production industrielle, effectivement il y a un mieux, mais qui est encore relativement modeste par rapport au fait que l’euro, entre-temps, a perdu 20 %.

Web TV www.labourseetlavie.com : On dit souvent que les boursiers, la bourse anticipe, certes, et là on s’est dit « Elle a anticipé un peu trop » ?

Marc Riez, Président de Vega IM : C’est cela, c’est cela. On a l’impression qu’elle a pris en compte tout de suite finalement cet impact et que là, elle se dit « Cela met un peu de temps à se produire » etc. Et puis il y a aussi quand même dans la relative morosité des marchés, on a eu le psychodrame, la « tragédie grecque » qui se déroule depuis quelques semaines maintenant, qui également pénalise le marché Actions.

Web TV www.labourseetlavie.com : Si on s’intéresse aujourd’hui aux pays émergents, on parlait de pétrole ou de dollars, on voit l’impact que cela a pu avoir sur ces pays-là, est-ce que les investisseurs ont été plus positifs sur ces marchés petit à petit ?

Marc Riez, Président de Vega IM : Petit à petit, oui, enfin il y a un certain nombre d’émergents qui, indiscutablement, bénéficient de la baisse du pétrole, c’est surtout les pays industriels asiatiques pour qui… ils ont peu de ressources, c’est un coût important. Donc effectivement ces marchés-là vont mieux. Maintenant, moi je suis quand même assez réservé sur ces zones-là parce que l’on voit bien que, malgré tout, on est quand même à un moment, est-ce que ce sera en septembre ou en octobre ou en décembre, mais Janet Yellen l’a rappelé en tout état de cause, avant la fin de l’année 2015, à un moment où la Réserve fédérale va commencer à remonter ses taux. Alors, on sait que dans ces cas-là les flux de capitaux ont tendance à revenir vers le berceau, je dirais, américain et ce n’est jamais très bon en général pour les marchés boursiers émergents. Je ne sais pas si cette fois-ci cela sera aussi massif que cela a pu l’être précédemment parce qu’ils ont quand même une autonomie financière plus importante aujourd’hui, mais ce n’est jamais quand même quelque chose de très porteur pour eux. Moi je préfère rester sur les actions européennes, portées justement par ce redémarrage, on l’a dit, de la zone euro, éventuellement sur du Japon où là aussi la banque centrale a une politique très agressive d’injections, plutôt que sur des actions émergentes où je pense que le ratio espoir de rendement/risque est peut-être moins favorable qu’en Europe ou au Japon.

Web TV www.labourseetlavie.com : Quelque part, il faut se préparer à cette hausse des taux effectivement, on a le calendrier aujourd’hui précis forcément, mais il faut s’y préparer parce que on peut avoir un peu plus de volatilité sans avoir ce scénario de 94 qui est le scénario qui est redouté par les plus pessimistes ?

Marc Riez, Président de Vega IM : Oui, ça se serait effectivement quelque chose de très embêtant. Néanmoins, ce que l’on voit déjà… parce que finalement si on regarde ce qui s’est passé sur les marchés d’actions, on a fait sur le CAC 5250-5000, ce n’est pas aberrant après la hausse que l’on avait connue. Moi, là où je vois plus effectivement un marché difficile et volatil, c’est sur l’obligataire. On voit que le taux des rendements à 10 ans se sont déjà quand même bien repris en Europe, et ça c’est lié à quoi ? C’est lié au fait que quelque part la BCE a réussi la mission qu’elle s’était fixée d’inverser les anticipations d’inflation. Or, en renversant les anticipations d’inflation, où le marché va-t-il s’arrêter ? À quel niveau de taux à 10 ans va-t-il jugé que cela rémunère la croissance de l’activité économique en Europe, l’inflation qui va suivre, c’est cela qui est toujours très compliqué à dire. Ce que l’on peut dire, c’est que le 10 ans américain, lui, est vers 2,30 et que, si on imaginait que l’on puisse avoir une forme de convergence des taux à 10 ans, on aurait encore pas mal de tension sur les taux. Alors pas nécessairement pour parler d’un krach obligataire, mais on sent bien que sur du 10 ans avec une sensibilité de 5,7, passer de 0,40 à 2,40, c’est quand même 14 % de perdu sur votre portefeuille obligataire, ce n’est pas négligeable.

Web TV www.labourseetlavie.com : Voilà, suivre le 10 ans, on va suivre le 10 ans.

Marc Riez, Président de Vega IM : Je pense que ce sera… plus que les marchés d’actions, le risque est plutôt effectivement sur les obligations à long terme de la zone euro que peuvent détenir nos clients ou les particuliers au sens large.

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Marc Riez.

Marc Riez, Président de Vega IM : Merci Didier.

 

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