Laurent Géronimi Directeur Gestion obligataire Swiss Life Banque Privée : "Nous regardons les subordonnées financières".
Bourse : Stratégie d'investissement et perspectives

8 février 2015 17 h 03 min
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Marchés : Perspectives d’investissement.

BCE, quantitative easing,  Grèce, les marchés actions sont pour le moment en forme, malgré plusieurs risques Ukraine, ou Grèce, mais il semble que la décision de la banque centrale européenne soit prééminente dans le regard des investisseurs notamment sur ma zone euro.

Nous parlons de cette stratégie d’investissement et des perspectives avec mon invité : Laurent Géronimi Directeur Gestion obligataire Swiss Life Banque Privée.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Laurent Geronimi, bonjour. Vous êtes directeur de la gestion Taux chez SwissLife Banque Privée. On va parler avec vous de marchés obligataires. Bien sûr, ce qui aujourd’hui intéresse les investisseurs, c’est la compréhension de ce qu’a décidé la Banque centrale européenne. Quelle a été votre analyse au lendemain de cette décision, donc de ce fameux quantitative easing, donc assouplissement quantitatif, décidé par la BCE ?

Laurent Geronimi, Directeur de la Gestion Taux chez SwissLife Banque Privée : Au départ un sentiment positif puisque la BCE n’a pas déçu sur le montant de programme d’achats d’actifs, 60 milliards d’euros par mois, soit sur la période de mars 2015 à septembre 2016, 1 200 milliards d’euros à peu près. C’est un programme d’achats qui concerne des emprunts d’États souverains, des dettes privées. Par contre, ce qui nous a quand même un petit peu déçu, ou en tout cas interpellé, c’est la mutualisation limitée de ce programme d’achats. Il est entièrement sous contrôle de la Banque centrale européenne, mais seulement 20 %, donc, de l’ensemble emprunts d’État, dettes privées, est mutualisé avec la Banque centrale européenne. Donc cela veut dire que 80 % de ce programme d’achats va rester sous la responsabilité des banques centrales nationales. Donc si il y a un problème sur la dette, par exemple sur l’OAT, c’est la Banque de France qui est responsable, donc l’État français, et donc les contribuables du pays concerné, or en l’occurrence la France était sur l’OAT. Donc cela veut dire que ce programme d’achats d’actifs a été quelque part contraint et forcé, il a fallu le faire puisque la zone euro a une inflation qui est trop faible aujourd’hui, très en deçà de la cible des 2 %, mais par contre il y a la volonté de Mario Draghi de dire qu’il faut absolument que les états mettent en place, en fonction de leurs besoins, les réformes structurelles dont effectivement ils ont besoin, c’est-à-dire un retour à l’équilibre au niveau budgétaire, une flexibilité du marché du travail, un équilibre du système des retraites et tout ce genre de choses qui aujourd’hui sont en déséquilibre.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc quelque part il faut bien lire, on va bien, derrière les déclarations, les conséquences concrètes, ce que vous dites, avec les banques centrales locales si on peut dire ou régionales ou la Banque de France qui vont avoir leur propre responsabilité ?

Laurent Geronimi, Directeur de la Gestion Taux chez SwissLife Banque Privée : Leurs responsabilités et derrière elles finalement ce sont les états, ce sont les états. Donc effectivement d’une part c’est bénéfique et le marché a très bien réagi, tous les actifs risqués ont bien réagi. Nous considérons au niveau de SwissLife Banque Privée que ce programme de quantitative easing est un soutien pour tous les actifs risqués sur l’année 2015. Par contre, effectivement, la prime de risque, c’est est-ce que les états vont arriver à mettre en place les réformes dans, quelque part, le délai imparti.

Web TV www.labourseetlavie.com : On pourrait dire qu’est venu s’ajouter à ce nouveau panorama européen le sujet grec bien entendu avec… on voit les discussions attendues avec la Banque centrale européenne ou en tout cas qui fait des déclarations par rapport à la dette grecque, et puis la Grèce qui négocie avec les Européens, cela peut créer de la volatilité ? Simplement, qu’est-ce que cela apporte aux investisseurs justement ? Est-ce qu’il y a des nouveaux risques peut-être qui ne sont pas encore intégrés ?

Laurent Geronimi, Directeur de la Gestion Taux chez SwissLife Banque Privée : En tout cas il y a un changement de la nature du risque au niveau de la zone euro, elle est moins sur les spreads compte tenu du programme d’achats d’actifs de la Banque centrale européenne, mais elle est plus… La prime de risque aujourd’hui est plus sur la crédibilité du gouvernement dans chacun des pays et quelque part sa vulnérabilité également, et en l’occurrence le gouvernement Tsipras avait promis aux Grecs, au peuple grec, de mettre fin à l’austérité, austérité qui avait été demandée par la Troïka, donc Banque centrale européenne, Commission européenne et FMI, mais d’un autre côté, en fait la Communauté européenne et le FMI ont prêté de l’argent la Grèce, des montants importants, 375 milliards d’euros, le nouveau gouvernement grec souhaiterait une annulation de cette dette. La BCE et le FMI en rendent créance privilégiée, donc n’ont pas annulé la dette, cela veut dire que ce serait des prêts bilatéraux des états, la France qui aurait prêté à la Grèce qui annulerait son prêt, pour quelle raison ? Il faudrait que cela passe devant l’assemblée nationale. Sur ces entrefaites, sur ces discussions qui ne sont pas encore abouties, la Banque centrale européenne a annoncé hier qu’elle mettait fin à un accord très particulier, une dérogation, dont bénéficiaient les banques grecques. Les banques grecques pouvaient apporter, en échange d’un financement très intéressant des emprunts d’État grec, c’était une dérogation puisque les emprunts grecs sont notés high yield, donc en dessous de la notation Triple B, aujourd’hui les banques grecques peuvent encore se financer, mais cela leur coûte plus cher. Il faut apporter des actifs de bonne qualité auprès de la Banque centrale européenne. Il faut apporter des actifs auprès de la Banque centrale grecque sous forme d’un programme de financements d’urgence, la banque centrale grecque se finançant elle-même auprès de la Banque centrale européenne, sachant que ce programme de financements auprès de la Banque centrale européenne peut être arrêté si les deux tiers des gouverneurs de la Banque centrale européenne décident de stopper les financements à la Banque centrale grecque. Donc vous voyez, aujourd’hui quand même, la pression est mise sur le gouvernement grec, les choses ne sont pas aussi faciles que cela.

Web TV www.labourseetlavie.com : Cela créera peut-être de la volatilité dans les prochains mois à ce sujet ?

Laurent Geronimi, Directeur de la Gestion Taux chez SwissLife Banque Privée : Très probablement, je dirais même dans les semaines qui viennent.

Web TV www.labourseetlavie.com : De l’autre côté de l’Atlantique, on pourrait dire que le scénario paraissait différent, pourtant 2015 est aussi remis en question puisque la Banque centrale américaine, la Réserve fédérale américaine, en tout cas d’après certains investisseurs, parie plutôt finalement maintenant sur une hausse de taux, mais peut-être même pas cette année alors que le consensus était facilement juin 2015 ?

Laurent Geronimi, Directeur de la Gestion Taux chez SwissLife Banque Privée : Nous, nous avions une idée entre juin et septembre 2015. Là, la croissance économique américaine a une dynamique qui nous paraît saine et forte. Il y a un facteur aussi qui vient, qui va renforcer cette dynamique avec le programme de quantitative easing souverain de la Banque centrale européenne, l’euro s’est affaibli mécaniquement, le dollar s’est quand même renchéri. Cela a eu un impact négatif sur l’économie américaine, on a vu au cours du quatrième trimestre, mais quand même, il y a une forte création d’emplois, et pour nous, 2015, les Américains vont avoir un taux de chômage de 5,5 %, proche du plein emploi. Donc cela ne remet pas en cause quelque part le scénario de remontée des taux de la Banque centrale américaine. Qu’est-ce qui pourrait affecter plus l’économie américaine ? Est-ce que la chute du pétrole pourrait avoir un impact puisqu’il y a des pans de l’économie américaine qui dépendent de cela ? C’est le secteur extractif, cela représente 1 % des emplois américains. Vu le niveau du prix du baril, il est fort probable qu’il y ait des faillites. Mais au niveau des États-Unis, il y aura une activité et des services qui vont bénéficier de la baisse du prix du pétrole, donc des créations d’emplois dans ces services, et donc mécaniquement une activité qui risque d’être soutenue. Donc quelque part pour nous, la Fed va rester sur un objectif dit d’inflation cœur et ne pas regarder tout ce qui est énergie, matières premières, qui sont plus volatiles.

Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin sur, du coup, la stratégie sur ces marchés obligataires avec ces taux qui vont rester bas en Europe, on l’a dit, peut-être encore une période encore plus longue, aux États-Unis cela va peut-être prendre un peu plus de temps à remonter, où aller chercher du rendement dans ces conditions ?

Laurent Geronimi, Directeur de la Gestion Taux chez SwissLife Banque Privée : Nous regardons aujourd’hui les subordonnées financières et les hybrides Corporate. Les subordonnées financières se sont des perpétuelles comme les hybrides Corporate. La réglementation aujourd’hui… Vous savez que les banques systémiques doivent constituer un tampon de leurs fonds propres en cas de problème pour absorber une partie des pertes liées à des risques systémiques, contrats cycliques, etc., et ce tampon va être constitué d’émissions subordonnées. Jusqu’à présent les banques émettaient à peu près entre 20 et 25 milliards d’euros de ce type de produits, comme ce ratio d’absorption totale des pertes doit être constitué au 1er janvier 2019, on attend des émissions d’un montant par an au moins de 100 milliards d’euros, donc ce sont les types de produits sur lesquels nous allons aller. De même, les hybrides Corporate, qui devraient avoir un traitement fiscal privilégié, cela sera validé au cours de l’automne 2015. On joue sur des financements longs terme. De toute manière, le fait que les taux restent bas dû au programme de quantitative easing de la BCE, mais également aussi de ce que va faire la banque du Japon, tout cela entraîne un déplacement des liquidités vers, et les taux longs, et tout ce qui peut avoir, donc comme les actions, une durée de vie très longue.

Web TV www.labourseetlavie.com : On suivra cela. Merci Laurent Geronimi d’avoir été avec nous.

Laurent Geronimi, Directeur de la Gestion Taux chez SwissLife Banque Privée : Merci

 

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