Daniel Larrouturou Directeur Général Délégué Diamant Bleu Gestion : "Nous sortons progressivement du marché des dettes souveraines".
Stratégie d'investissement et perspectives

28 septembre 2014 20 h 02 min
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Bourse : Actualités économique et financière.

Revue de détails sur la stratégie d’investissement plutôt favoralbe aux actions au nveau mondialn et aux dettes souveraines notamment.

Mon invité est Daniel Larrouturou Directeur Général Délégué Diamant Bleu Gestion.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Daniel Larrouturou, bonjour. Vous êtes directeur général délégué de Diamant Bleu Gestion. On va parler avec vous de stratégies d’investissement sur les marchés. Comment vous voyez un peu les choses en ce moment ? Est-ce que ce qui se passe du côté des banques centrales vous amène un petit peu à revoir la manière dont vous vous investissez ?

Daniel Larrouturou, Directeur général délégué de Diamant Bleu Gestion : Nous sommes presque à la fin de l’année et si on tire un premier bilan de l’année 2014, on s’aperçoit que c’est une année qui a été favorable globalement pour l’ensemble des classes d’actifs et en particulier pour les actions au niveau mondial, mais aussi pour les dettes souveraines et le marché du crédit Corporate. Alors il y a plusieurs raisons à cela. Le contexte macro-économique est relativement favorable avec une croissance qui est suffisante pour que les entreprises voient leurs marges bénéficiaires légèrement s’améliorer et qui en même temps restent modestes, ce qui permet des taux durablement bas, tout cela dans un contexte où il n’y a pratiquement plus d’inflation et surtout où les banques centrales sont à la manœuvre avec des bilans qui ont encore augmenté d’une dizaine de % en 2014 notamment avec l’effet à la fois de l’action de la Fed, même si cette action, on le verra, va s’arrêter, mais aussi donc de la BCE qui augmente, qui commence à augmenter de manière significative son bilan, et ça, cela devrait se poursuivre le long de l’année 2015.

Web TV www.labourseetlavie.com : En même temps on pourrait dire que il y a eu… sur des questions de valorisation des marchés actions, on pouvait se poser des questions en se disant « il faudra que les entreprises aussi amènent peut-être des résultats qui soient conformes finalement aux attentes » ?

Daniel Larrouturou, Directeur général délégué de Diamant Bleu Gestion : C’est le sujet crucial, les bénéfices des entreprises. On a vu au premier semestre, en tout cas sur la zone Europe, un mouvement quasi nul d’augmentation des bénéfices. On s’attend à ce qu’ils repartent progressivement, à partir du deuxième semestre et tout au courant de 2015, sachant qu’en termes de valorisation, les marchés ont déjà bien anticipé cette augmentation des bénéfices. On est sur des niveaux de PER en Europe qui sont supérieurs aux moyennes historiques, de l’ordre de 15 à 15,5, ce qui est relativement élevé, même si le contexte de taux très bas justifie des PER un petit peu plus élevés.

Web TV www.labourseetlavie.com : Si on parle de la Fed, effectivement on a ce calendrier en tout cas global que les investisseurs voient avec, printemps 2015 pour une remontée des taux, est-ce que c’est aussi votre calendrier ou est-ce que vous vous dites : « il faudra peut-être se protéger avant ? »

Daniel Larrouturou, Directeur général délégué de Diamant Bleu Gestion : Alors, de manière générale, les marchés n’anticipent pas sur la hausse des taux, plus exactement, ils montent jusqu’à ce que la hausse des taux se produise. Cela a déjà été le cas plusieurs fois au cours des deux dernières décennies. Donc, si on suppose que cette règle va se vérifier de nouveau, il sera temps d’ajuster les portefeuilles à partir probablement de la fin du premier trimestre 2015 ou du début du deuxième trimestre 2015. En ce qui nous concerne, nous avons déjà commencé à anticiper un mouvement sur les taux, des marchés de taux moins favorables, nous sortons progressivement des marchés de dette souveraine pour réallouer de manière sélective sur les actions. En même temps, nous n’avons pas… d’un optimisme non plus délirant sur les marchés actions. Je crois que le mot d’ordre cela va être, l’année prochaine et comme c’est déjà un peu le cas cette année, de se contenter de ce que l’on pourra prendre, et sur les marchés actions, au lieu de chercher ce qui est susceptible de monter le plus, on va chercher ce qui est le plus susceptible de monter suffisamment. En clair, nous allons privilégier plutôt des valeurs défensives, mais à grande visibilité, et qui ont à la fois une exposition dollar puisque l’on s’attend à une progression du dollar par rapport… à la poursuite de la progression du dollar par rapport à l’euro, et à un rendement élevé. Alors la cote, heureusement en France, et en Europe globalement, ne manque pas de ce genre de titres. On peut penser à des titres tout simplement comme Sanofi qui renoue avec une croissance des bénéfices, mais aussi Total, Gas, Bayer en Europe, donc un positionnement relativement défensif, en se disant : « il vaut mieux avoir une probabilité plus importante de gagner 4 ou 5 % que de prendre des risques pour essayer de gagner davantage. »

Web TV www.labourseetlavie.com : Il y a effectivement cette question sur les marchés obligataires, d’éventuellement un krach sur les marchés obligataires comme cela s’est passé, certains boursiers s’en souviennent encore, est-ce que cela c’est quelque chose qu’il faut aussi avoir en tête ? Que c’est possible ?

Daniel Larrouturou, Directeur général délégué de Diamant Bleu Gestion : C’est toujours possible, on ne va pas l’exclure, c’est néanmoins peu probable. C’est peu probable pour plusieurs raisons. Première raison, c’est d’abord que justement les banques centrales ont fait des efforts importants pour préparer les marchés financiers et les investisseurs à une remontée progressive des taux, c’est un point important. Le deuxième point, c’est que l’on n’anticipe pas ni de croissance qui repartirait très fortement, on connaît par exemple les difficultés de la zone euro. Au début de l’année, on voyait une croissance supérieure à 1 %, autour de 1,2 ou 1,3 % pour la zone euro, elle sera significativement inférieure avec une économie qui ne repart pas en France, mais aussi en Italie, et qui commence à donner quelques signes d’essoufflement en Allemagne, et donc une croissance relativement modérée, et surtout une absence d’inflation. Il n’y a pas d’inflation parce que il y a les marchés du travail qui sont toujours relativement dégradés, qui ne permettent pas des demandes salariales élevées, et puis il y a un contexte de matières premières, de prix des matières premières qui est toujours aussi relativement déprimé, et enfin toujours la mondialisation qui permet d’aller faire ailleurs, moins cher, la production que l’on ne pouvait plus faire sur place. Donc peu d’inflation, peu de croissance, donc à notre avis des taux qui vont remonter progressivement, s’ajuster en fonction de la politique de la Fed, mais notre avis, c’est que l’on restera dans un contexte de taux durablement bas.

Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté des pays émergents, on avait vu il y a quelques mois maintenant, quand effectivement les indications de la Fed avaient un petit peu varié, ce qui s’était passé en termes de flux, comment vous abordez ces marchés puisque effectivement il y en a plusieurs qui ne sont pas dans le même état ?

Daniel Larrouturou, Directeur général délégué de Diamant Bleu Gestion : Le problème, c’est bien sûr de différencier entre les différents marchés. Les marchés émergents, cela relève de nombreux cas particuliers. Sur les marchés émergents, notre politique est plutôt de jouer le portage en privilégiant notamment le Brésil, la dette brésilienne, qui a un taux à la fois très élevé et qui permet, si le Real ne baisse pas, d’avoir un différentiel relativement important. Et on privilégie principalement certains pays d’Asie du Sud-Est, et notamment les Philippines, la Malaisie.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc il y a, là, sur ces marchés-là…

Daniel Larrouturou, Directeur général délégué de Diamant Bleu Gestion : On reste prudent le marché chinois, on a vraiment du mal à comprendre exactement où va l’économie. On sait qu’elle ralentit un peu, on sait qu’il y a des problèmes structurels, notamment de bulles de crédit immobilier, de bulles de shadow banking, donc ces problèmes nous rendent assez prudents. En même temps on sait que les autorités chinoises ont des marges de manœuvre, notamment fiscales, relativement importantes. On ne s’attend pas à une baisse significative du taux de croissance chinois, mais en même temps, on ne s’attend pas à une performance très supérieure des actions chinoises.

Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot du Japon puisque là il y a eu effectivement les conséquences de la hausse de la TVA, est-ce que cela remet un peu en cause toute la stratégie du Japon sur la politique économique ?

Daniel Larrouturou, Directeur général délégué de Diamant Bleu Gestion : Il a bien fallu financer les différentes mesures et cela a été fait donc par une hausse de la TVA. La croissance japonaise, on le sait, souffre de handicaps tout à fait structurels. Elle est en train, non pas de les surmonter, mais d’essayer de pallier les différents handicaps pour s’acheminer vers une croissance un peu plus ferme mais qui reste à des taux japonais c’est-à-dire des taux relativement faibles. En revanche, nous pensons que la banque du Japon a encore des marges de manœuvre significatives en matière d’augmentation de son bilan et cela pourrait être tout à fait profitable aux actions japonaises fortement exportatrices, d’autant que nous anticipons une poursuite de la baisse du yen par rapport au dollar.

 

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