Christian Poyau Pdg Micropole : "La part du conseil doit devenir majoritaire".
Micropole spécialiste du consulting dans la business intelligence, Web IT

18 septembre 2014 19 h 08 min
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Résultats semestriels 2014 pour Micropole

Le groupe est en pleine transformation avec l’évolution de ses métiers, il a réalisé des cessions, mais veut se renforcer dans des secteurs porteurs. Nous faisons le point avec Christian Poyau Pdg Micropole sur cette “révolution digitale”.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Christian Poyau, bonjour. Vous êtes le Pdg de Micropole. On va revenir avec vous sur votre actualité, sur les semestriels et puis les perspectives. Quand on regarde les chiffres, effectivement, on est en baisse, si on regarde la marge, on voit que le groupe est en pleine transformation. Sur le semestre, qu’est-ce qu’il y a de significatif pour vous quand même ?

Christian Poyau, Pdg chez Micropole : Le mot le plus important, c’est celui que vous avez utilisé, qui est effectivement transformation. On est dans un marché qui subit en même temps un phénomène de massification de prix-volume, et nous, au contraire, on vend de la valeur ajoutée, de la différenciation. Et puis deuxièmement, la révolution du digital qui ouvre des perspectives énormes. Donc tout simplement, on est en train de s’adapter à cette évolution du marché, donc d’investir dans certaines activités et au contraire d’en céder d’autres, donc ce qui s’est passé de plus notable sur le premier semestre, oui, c’est la cession de notre activité ERP qui pour nous n’était plus dans la stratégie, autant en termes de croissance que de rentabilité en France, en Belgique et en Suisse, et donc on a cédé, ce qui impacte effectivement les comptes.

Web TV www.labourseetlavie.com : On pourrait dire : « pourquoi cela n’arrive que maintenant ? » même si ce n’est pas d’aujourd’hui, 2014, mais cette transformation-là puisque cela fait un petit moment que l’on voit cette transformation se produire, c’était difficile de changer ?

Christian Poyau, Pdg chez Micropole : Non, deux raisons. La première, c’est que sur la partie transformation du digital, bien sûr que l’on est déjà présent dedans, mais c’est quelque chose qui s’accélère de plus en plus et la demande des clients évolue et ils demandent des gens qui soient en même temps compétents dans leur métier et compétents de manière technologique. Sur la partie ERP, là, c’est lié effectivement à un durcissement du marché qui existe depuis deux ans. Donc, si vous voulez, on était dilemme en cette activité depuis plus d’un an, grosso modo. Simplement, quand vous cédez une activité, vous ne vous réveillez pas un matin et l’affaire n’est pas conclue le soir en tant que telle, donc on était sur ce processus depuis plusieurs mois. On pourrait toujours aller plus vite bien sûr mais, encore une fois, il faut le faire dans de bonnes conditions.

Web TV www.labourseetlavie.com : On pourrait dire que toutes les entreprises de votre secteur sont en train de se transformer, qu’est-ce qui est le plus important dans cette période-là justement, vous parliez des clients, pour répondre à leurs attentes ?

Christian Poyau, Pdg chez Micropole : Alors, toutes se transforment, mais pas avec la même stratégie. Certaines d’entre elles, et tout est respectable en tant que tel, sont plutôt dans une logique de taille, de course au chiffre d’affaires, donc de prix/volume, très souvent d’ailleurs en délocalisant une partie de leurs réalisations. Nous, on a fait un choix complètement inverse qui est conforme avec notre stratégie depuis une vingtaine d’années qui est encore plus d’expertise métier, de valeur ajoutée, d’innovation et de différenciation. On va dire que le contexte économique global qui est difficile évidemment amène à cristalliser les positions. Donc il faut aller encore plus vite dans ces stratégies. Donc vraiment, nous ce qui nous différencie, on n’est plus en train de faire une course à la taille mais vraiment une course à la rentabilité et au positionnement en tant que tel, nos concurrents, c’est plus finalement des publicistes dans le domaine de la communication ou des grands cabinets de conseil.

Web TV www.labourseetlavie.com : On voit quand on regarde le marché des services, maintenant on appelle cela les services numériques, mais en France en tout cas il est plutôt stable, il est plutôt dans un contexte qui n’est pas forcément favorable ?

Christian Poyau, Pdg chez Micropole : C’est là où, encore une fois, le marché est très différencié. Oui, vous avez raison, une bonne partie des activités sont stables, pour ne pas dire en retrait clairement, et puis d’autres sont en progression. En ce qui nous concerne, sur la partie Conseil, on a fait une progression de 4 %, ce qui est plutôt en bonne progression, encore une fois dans un contexte économique compliqué. Pourquoi ? Tout ce qui tourne autour de la connaissance Client, tout ce qui est pilotage de la performance financière, le Big Data qui commence à arriver, ça, bien sûr, ce sont des vecteurs de croissance. Donc ce qu’il faut, c’est d’être dans ces segments qui eux sont en progression et ralentir, voire arrêter les autres.

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce qu’il y a des secteurs justement qui se distinguent par leurs besoins peut-être plus importants et qui vous intéressent plus particulièrement, sur lesquels vous pouvez répondre ?

Christian Poyau, Pdg chez Micropole : Et bien pas particulièrement, le propre de la révolution digitale, c’est un mot, on peut se dire c’est juste du concept marketing, non, c’est une vraie réalité. Il impacte les business models, que ce soit dans les médias, dans le luxe, dans la distribution, dans l’industrie, enfin tous les secteurs sont concernés, peut-être avec une immédiateté plus ou moins importante, les médias évidemment sont fortement impactés. Mais je peux vous dire que tous les patrons de tous les secteurs d’activités se disent « attention, le digital est pour moi une opportunité, dans certains cas une menace, et je dois investir », donc vraiment on a la chance de pouvoir le faire multi-secteurs d’activités.

Web TV www.labourseetlavie.com : Cela veut dire aussi parfois justement, compte tenu peut-être de cette évolution technologique assez rapide, d’aller chercher une brique, d’aller chercher telle ou telle expertise, peut-être parfois dans une petite structure d’ailleurs qui a déjà avancé ?

Christian Poyau, Pdg chez Micropole : Bien sûr, bien sûr, oui, oui. C’est, je le dis de manière un peu triviale, mais tout ce qui se passe en ce moment sur la révolution digitale, c’est un peu le Far-West parce que si vous voulez les réseaux sociaux, on les utilise tous, mais aujourd’hui arriver à capter la valeur Client, le parcours Client sur les réseaux sociaux n’est pas encore complètement évident, le lier avec le Big Data, le lier avec tout le multicanal qui évidemment explose entre les Smartphones, les tablettes, etc. etc., ce sont encore des technologies qui sont très évolutives, très naissantes et le Big Data en fait partie. Donc, oui bien sûr, on a nos propres experts mais travailler avec des entreprises plus petites qui sont très pointues fait partie de la logique de développement normal.

Web TV www.labourseetlavie.com : Et le modèle économique justement qui se dessine sur ces nouveaux outils, ces nouveaux usages, est-ce qu’il y a un modèle particulier qui est en train de se dessiner pour votre entreprise, pour les entreprises du secteur ?

Christian Poyau, Pdg chez Micropole : Pour notre entreprise, c’est vraiment de dire la part de conseil doit devenir majoritaire. Aujourd’hui, si je prends Paris, on est à peu près à 50-50 entre la partie conseil et intégration. Notre cible à quelques mois, le plus rapidement possible, on va dire un ou deux ans, c’est d’être peut-être à 60-70 % de conseil et 30 % d’intégration parce que c’est là où est la valeur. Le deuxième point important, je voudrais insister là-dessus, c’est nos clients. Nos clients sont plus aujourd’hui des directions Marketing, des directions financières, des directions des achats, commerciales, RH, etc. que finalement la partie high-T, bien sûr que l’on travaille avec la partie High-T, mais les donneurs d’ordre sont souvent des directions Métier. Donc on se doit d’avoir en interne des gens qui ont, soit cette double culture, soit qui sont vraiment des consultants, donc il y a une évolution du métier, en tout cas dans notre stratégie à nous.

Web TV www.labourseetlavie.com : On parlait de la France mais c’est quelque chose qui est en train de se passer bien sûr dans tous les pays en ce moment ?

Christian Poyau, Pdg chez Micropole : Dans tous les pays, ça c’est clair, cela affecte d’ailleurs très souvent nos projets qui sont des projets world wide, qui se développent d’une manière internationale. Simplement c’est vrai que la France est un peu pénalisée sur ces sujets-là parce que malheureusement on a nos rigidités françaises, que ce soit en code du travail, en temps de travail, etc. Donc dans un certain sens cela bride les entreprises mais cela les oblige aussi à aller encore plus vite. Donc, de ce point de vue-là, la France est un petit peu singulière par rapport à ses voisins.

Web TV www.labourseetlavie.com : Et justement sur l’international, vous y êtes déjà mais il y a une tentation d’aller plus vite à l’international sur des marchés qui peut-être vont encore plus vite qu’en France ?

Christian Poyau, Pdg chez Micropole : Certainement. On y est encore une fois attiré par nos clients, vraiment très souvent, et là je ne parle pas uniquement des sociétés du CAC 40 qui bien sûr sont à l’international, mais si on prend les sociétés de taille intermédiaire, aujourd’hui leur vrai marché, c’est l’international. Donc on se doit, de toute façon elles nous le demandent, de les accompagner, que ce soit en Chine ou aux États-Unis en tant que tel. Donc il y a une demande du marché. Après, pour nous, Micropole, où la croissance reste quand même dans notre gêne bien évidemment, il faut aller chercher sur d’autres marchés le développement qui est plus difficile à capter en France. Donc oui on a des velléités et des projets dans d’autres pays.

Web TV www.labourseetlavie.com : La question de rentabilité, de rentabilité future, j’imagine que les investisseurs, cela les intéresse effectivement de près, vis-à-vis de vous, qu’est-ce que vous leur répondez quand… puisqu’en pleine transformation, ce n’est pas toujours évident de dire quand cela va aller mieux ?

Christian Poyau, Pdg chez Micropole : Le sujet nous intéresse, m’intéresse étant évidemment le premier actionnaire de l’entreprise. Soyons clairs, encore une fois, 2014 est une année de transformation, donc le niveau de rentabilité que nous avons cette année n’est pas satisfaisant et j’essaie de le dire de la manière la plus claire possible. Maintenant, moi ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant 2014, mais c’est 2015 et 2016. Nous avions un niveau de rentabilité qui était au-dessus de la moyenne du marché jusqu’en 2012. 2013 et 2014 sont impactés par la situation macro-économique et la transformation, mais il est clair que mon objectif premier, c’est rétablir la rentabilité bien évidemment.

Web TV www.labourseetlavie.com : Et donc malgré ces transformations, les transformations qui sont en cours et qui vont effectivement changer le profil du groupe ?

Christian Poyau, Pdg chez Micropole : Oui, ce n’est pas malgré, si vous voulez. Encore une fois, on est dans un monde excessivement évolutif qui va de plus en plus vite, j’enfonce des portes ouvertes en disant cela. Il y a deux solutions, soit vous êtes, comment dire, complètement bloqué, vous n’évoluez pas, soit vous dites, vous analysez le marché, vous dit : « OK, bougeons, évoluons, créons, développons de nouvelles activités. » Cela nécessite de faire des investissements, des réorganisations, tout cela c’est couteux à un moment donné. Donc c’est vrai que l’on a eu une année ou deux où on est en profil plutôt plat en tant que tel. Je pense que j’ai envie de dire aux investisseurs qui nous regardent et qui sont nos actionnaires d’aujourd’hui et de demain en tant que tels, c’est dire : « Regardez la stratégie de Micropole. Déjà regardez le track record que l’on a quand même depuis de nombreuses années et puis analysez la stratégie de Micropole qui elle est vraiment porteuse de valeur dans le moyen terme, en tout cas à partir de 2015. »

Web TV www.labourseetlavie.com : On suivra cela. Merci Christian Poyau d’avoir été avec nous.

Christian Poyau, Pdg chez Micropole : Merci.

 

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