Didier TESTOT : “La Bourse et la Vie des entreprises et de leurs dirigeants depuis 1989”

Cette semaine est une semaine spéciale pour Didier TESTOT, le fondateur de LA BOURSE ET LA VIE TV.

Il y a 31 ans, il commençait sa carrière de journaliste financier au service Bourse du Figaro, l’occasion pour lui de le partager dans “L’info éco + “, magazine diffusé sur Sud Radio samedi 12 décembre 2020 :

Le 15 décembre 1989, mon destin personnel fût scellé avec celui de la Bourse de Paris, et ce de manière définitive. Et alors que je disais à mon futur employeur, vous savez moi j’ai fait du Droit, j’ai une Maitrise de Science Politique, la Bourse, je n’y connais rien », Luc Demeleunaere que je n’oublierais jamais pour sa bienveillance, m’embauchait alors au Figaro en me disant : « Didier, la Bourse, vous l’apprendrez sur le tas », Cela fait donc 31 ans que ça dure et ce n’est pas fini !

Mes souvenirs de l’époque sont encore vifs : Comme journaliste au service Bourse, j’allais au Palais Brongniart, qui ne renfermait à l’époque déjà plus que Matif, pour y chercher, le taux JJ (jour le jour), le Dollar face au Franc, et je le transmettais au Secrétaire de Rédaction pour publication le lendemain. Le lendemain, un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître

Opérations financières, ce sont aussi les souvenirs d’une autre époque où je pouvais comme journaliste appeler en Espagne la société Ocisa et son dirigeant, directement, pour savoir quelles étaient ses intentions, le Pdg me répondait en espagnol. Lors de l’OPA de Pelège sur SAE, il n’y avait pas de filtres, cela paraît aujourd’hui incroyable.

A la Tribune, j’écrivais dans les années 90, que les banques rachetaient la Bourse, les banques qui allaient changer la manière dont ces marchés allaient s’internationaliser.

Côté actualités les opérations boursières se succédaient à un rythme soutenu, le Nouveau Marché arrivait, la bulle internet aussi, la crise financière de 2008, huit ans après redonnait un mauvais coup à la Bourse.

Les entreprises françaises qui mériteraient d’être en Bourse, des PME qui devraient pouvoir devenir des ETI grâce à la Bourse. Notre déficit sur ce plan avec l’Allemagne ne change pas vraiment.

En 2020, nous en sommes toujours au même point, elles devraient être beaucoup plus nombreuses en Bourse, et pour cela il nous faut un écosystème qui les accueille avec intérêt.

Aller en Bourse n’est pas facile pour un dirigeant de PME qui n’en connaît pas toutes les contraintes. Et il nous faut aussi penser à l’intérêt de l’actionnariat individuel, moins volatile, fidèle, qui pourrait venir accompagner nos entreprises.

Nous l’avons vu dans le récent dossier Veolia – Suez, qui s’est envenimé, Suez avec des actionnaires individuels significatifs, aurait pu avancer seule.

Au cours des dernières semaines, seuls les professionnels auront compris les erreurs d’analyse concernant BlackRock. Les Français ont pu croire à une OPA du gestionnaire d’actifs américain sur nos retraites. Personne en revanche ne vous a parlé de la part des fonds de retraite américains dans les valeurs du CAC 40 par exemple.

En France nous avons la mauvaise habitude de râler, mais nous devrions surtout nous concentrer sur l’essentiel, qui dit actionnaire en direct dans nos entreprises dit siège social en France, R&D principale en France, ce qui est important dans ce cas ne l’est pas de la même manière pour des actionnaires américains (notamment les retraités californiens) pour qui l’essentiel réside uniquement dans la performance financière.

Quand j’étais porte-parole de la COB, je diffusais un communiqué avec la Banque de France, sur l’actionnariat direct, les actionnaires étaient alors 6 millions, où sont-ils en 2020 ?

Ils ont sans doute une assurance-vie pour ceux qui en ont les moyens, mais ont surtout perdu le goût de l’investissement en actions. Parce que nous avons chez nos élites un biais défavorable à la Bourse.

Je ne m’attarderais pas sur la fiscalité des détenteurs d’actions, qui n’a jamais considéré l’actionnaire de manière bienveillante mais plutôt comme un vilain spéculateur, oubliant qu’il prenait un risque en investissant en Bourse, et en ne distinguant pas les actionnaires long terme de ceux qui ne font que passer.

Pas besoin d’un énième rapport, non simplement du bon sens, la priorité ce sont nos PME pour qu’elles deviennent des ETI, donnons-leur un actionnariat individuel qui sera fidèle si son véhicule d’investissement, le PEA, est facile et compréhensible. Des entreprises qui sont souvent issues de nos territoires, donc proches des Français.

Les règlementations liées à la dernière crise financière majeure de 2007 ont entrainé une saignée sur le suivi des entreprises moyennes, beaucoup ont perdu des analystes, cet écosystème avec les gérants spécialisés, est à reconstruire, nous avons collectivement oublié la promesse des banques pendant la crise de 2008, de mutualiser la recherche, pour que l’animation de ces marchés perdure.

C’est un enjeu majeur, nous avons cette chance en France d’avoir ce tissu de PME, qui a vocation à venir en Bourse, le private equity (capital investissement) a pris une place devenue surdimensionnée, car la Bourse ne remplit plus son rôle.

Il y a aujourd’hui beaucoup de déceptions, beaucoup de lassitude, d’intermédiaires, de communicants, car la Bourse a perdu sa place, nous devons là où nous sommes changer la donne, je sais pour en parler avec les chefs d’entreprises depuis longtemps ce que la Bourse leur a apporté, pour développer leur entreprise, ne passons pas à côté de la chance que nous avons avec notre tissu économique, trouvons des solutions pour que le Brexit nous donne la première place en Europe.

Il y a 31 ans, la Bourse m’était étrangère, elle fait toujours partie de ma vie, car derrière la Bourse, il y a des entreprises, et toujours une aventure humaine.

L’éducation financière passe aussi par la connaissance des entreprises et de leurs dirigeants. Ensuite les règles de base de l’investisseur viendront l’aider à diversifier ses actifs. Derrière la Bourse, la vie des entreprises, nous le savons tous, nos retraites dépendront aussi des choix d’investissements que nous aurons faits, ils ne pourront ignorer la Bourse sur la durée, à condition que la Bourse fasse sa révolution.

Il y a 31 ans je connaissais rien à la Bourse, je rêve que les Français aient la chance que j’ai eue avec mes rencontres, et puissent s’approprier cet univers qui leur est beaucoup plus proche qu’ils ne pensent, pour n’en citer que quelques-unes qui me viennent à l’esprit, Bonduelle dans le Nord dont j’ai déjà parlé avec vous ici, Virbac à Carros, Plastic Omnium à Lyon, LDC à Sablé sur Sarthe…Ces entreprises et bien d’autres ont une histoire déjà longue.

En 31 ans tout a changé en Bourse, mais rien n’a changé si l’on considère que l’investissement en Bourse permet à des entreprises de conquérir le Monde.

Mais le Monde, notre planète est en danger et aujourd’hui ne faut-il pas réfléchir au sens de nos investissements que nous soyons particuliers ou professionnels ? Ce capitalisme responsable n’est-il pas au cœur des interrogations ? Comment le définir et l’évaluer ? Plus que jamais nous avons besoin d’analyse financière et extra-financière.

Les sujets climatiques et humains ne peuvent plus être mis de côté. Il est trop tard et il serait sans doute plus qu’utile de chiffrer régulièrement le coût de l’irresponsabilité de certains investissements.

Je n’imaginais pas 31 ans après faire ce pladoyer pour la Bourse, mais quand je constate que la Bourse Chinoise fait jeu égal avec Wall Street, il n’y a aucune raison qu’avec toutes nos PME, nous ne fassions pas plus ici en France.

Si comme me l’a confié récemment un dirigeant on pouvait mettre en avant des opportunités : d’investissement. Exemple ceux qui ont investi dans Google au début ont pu en profiter, même si un particulier met 300 euros et qu’il fait fois 4 ou fois 10, il pourra se payer un voyage ».

Alors que le capital investissement = toujours les mêmes fonds, 200 à 400 personnes en France en profitent.

L’actionnariat populaire personne n’en parle il est pourtant indispensable dans la bataille mondiale qui se joue entre les différentes zones du Monde, il faut attirer plus d’entreprises chez nous en France.

Oui c’est de la redistribution mais je crois que personne ne vous en a parlé comme çà !

Moi je me le permets;)

Didier TESTOT Fondateur LA BOURSE ET LA VIE TV décembre 2020

Print Friendly, PDF & Email

Didier TESTOT : “La Bourse et la Vie des entreprises et de leurs dirigeants depuis 1989” : Depuis 31 ans, Didier Testot, le Fondateur de LA BOURSE ET LA VIE TV suit les entreprises et leurs dirigeants