Guerre en Ukraine : la France devrait réfléchir à constituer une économie de guerre.
L'info éco + avec Didier Testot Fondateur de LA BOURSE ET LA VIE TV sur Sud Radio (13 mars 2022)

13 mars 2022 14 h 52 min
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L’INFO ECO + avec Didier TESTOT FONDATEUR DE LA BOURSE ET LA VIE TV

#SudRadio] 🔴 Cette semaine, Didier TESTOT revient dans “l’Info éco +” avec Jean-Marie Bordry sur la guerre en Ukraine et l’impact sur l’économie, la France serait bien avisée de mettre en place une “économie de guerre”.

Et l’on commence Didier une nouvelle semaine de guerre et donc de conséquences économiques.

C’est vraiment quasiment minute par minute, jour par jour que les annonces militaires, diplomatiques, les déclarations des uns et des autres ont influencé les marchs financiers. La fin de semaine avec la déclaration du Ministre Russe des Affaires étrangères Sergey Lavrov Jeudi « Ce n’est pas la Russie qui a attaquée l’Ukraine » n’est pas là pour rassurer les Etats voisins de l’Ukraine et par la même l’Europe. Toujours le pétrole qui continue son parcours, le blé ou le Nickel qui a connu un coup de chaud historique. Passant de 30.000 à 100.000 dollars en deux jours. La Russie est le premier producteur au monde du nickel utilisé dans les batteries des voitures électriques. Tous les records historiques sur les bourses des métaux de Londres (LME) et Shanghai (SHFE), en dépassant les 100 000 dollars la tonne à Londres. Au point que le London Metal Exchange a décidé de suspendre les échanges le 8 mars, pour la première fois en 145 ans, au terme d’un emballement pendant la nuit. En 2020, « la Russie avait produit 283 000 tonnes de nickel métal, soit 11,27% de la production mondiale »

Le niveau des stocks de nickel, au plus bas depuis 2019, à 76 830 tonnes dans les entrepôts sous surveillance du LME, a contribué à nourrir l’inquiétude. Certains acteurs industriels ont préféré couvrir leurs besoins en achetant massivement des lots avant une potentielle hausse, ce qui a déjà fait quadrupler le cours du nickel la semaine précédente.

Didier que c’est-il passé exactement sur ce marché ?

Les spécialistes parlent de mouvement de panique sur ce marché. Il y avait des positions vendeuses importantes sur ce marché, Bloomberg, l’agence parle d’une grande banque chinoise et d’un grand producteur de nickel. Avec la récente flambée des prix, leur stratégie s’est révélée infructueuse. Or, il ont été obligé d’acheter le métal pour clore leur position et respecter les termes de leurs contrat, ce qui a fait grimper artificiellement les cours. « Short Squeeze ». mais cela va conduire également à des hausses sur les prix de l’acier. Les conséquences pour l’industrie auto, déjà secouée par les pénuries de semi-conducteurs reste difficile à mesurer. Et pour ceux qui misaient sur l’électrification dont je vous parlais pas plus tard que la semaine dernière, il va falloir trouver de nouveaux approvisionnements. Et c’est le cas dans de nombreuses industries, au fil des jours et des semaines, de nombreux secteurs sont concernés et cela aura un impact économique certain. 

Didier pouvions-nous être préparé à ce qui se passe en ce moment sur le plan économique ?

Il ne faut pas être prétentieux personne ne peut prévoir les guerres et leurs conséquences. Par contre, se dire qu’il n’y aurait plus de guerre en Europe sans voir ce qui se passait à l’Est avec le renforcement militaire Russe puis l’invasion de la Crimée en 2014 en mettant cela sur le compte d’excès pas dérangeants pour l’Europe était une erreur. Ce que je vous ai dis sur Sergei Lavrov montre bien que personne ne peut dire ce que la Russie va finalement faire. Et cela remet en cause notre Défense pas seulement militaire mais aussi économique. Nous avons eu un premier coup de semonce mondial avec la pandémie et les confinements en 2020. Nous avons réalisé à cette occasion que la Mondialisation ce n’est pas qu’acheter des produits pas cher, on le savait par les déserts industriels Français que cela créait, mais on avait oublié à quel point nous dépendions de ces pays, la Chine notamment pour de nombreux produits. Notre déficit commercial est pourtant toujours aussi important. Mais sans guerre, sans pandémie, nous nous sommes bercés d’illusion sur ce monde sans heurts. Où nous pouvions acheter un teeshirt à 4 euros qui venait jusqu’à nous par containers ou tel dernier smartphone au design Californien mais à la fabrication chinoise. Cette mondialisation qui a fait mal dans notre pays comme dans d’autres mal préparé a aussi sorti de la misère des millions de personnes en Asie. Mais la guerre en Europe, chez nous, vient nous rappeler une nouvelle fois d’autres dépendances, celles-ci directes, l’énergie, avec le gaz russe par exemple ou les engrais et le blé. Et là ce sont toutes nos politiques économiques et les choix faits notamment par l’Allemagne qui posent question.

Didier aurait-il fallu aller plus loin et prendre d’autres décisions pour la France ?

Je n’aime pas bcp l’idée du couple franco-allemand si cher à nos commentateurs professionnels, la France doit avoir les moyens de sa politique non pas contre l’Allemagne mais pour préserver son avenir.

Et ce qui manque aujourd’hui de nos politiques au-delà des déclarations fortuites lors des élections, c’est une vision. Celle par exemple après deux alertes mondiales (pandémie et Ukraine) de savoir construire avec nos territoires, régions, comme vous voudrez, une économie de guerre, pas le quoi qu’il en coûte, non, le « au cas où », nous tenons combien de temps ? »

Et là cela veut dire un travail sérieux : fournisseurs, sécurité des approvisionnements, stockage en France, fiabilité des pays «amis ». Pour être prêt au cas où. Cette économie de guerre nous a manqué avec la Covid, le Doliprane n’était même plus disponible ici. Et les masques avaient disparu. La guerre des Russes en Ukraine doit cette fois nous conduire à ne pas remettre à demain cette réflexion que je partage avec vous aujourd’hui. Et cela concerne notre industrie de défense, nos services tech cf cyberguerre, mais aussi nos agriculteurs dans la durée. Il faudra combien d’alertes, combien d’erreurs d’analyse, oui les 150.000 hommes de Poutine n’étaient pas là pour prendre des vacances en Ukraine. C’est essentiel de construire cette économie, qui coûtera quand elle ne servira pas c’est sûr, mais servira en temps de guerre à avoir de vrais moyens de pression sur ceux qui portent atteinte à nos valeurs démocratiques. Ce débat doit être lancé car rien ne nous dit que le prochain sur la Liste n’est pas Taïwan qui plongerait le monde dans l’obscurité, sans puces, nous ne pouvons plus rien faire dans un monde technologique. Ou les Balkans en Europe. Et il y a urgence exemple avec l’industrie spatiale : Plus d’avions russes ou ukrainiens Antonov pour transporter les satellites d’Airbus et de Thales Alenia Space (TAS), plus de lanceur Soyuz pour mettre ces satellites en orbite, …… L’industrie spatiale européenne dépend de fournisseurs russes et ukrainiens. Là aussi la guerre en Ukraine révèle nos trous stratégiques pour notre filière spatiale européenne. Au-delà des politiques, nos militaires ont aussi leur part de responsabilité même si le politique décide, l’aveuglement général face à la stratégie Russe, risque mon général de nous coûte très cher !

 

NDLR : se référer à la vidéo pour le contenu exact de cette émission.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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