Intelligence artificielle : un boom technologique aux airs de bulle spéculative ?.
L'info éco + avec Didier Testot Fondateur de LA BOURSE ET LA VIE TV sur Sud Radio (12 octobre 2025)
« L’info éco + » cette semaine avec les thèmes suivants liés à l’actualité économique :
Didier, le secteur de l’intelligence artificielle est en plein boom, les cartes sont redistribuées, expliquez-nous.
C’est un secteur stratégique, avec des noms désormais dans le grand public, si je vous dis Chat GPT ou Nvidia pour les puces, Mistral Ia le français qui a fait parlé de lui avec la taxe Zucman, des applications d’intelligence artificielle qui permettent de répondre à de nombreuses requêtes et ce dans le monde entier. La demande a juste explosé. Et cette semaine ce qui s’est passé aux Etats-Unis est important pour le secteur. Le Pdg de Open AI, Sam Altman a signé avec AMD un autre américain et fabricant de puces pour développer les infrastructures nécessaires. Cette bataille en cours est impressionnante avec Nvidia qui reste le fournisseur de puces préféré des entreprises d’IA. Nvidia qui a signé en septembre un accord à 100 milliards de dollars avec Open AI. La concurrence est là tout de même avec Google ou Amazon qui conçoivent et commercialisent leurs propres puces d’IA.Et OpenAI a récemment signé un contrat de 10 milliards de dollars avec Broadcom pour la fabrication de sa propre puce. Côté puissance Nvidia lancera l’année prochaine sa très attendue puce Vera Rubin, promettant qu’elle sera plus de deux fois plus puissante que sa génération actuelle, baptisée Grace Blackwell. L’objectif de Sam Altman selon le WSJ est de sécuriser suffisamment de capacité de centres de données pour remporter la course au développement des systèmes d’IA. Bref, tout se met en place aux Etats-Unis notamment sur ce secteur incontournable, mais qui suscite aussi des interrogations, voire des doutes, sur une bulle financière qui ne dit pas son nom.
Didier, une question se pose ces investissements que vous mentionnez seront-ils un jour rentables ?
J’ai envie de dire c’est la question à quelques trillions de dolalrs ! Car déjà l’essor de l’intelligence artificielle a donné lieu à l’une des frénésies immobilières les plus coûteuses de l’histoire. Selon le WSJ, au cours des trois dernières années, les grandes entreprises technologiques ont investi davantage dans des centres de données IA comme celui d’Ellendale, ainsi que dans les puces et l’énergie, que le coût de construction du réseau autoroutier inter-États sur quatre décennies, en tenant compte de l’inflation. Alors les partisans de l’IA comparent cet effort à la révolution industrielle. Mais le sujet de fond c’est que personne ne sait comment, ni quand, il récupérera son investissement. Car cela reste un pari spéculatif sur l’amélioration rapide de la technologie et sa transformation de l’économie et sa rentabilité.Cette bulle pour certains investisseurs rappelle celle du développement des infrastructures internet de la fin des années 90. Avec le secteur telecom en première ligne, qui par la suite fut touché par l’éclatement de la bulle internet avec des investissements non rentables. Et selon les spécialistes Les chiffres d’aujourd’hui sont bien plus importants que ceux de la bulle Internet, ce qui implique qu’un changement massif dans l’économie serait nécessaire pour que ces investissements en valent la peine. Les consultants de Bain & Co. ont estimé que la vague de dépenses en infrastructures d’IA nécessiterait 2 000 milliards de dollars de revenus annuels en IA d’ici 2030. À titre de comparaison, cela représente plus que les revenus combinés d’ Amazon , Apple , Alphabet , Microsoft, Meta et Nvidia en 2024 , et plus de cinq fois la taille de l’ensemble du marché mondial des logiciels par abonnement pour donner un ordre d’idées. En réalité, l’histoire regorge de bulles technologiques qui éclatent. Un rapport du MIT Institut de technologie du Massachusetts révèle que 95 % des organisations interrogées ne tirent aucun retour sur leurs investissements en produits d’IA. Et contrairement aux câbles à fibre optique de l’essor des dot.com, les puces d’IA les plus récentes perdent rapidement de la valeur à mesure que la technologie progresse, à l’instar d’un ancien modèle de voiture.
Didier, pour finir, comment les marchés financiers ont réagi cette semaine à l’imbroglio politique ?
Après l’annonce surprise de la démission de Sébastien Lecornu lundi, avec une chute du CAC40les marchés ont retrouvé un peu de calme avec notamment l’évocation d’une possible suspension temporaire de la réforme des retraites. Côté taux d’intérêt, l’écart entre les taux 10 ans de la France et de l’Allemagne (le « spread ») s’est un peu amélioré. Les taux de la France sur le marché obligataire souverain se sont également légèrement détendus. Sur le fond, l’instabilité politique et la suspension temporaire de la réforme des retraites ne fait que décaler le problème. Et c’est sans doute ce que risquent de rappeler les agences de notation Moody’s et S&P Global fin octobre et en novembre, après la dégradation de la note souveraine de la France par Fitch il y a quelques semaines…Sur le fond cette semaine l’or a passé les 4000 dollars l’once, ce qui n’est pas un signe de confiance sur l’état de l’économie mondiale. Aux Etats-Unis le Shutdown continue. (dette pas accord budgétaire)
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