Interview François Chevallier Stratégiste Banque Leonardo "Il y a un potentiel sur les actions européennes".
Tv Bourse : Stratégie d'investissement et perspectives des différents marchés

16 mars 2014 15 h 34 min
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Bourse : Stratégie d’investissement et perspectives des différents marchés

Avec mon invité François Chevallier, Stratégiste à la banque Leonardo, retour sur l’actualité éconoique et financière, comment évolue la stratégie d’investissement, Etats-Unis, Europe, les marchés actions sont-il encore à privilégier ?

Web TV www.labourseetlavie.com : François Chevallier, bonjour. Vous êtes stratégiste à la banque Leonardo. On va parler avec vous de marchés et de perspectives sur ces marchés. On a eu quelques soubresauts finalement, cette année 2014 qui semblait si facile, avec une nouvelle année de croissance pour les marchés actions, cela devient un peu plus compliqué. Comment vous analysez, vous, les dernières semaines sur les marchés ?

 

François Chevallier, stratégiste à la Banque Leonardo : En réalité, personnellement, je m’attendais à une année plutôt flat, 2014, parce que cela ressemble beaucoup à l’année 2004. On a largement anticipé la reprise, au moins en Europe, et donc là, l’idée, c’était tout de même que il fallait attendre pour que cela continue, que les profits remontent, et à ce moment-là, cela conduirait à une normalisation des valorisations. Donc moi je m’attendais plutôt un scénario flat. Finalement j’ai changé. Et ce que l’on peut observer sur les marchés, c’est qu’ils ont finalement assez bien résisté. Il y a eu depuis le début de l’année deux à trois chocs. Le premier choc, cela a été le fait que la Fed continue son resserrement de politique monétaire, continue à retirer des liquidités sur les marchés. Le deuxième choc, ce sont les devises émergentes avec en particulier la Turquie et l’Argentine. Le troisième choc c’est la Crimée. Donc finalement, au final, moi je trouve que c’est plutôt l’inverse. Je trouve que… J’étais parti pour 0, on est à 0, mais je trouve que les marchés ont plutôt bien résisté. Alors cela peut suggérer, vouloir dire plusieurs choses, en particulier que les chocs ne sont pas si terribles que cela, mais c’est tout de même une preuve que les marchés étaient plus solides que l’on pouvait l’imaginer.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : En même temps, on peut se dire, aussi bien pour les États-Unis que pour l’Europe, même pour les pays émergents, on attendait confirmation quand même… si on prend les États-Unis et l’Europe pour commencer, de retour à la croissance pour les États-Unis, et peut-être l’Europe un peu de mieux ?

 

François Chevallier, stratégiste à la Banque Leonardo : Oui, sur les États-Unis, c’est très clair. Les chiffres américains, les statistiques américaines sont perturbés depuis deux mois par une vague de froid exceptionnel. On en a eu la preuve dans le dernier ISM, l’ISM de février, puisqu’on a vu en même temps les stocks et les délais de livraison remonter. Donc ce n’est pas possible, donc il faut faire extrêmement attention. Les chiffres sont biaisés dans le cas des États-Unis. Et par exemple, vous savez que pour l’indice des directeurs d’achat, on a l’indice ISM, mais on a aussi de PMI de la société Markit pour les États-Unis, il est ressorti en février à un niveau extrêmement élevé de 57, ce qui veut dire que l’on aura sans doute des surprises, des surprises agréables, concernant les États-Unis. Maintenant, sur l’Europe, la grande nouvelle, c’est tout de même de voir que la reprise s’étend en Europe et en particulier englobe l’Europe du Sud, et tout particulièrement la péninsule Ibérique qui s’en sort très bien, l’Espagne, le Portugal, et particulièrement le Portugal, et cela dans des pays qui n’ont rien relâché concernant leurs comptes publics, cela veut dire que les performances à l’export sont excellentes, excellentes pour l’Espagne, excellentes pour le Portugal. Donc ça c’est vraiment la très bonne nouvelle. Cela prouve que les réformes qui ont été entreprises en Europe ne l’ont pas été en vain et que les pays qui les ont appliquées entier aujourd’hui les bénéfices. En revanche, dans cette reprise européenne qui s’étend, la France fait exception parce qu’elle n’a justement pas engagé jusqu’à présent de réforme.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : C’est justement une des questions qui arrive fréquemment pour certains investisseurs en se demandant « est-ce que la France ne va pas être le mouton noir ou le problème de l’Europe ? », effectivement la reprise qui se dessine à peu près partout sauf en France ?

 

François Chevallier, stratégiste à la Banque Leonardo : Oui, elle l’est d’ores et déjà en ce moment. Nos performances à l’exportation… justement, la croissance, puisqu’on ne peut plus compter sur l’argent public,  ce qui fait la différence, ce sont les performances à l’exportation, et c’est là où la France est la dernière. Elle est la dernière en termes de croissance et on le vérifie tous les mois à travers deux statistiques qui sont extrêmement importantes, Eurostat, le sentiment économique qui mélange la confiance des industriels et le moral des ménages, mais aussi les fameux indices PMI, indices des directeurs d’achat, et qui montrent que la France est vraiment en dernière position. On s’est même fait doubler par la Grèce sur l’industrie manufacturière, sur la reprise manufacturière, pas en termes de richesse, la France reste la cinquième puissance mondiale, mais oui, la France fait exception. Alors, je pense que c’est une des raisons, on a dit que le président s’était converti à une politique d’offre, ce n’est pas sans raison qu’il s’est converti, c’est parce que on ne peut rien faire d’autre. On est vraiment… La France est à bout de souffle et elle doit entreprendre ce que les autres ont fait, soit spontanément, soit sous la pression des marchés.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Justement pour les investisseurs, on a senti tout de même cette préférence pour les marchés actions très nette, d’ailleurs année 2012 très bonne pour les actions, on a suivi de 1013, très bonne pour les actions, 2014 on partait là-dessus. Est-ce que cela veut dire qu’il faut rester sur cet environnement actions pour le stratégiste que vous êtes ou que sur la partie obligataire puisque l’on a vu aussi les chocs que vous avez rappelé sur les pays émergents ont amené peut-être de la performance pour certaines parties obligataires ?

 

François Chevallier, stratégiste à la Banque Leonardo : Oui, alors, concernant les pays émergents, je pense que c’est trop tôt, c’est toujours trop tôt pour revenir sur les pays émergents qui n’ont plus jamais surperformé nos marchés depuis 2007, donc c’est vraiment une vieille histoire. Là, il y a vraiment une crise, il y a un ralentissement, une crise qui est d’ailleurs endogène, elle n’est pas liée au changement de politique monétaire aux États-Unis, c’est purement endogène. Donc je pense que sur les émergents, c’est trop tôt. Sur les actions européennes, vous avez raison de dire, on a eu deux années excellentes. En fait, Mario Draghi, lorsque Mario Draghi a déclaré que l’euro était irréversible, cela a tout changé. Au départ ce ne sont que des valeurs financières qui sont remontées, mais on a vu l’an dernier les valeurs cycliques. En fait, l’an dernier, ce qui a fait le marché, ce sont toujours les valeurs financières, mais surtout les valeurs cycliques, les banques d’ailleurs sont des valeurs cycliques, mais pas les valeurs dites défensives ou non cycliques, déjà touchées par le ralentissement des pays émergents. Donc, ce qui se passe sur les marchés actions, c’est que oui ils ont anticipé la reprise, et que… je dis, moi je m’attendais plutôt à une année flat. En réalité, on s’aperçoit que finalement le risque à être investi sur le marché actions n’est pas si énorme puisque les actions ont extrêmement bien résisté aux chocs jusqu’à maintenant. Et puis il y a pas beaucoup d’alternatives parce que les taux sont extrêmement bas, que les actions émergentes, donc, ne séduisent plus et les actions américaines finalement, qui sont valorisées à peu près de la même façon que les actions européennes, sont en réalité surévaluées parce que les États-Unis sont en haut du cycle. Donc ils appliquent les mêmes multiples à des profits qui sont très élevés. Nous, nous appliquons des multiples américains mais à des profits qui sont très bas. Donc oui, moi je serais tenté de dire que l’on peut faire le pari de Pascal c’est-à-dire que finalement il n’y a pas grand-chose à perdre et que l’on peut espérer encore gagner, en tout cas beaucoup plus que sur les taux.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Ce qui veut dire… cela n’empêche pas qu’il y ait des nouveaux soubresauts, qu’il y ait des nouvelles…, mais cela serait plutôt une opportunité d’investissement si il y avait d’autres crises ou d’autres… des replis à venir ?

 

François Chevallier, stratégiste à la Banque Leonardo : Absolument, c’est vraiment la conclusion, c’est qu’il ne faut pas hésiter encore pour le moment à investir dans les phases de repli en Europe parce qu’il y a un potentiel. Finalement, vous savez, les actions européennes, on a dit qu’elles pouvaient être considérées comme chères parce que valorisées de la même façon que les actions américaines lorsque l’on retire les secteurs décotés. Vous vous apercevez que par rapport au cycle des profits, comme on est en bas de cycle, elles ne sont pas… c’est en cohérence avec le bas de cycle, et donc finalement il y a un potentiel sur les actions européennes que l’on n’a plus par exemple sur les actions américaines.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Voilà, ce sera le mot de la fin. Merci d’avoir fait le point avec nous, François Chevallier, donc stratégiste à la Banque Léonardo.

© www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés, le 17 mars 2014

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