Philippe Santi Directeur Général Délégué Inter Parfums.
Interview sur les résultats annuels 2010 et les perspectives

9 mars 2011 9 h 00 min
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Inter Parfums : Vidéo sur les résultats annuels 2010.

Retour sur les résultats annuels 2010 du spécialiste de la création et de la distribution de parfums, l’évolution de la stratégie, la situation de la licence Burberry, les perspectives avec Philippe Santi Directeur Général Délégué Inter Parfums.

Web TV www.labourseetlavie.com : Philippe Santi, bonjour, vous êtes le Directeur Général Délégué d’Interparfums. Alors, on va revenir avec vous sur vos résultats, sur les perspectives. Année 2010 de nette croissance, presque plus que ce que vous aviez anticipé, qu’est-ce qui a tiré, je dirais, la croissance de cette année 2010 ?

Philippe Santi, Directeur Général Délégué de Interparfums : Plusieurs éléments. Il est indéniable que le marché des parfums et cosmétiques est meilleur, a été très bon en 2010, c’est vrai pour nous, c’est vrai pour les autres, et que par rapport à une période 2009 un peu plus, on va dire, moyenne, on est revenu sur des volumes de vente beaucoup plus importants, ça c’est la première chose. La deuxième chose, c’est qu’on a eu pas mal de lancements, un peu comme chaque année, mais des lancements importants sur des marques majeures comme Burberry, comme Van Cleef, comme Lanvin, et tout ça, plus une activité récurrente sur des lignes historiques qui fonctionnent bien, ce qui est très important dans notre modèle à nous, donne une année en forte croissance en l’occurrence de 18 %.

Web TV www.labourseetlavie.com : Quand on regarde dans le détail sur les zones, on voit des croissances fortes en Asie, on voit l’Europe de l’Est aussi, quand on regarde le marché français, 5 %, il est un peu, on va dire lui un peu particulier ce marché français ?

Philippe Santi, Directeur Général Délégué de Interparfums : Il est un peu particulier parce que c’est un marché français essentiellement de marques françaises, et même si Burberry est une marque internationale très connue et qui est en croissance, c’est plus difficile. Maintenant, avec Van Cleef, avec Lanvin, on a des bonnes perspectives de croissance même si la performance, on va dire, a été correcte, sans plus, sur ce marché-là en 2010.

Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté justement des consommateurs, on dit que dans les périodes un peu difficiles de crise, peut-être que l’achat parfum est moins évident, ça a pas été le cas ou ça a été le cas dans certains pays quand même ?

Philippe Santi, Directeur Général Délégué de Interparfums : C’est pas tellement le cas puisque le parfum, vous le savez, c’est quand même un produit à un prix relativement abordable, c’est le vecteur d’accès à une marque de luxe, une taille moyenne c’est 50-60 €, et ça reste hormis l’olfaction un produit d’une marque, d’une ambiance qu’on aime et je pense que les consommateurs, même mondialement parlant, se coupent pas de ce genre de produits.

Web TV www.labourseetlavie.com : Qu’est-ce qui s’est passé justement en termes de prix ? Les prix des parfums augmentent ou ils restent stables ? Comment ça se passe ?

Philippe Santi, Directeur Général Délégué de Interparfums : Ils ont plutôt eu tendance à augmenter ces dernières années, on voit des grandes marques prestigieuses pour les grandes tailles, on dépassait la barre des 100 €. Nous, on a eu la volonté avec une marque Van Cleef depuis le début de la positionner, de faire des produits très beaux et de la positionner très haut de gamme avec des prix largement au-delà de 100 €. Mais on voit que les autres arrivent à faire des choses de ce niveau-là. Donc pour des beaux produits, il y a une augmentation légère mais assez récurrente des prix de vente, oui.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on savait que pour les parfums, ce qui compte aussi au départ ce sont tout ce qui est lancement, marketing, publicité. Comment évoluent justement ces dépenses ?

Philippe Santi, Directeur Général Délégué de Interparfums : Alors, c’est un peu vrai pour beaucoup de marques, c’est moins vrai pour nous puisque nous le principe, le business model a toujours été d’accompagner la marque et les lignes dans la durée. Donc, évidemment on n’a pas la puissance de feu de nos grands concurrents mais l’idée c’est de dépenser au moment du lancement, mais de dépenser également après. Et c’est pas uniquement des pages de pub dans les magazines, c’est un tas d’outils qui sont des outils sur les points de vente, des opérations spéciales, des promotions, voilà. Donc ça on continue et nos budgets ils augmentent chaque année mais pas uniquement liés au lancement. Il y a rien de plus embêtant ou ça serait dommage finalement d’avoir, de remplacer des ventes de lignes récurrentes parfois pour des lignes qui ont été lancées il y a cinq ans, dix ans, voire quinze ans par la nouveauté. Donc il faut aussi les entretenir et les supporter avec des budgets conséquents. Or, on a un business model avec beaucoup de charges variables, ce qui nous permet dans des augmentations relativement raisonnées d’avoir des budgets qui eux, même en marketing et publicité, augmentent sensiblement d’année en année. Notre budget pub marketing 2010 il a augmenté de plus de 30 % par rapport à 2009.

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce que la part de l’Internet progresse aussi ? On sait que c’est devenu un enjeu pour en tout cas un certain type de clientèles, est-ce que ça évolue pour vous aussi ?

Philippe Santi, Directeur Général Délégué de Interparfums : Oui, oui, oui. Ça évolue, ça évolue à travers les sites de vente de nos partenaires au niveau de distribution. Nous c’est plus un vecteur d’images et de promotion pour l’instant, mais en termes de vente c’est évidemment au niveau de ce qu’on appelle dans notre jargon du Retail.

Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté de la stratégie du groupe et notamment les analystes, on les voit parfois évoquer un problème Burberry, alors Burberry c’est important pour vous, vous l’avez rappelé. Est-ce que pour vous c’est déjà, c’est un problème ou au contraire c’est, je dirais, ça fait partie des gênes en quelque sorte d’Interparfums ?

Philippe Santi, Directeur Général Délégué de Interparfums : Alors, je vois absolument à quel sujet vous faites référence. On a communiqué largement dessus à la fin du mois de décembre 2010 et au début janvier. Il s’avère que dans le contrat qu’on avait signé en 2004 d’une durée de 12 ans, à échéance au 31 décembre 2016, Burberry avait deux options, une en 2008 et une en 2010, qui étaient des options qui moyennant finances leur permettait de récupérer activité parfum.

Au moment des discussions en 2004, bon, on avait convenu de cet élément-là. L’année 2010, il n’y a pas que l’année 2010, mais l’année 2010 a été particulièrement brillante pour la marque en elle-même et elle a, je dirais, fait une espèce de business review de tous ses métiers et, évidemment, pour le parfum c’est Interparfums, pour les lunettes c’est Luxottica, il y a un licencié pour les montres, etc. et l’idée, c’était de se dire bon la marque un momentum extraordinaire, elle a doublé son chiffre d’affaires en quatre ans, comment peut-elle se développer à l’avenir et comment ses partenaires entre guillemets « licenciés » peuvent l’aider ?

Donc on fait une espèce de revue et on se dit voilà bon pour pas précipiter ces aspects-là, on va prolonger d’un an la durée du contrat, on va prolonger d’un an la durée de l’option et on va prolonger d’un an également une option qu’on avait possible d’extension de cinq ans. Donc aujourd’hui où est-ce qu’on en est ? On en est que on est très concentré avec l’aide de Burberry sur deux points importants, le premier c’est le lancement d’une ligne féminine qui interviendra au mois de septembre sur lequel on va mettre beaucoup de moyens, avec vraiment de grandes ambitions, une ligne qui est très cohérente, un très bon jus, un très bon nom, et sur laquelle Burberry est très supportive c’est-à-dire que on a eu un séminaire au mois de février où on a fait venir l’ensemble de nos distributeurs du monde entier. Burberry était là pour montrer les collections, pour appuyer le lancement et donc ils sont très motivés et on pense que on a vraiment un grand lancement en septembre.

Deuxième élément c’est le maquillage qui est un axe qu’on a ouvert l’année dernière en ouvrant 30 points de vente, donc l’année dernière en 2010, on va en ouvrir une trentaine cette année et comme le momentum, comme je le disais tout à l’heure, sur la marque est très grand, bon ben on a ensemble eux et nous, des ambitions pour aller plus loin et on est en train de se parler pour aller plus loin. L’échéance de l’option c’est 31 décembre 2011. Aujourd’hui il n’y a pas de discussions, on a, ils ont cette échéance (…) mais bon aujourd’hui on a de bons espoirs pour continuer encore longtemps avec eux.

Web TV www.labourseetlavie.com : Ça veut dire que de votre point de vue vous l’envisagez pas comme un risque, mais

Philippe Santi, Directeur Général Délégué de Interparfums : Non, elle existe, mais je pense qu’on fait ce qu’il faut pour leur montrer que nous on a de grandes ambitions et que aujourd’hui si la marque en gros est à 200 millions d’euros, aller sur des niveaux beaucoup beaucoup plus élevés c’est tout à fait possible dans l’orbite et dans l’organisation interne d’Interparfums avec eux.

Web TV www.labourseetlavie.com : Ça veut dire quand même à moyen terme que vous devrez chercher, que vous devrez, je dirais, peut-être réitérer ce type d’accord avec d’autres marques.

Philippe Santi, Directeur Général Délégué de Interparfums : Alors, c’est aussi pour ça, les deux éléments ne sont pas liés, mais, depuis maintenant, je dirais, cinq ou six ans, depuis qu’on a racheté l’activité Lanvin Parfums, l’idée c’est aussi d’étoffer le portefeuille. On a signé avec Jimmy Choo qui est un lancement en ce moment qui démarre et plutôt très bien, voire très très bien. On a signé avec Montblanc, on a un lancement qui interviendra au mois d’avril, donc deux marques dans des univers très différents. On a signé au mois de décembre avec Boucheron en reprenant une activité qui était gérée par L’Oréal jusqu’à maintenant sur lequel c’est une marque magnifique qui a eu son heure de gloire dans les parfums. Donc les trois ensemble nous amènent potentiellement un chiffre d’affaires très important et qui nous permettra de rééquilibrer un peu le portefeuille avec toutes nos marques.

Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté des perspectives, on va dire, à plus court terme, c’est-à-dire le début d’année 2011, l’année 2011 comment vous l’envisagez de vous ?

Philippe Santi, Directeur Général Délégué de Interparfums : Le début de l’année est excellent autant sur les lignes qui existent maintenant depuis de nombreuses années que sur le tout début du lancement de cette ligne Jimmy Choo puisqu’il y a trois axes majeurs en ce moment dans une première vague.

Il y a les Etats-Unis où la marque est très connue, où on a des scores très élevés, on a une exclusivité de un an avec Saks où on a des scores très élevés et la ligne sur plusieurs semaines est numéro un dans tous les Saks des Etats-Unis.

Deuxième élément c’est évidemment au Royaume-Uni où la marque est connue et on a même si on a moins d’exclusivité on a des très bons « ranking » chez Harrods et Selfridges.

Et le troisième élément en ce moment c’est qu’on a une exclusivité d’un an avec Sephora qui met beaucoup de moyens à notre disposition pour lancer la ligne en France, en Italie, en Pologne une dizaine de pays européens.

Donc, on a ces trois vagues en ce moment qui accompagnent une activité récurrente qui est très bonne.

Web TV www.labourseetlavie.com : En conclusion, la situation financière est plutôt bonne à l’issue de cet exercice 2010 avec une trésorerie, on peut le rappeler, un peu plus de 57 millions d’euros, alors on sait que la trésorerie ça rapporte pas grand-chose aux entreprises, aujourd’hui à quoi peut-elle servir ?

Philippe Santi, Directeur Général Délégué de Interparfums : Elle peut servir si on a l’opportunité, une opportunité intéressante de la dépenser. On a versé un droit d’entrée à Boucheron en décembre 2010 qu’on a prélevé sur les fonds propres, on n’a pas utilisé d’endettement pour ce décaissement. On continue à rechercher des opportunités. Alors c’est vrai que la situation financière est excellente, on a 190 millions de capitaux propres, vous l’avez dit, on a près de 60 millions de trésorerie, 12 millions de dettes donc ça fait à peu près 45 millions de trésorerie nette. Le résultat était en forte croissance, la profitabilité s’est améliorée sensiblement et on va distribuer un dividende en hausse de 35 %. Donc financièrement on a tous les moyens et toute la configuration qui nous permettent d’envisager très sereinement une vraie opportunité importante mais il n’y en a pas non plus tous les jours.

Web TV www.labourseetlavie.com : Très bien. Merci d’avoir fait le point avec nous Philippe Santi.

Philippe Santi, Directeur Général Délégué de Interparfums : Merci

Web TV www.labourseetlavie.com : Je rappelle que vous êtes le Directeur Général Délégué d’Interparfums.

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