Gilles Bogaert Directeur Général Adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard, .
Interview sur les résultats annuels 2010/2011 et les perspectives

16 octobre 2011 15 h 31 min
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Pernod Ricard : Résultats annuels 2010/2011.

Retour avec Gilles Bogaert Directeur Général Adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard, sur l’année 2010/2011 du groupe de vins et spiritueux, et les perspectives pour l’exercice en cours.

Web TV www.labourseetlavie.com : Gilles Bogaert bonjour. Vous êtes Directeur Général adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard. On va revenir avec vous sur votre exercice et puis sur les perspectives, sur la croissance de l’activité qui a été de 8 %, croissance également des résultats, qu’est-ce qui a été important pour vous justement sur cette année ?

 

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard : L’accélération de la croissance. Je pense que globalement on a une croissance organique du chiffre d’affaires de 7 %, elle était de 2 % l’année dernière. On a eu une accélération de la croissance dans les pays émergents qui ont crû de 17 %, ils représentent maintenant 38 % de l’activité du Groupe, et en même temps on a eu un retour à la croissance des pays occidentaux qui avaient souffert au début de la crise et qui ont rebondi, que ce soit les États-Unis qui ont été en croissance de plus de 2 % ou l’Europe Occidentale, même si on a encore quelques situations contrastées et quelques points noirs par exemple en Espagne ou en Grèce.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Le plus surprenant c’est les pays matures qui reviennent ou qui sont revenus ou c’était attendu effectivement que ces pays qui avaient été peut-être assez touchés finalement reviennent petit à petit dans la tendance ?

 

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard : Je pense que le retour à la croissance a contribué largement à cette bonne, à cette très bonne performance d’ensemble, de même que l’accélération de la croissance, que ce soit en Chine, en Inde ou en Amérique latine par exemple ou le rebond en Europe de l’Est, c’est une zone qui avait souffert en début de crise et qui a fortement rebondi, on est revenu sur des belles croissances à deux chiffres, donc je dirais que c’est la combinaison des deux.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot peut-être sur le dernier trimestre où là il y a eu une baisse d’activité, elle est due à quoi ce -1 % ?

 

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard : Non, je pense que c’est l’épaisseur du trait. On était à + 6 sur le dernier trimestre, on est à + 7 sur l’année, globalement les tendances sous-jacentes sont les mêmes, le dynamisme des marchés est resté identique, donc le 4ème trimestre s’inscrit parfaitement dans la très bonne performance de l’année.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Oui, ce n’est pas une rupture par rapport à une tendance qui était …

 

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard : Pas de rupture.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Par rapport justement à la situation financière, réduction de la dette aussi sur la période, c’était important pour vous ?

 

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard : C’est un objectif prioritaire depuis trois ans. Chaque année on se désendette un peu plus, cette année n’est pas une exception à la règle, bien au contraire. On a baissé la dette de 1,5 milliard d’euros et notre ratio Dette nette/EBITDA, qui est notre niveau donc de leverage, est passé de 4,9 à 4,4, donc on est très clairement orienté dans la voie du désendettement et on va le poursuivre d’ailleurs l’année 2011-2012.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Comment ont évolué dans cette période vos investissements, investissement marketing, investissements publicitaires ?

 

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard : Alors, tout en dégageant une très belle croissance de notre résultat opérationnel courant de 8 %, on a en même temps continué à soutenir nos marques avec un accroissement de nos investissements de 11 %, avec un ratio qui est passé à 18,9 % du chiffre d’affaires. Pour nous c’est important parce que on l’a fait plus tôt que les autres, on avait commencé déjà l’année dernière à fortement monter nos investissements, on a continué cette année parce qu’on pense que c’est le meilleur moyen de garantir et pérenniser la croissance future.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : On parle bien sûr de marques Premium que vous mettez en avant, ces marques effectivement confirment leur attrait ?

 

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard : Je pense que la « premiumisation » dans laquelle, certes on a toujours cru, y compris au tout début de la crise, elle est plus forte que jamais. Cette année encore les marques Premium ont crû plus vite que le reste du portefeuille, donc nos marques stratégiques, notre fameux Top 14 a crû de 10 % et c’est le cas à la fois dans les pays émergents, il y a un vrai attrait pour les marques Premium, mais également dans les pays occidentaux, même ceux qui ont eu une croissance un peu molle. Je prends pour exemple les États-Unis, premier marché mondial des spiritueux, cette année les marques Premium ont eu une croissance supérieure à celle des marques standard ou « valeur », tout simplement parce que dans notre secteur d’activité les marques Premium sont celles qui font faire un statut aux consommateurs et le consommateur est prêt à payer le différentiel de prix pour avoir des produits de meilleure qualité avec un vrai héritage.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors Pernod Ricard Vins et Spiritueux, sur le marché du vin, là on voit, sur les Premium on est à + 0,4 %, mais on voit des marques qui ont baissé, qu’est-ce qui s’est passé sur ce marché du vin justement sur la période ?

 

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard : Je dirais que les choses vont mieux. En tout cas notre stratégie commence à donner ses fruits. Vous l’avez dit, on est en légère croissance sur nos marques de vins prioritaires, c’est la première fois depuis le début de la crise, et de manière plus intéressante, leur rentabilité a crû de 6 %. Donc notre stratégie de focalisation sur un nombre limité de marques avec quatre origines différentes Premium là encore, comme pour les spiritueux, et avec une base d’actifs allégée pour avoir un meilleur retour sur investissement, commence à délivrer. Alors c’est vrai qu’il y a certains pays où la dynamique reste compliquée comme par exemple au Royaume-Uni mais globalement on a de nouveaux pays qui émergent, c’est le cas de la Chine qui a beaucoup d’appétit, si je puis dire, pour les vins notamment les vins du Nouveau Monde et en l’occurrence Jacob’s Creek a eu une très belle croissance en Chine.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : On parlait donc des spiritueux, est-ce qu’il y a entre les vodkas, les whiskys, qu’est-ce qui se distingue aujourd’hui finalement dans les différents pays ? Est-ce que c’est vraiment, on a vu sur l’Asie, certains produits en particulier mais on sait aussi que le whisky par exemple progresse, qu’est-ce qui je dirais est le plus marquant ?

 

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard : Je pense que scotch et vodka sont les deux plus grandes catégories de spiritueux au monde. Les deux ont connu une très belle croissance cette année. Je dirais que ça dépend des régions, on voit par exemple en Amérique latine il y a un phénomène à la fois scotch et vodka, en Chine c’est plutôt cognac et scotch, donc ça dépend un peu des régions. Mais fondamentalement au-delà des catégories, je pense que ce qui est très important, c’est les marques et une marque finalement peut avoir une très belle performance indépendamment de sa catégorie et je dirais que Absolut sur certains marchés a comme marque concurrente principale non pas des marques de vodka mais parfois des marques de scotch. Ce qui importe avant tout, c’est ce que le consommateur veut, les occasions de consommation, et d’avoir des marques fortes pour servir ces attentes.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors après cet exercice, la tendance du prochain, c’est en route, quelle tendance vous voyez justement se dessiner sur ce premier semestre du nouvel exercice ?

 

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard : Ça se passe bien depuis le début de l’année. Donc on a un recul d’à peu près deux mois, les tendances sont dans la continuité de ce qu’on a pu voir en 2010-2011 et je dirais qu’on aborde cet exercice avec confiance. Le scénario macro-économique, c’est celui d’une croissance qui reste dynamique dans les pays émergents, une croissance qui reste modérée dans les pays occidentaux. On est très confiant dans la force de notre modèle, dans la résistance de nos marchés, notre modèle donc décentralisé, et donc on va continuer à poursuivre les grands axes stratégiques qui ont été, qui ont payé en 2010-2011, « premiumisation », innovation, en utilisant la force de notre portefeuille, la force de notre réseau de distribution et le très puissant levier des pays émergents qui est vraiment un vrai point de différenciation positif de Pernod Ricard.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : A ce jour, vous ne voyez pas en Europe occidentale où avec tous les plans annoncés effectivement de retournement de tendance en tout cas par rapport à ce qui s’était dessiné sur l’année précédente ?

 

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard : Non, globalement les tendances qu’on a constatées l’année dernière continuent. La situation est contrastée en Europe occidentale, il y a des pays qui vont bien. La France a eu une bonne année comme d’ailleurs les deux années précédentes, l’Allemagne se porte bien également. Après c’est vrai qu’il y a des points plus noirs, c’est le cas évidemment de la Grèce, c’est le cas aussi de l’Espagne qui est toujours en baisse. Même sur ces marchés en déclin, en étant innovant, créatif, on a toujours des poches de croissance qu’on peut saisir.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : En conclusion, on a vu dans les plans de réduction des déficits, de nouvelles taxes sur les alcools, est-ce que ça ça a un impact sur Pernod Ricard ? Ce n’est pas la première fois bien entendu pour vous mais est-ce que ça peut avoir un impact sur la stratégie, sur les perspectives de Pernod Ricard ce type de taxes ?

 

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard : Alors c’est vrai que le gouvernement a annoncé une hausse de la taxation sur les alcools. Je dirais que d’un côté on se réjouit que le gouvernement s’attaque au problème des déficits de la dette publique, de l’autre en l’occurrence c’est une mesure qui n’est pas forcément très favorable à la consommation. Et par ailleurs, on la trouve injuste puisque telle qu’elle est présentée à ce stade, elle concerne avant tout les spiritueux, les alcools forts, alors que nous estimons qu’elle devrait concerner l’ensemble des produits alcoolisés. Si on regarde en arrière, la dernière grande augmentation ça avait été en 1993, on avait eu une augmentation de 16 % – cette année la proposition c’est 13 % – et il y avait eu une baisse l’année suivante du marché de 7 %, mais nous on avait plutôt mieux résisté, on avait eu une baisse le 3-4 % parce que nos marques sont plus Premium et plus fortes. Donc si on appliquait cette baisse à ce scénario-là, si la loi était votée en l’état, on aurait probablement un impact très faible sur 2011-2012 compte tenu du stockage que feraient nos clients, par contre il y aurait probablement une baisse l’année suivante qui pourrait être entre 15 et 20 millions d’euros au niveau du Groupe, ce qui globalement est un niveau qui est relativement marginal par rapport à l’ensemble du résultat opérationnel du Groupe qui est de 2 milliards.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci d’avoir fait le point avec nous, Gilles Bogaert, on rappelle que vous êtes donc le directeur général adjoint en charge des finances chez Pernod Ricard.

 

Gilles Bogaert, Directeur général adjoint en charge des Finances de Pernod Ricard : Merci.

 

©www.labourseetlavie.com 1er septembre 2011. Tous droits réservés.

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