Didier Truchot Co-Président Ipsos.
Interview stratégie et perspectives

10 janvier 2011 9 h 19 min
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Ipsos : stratégie et perspectives.

A l’occasion de l’évènement Oddo Midcap qui s’est tenu à Lyon le 6 et 7 janvier, la Web Tv a interviewé Didier Truchot le Co-Président d’Ipsos.

Comment évolue la stratégie, comment s’est passé le deuxième semestre pour le spécialiste des études, comment se dessine 2011 ?

Web TV www.labourseetlavie.com : Didier Truchot, bonjour

Didier Truchot : « Bonjour ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes Co-Président d’IPSOS. On va parler avec vous de stratégie, de perspectives. On a envie de savoir finalement comment s’est passée un peu la deuxième partie de l’année pour IPSOS. On avait vu qu’il y avait eu un retour à la croissance, que la croissance était là. Est-ce que la fin d’année, ou en tout cas la deuxième partie de l’année, a confirmé la tendance ?

Didier Truchot : « Oui. L’année 2010, de ce point de vue, a été beaucoup moins chaotique que 2009 où – disons – le début de l’année avait été très difficile et puis une petite embellie sur les derniers mois.

Là, dès le début de 2010, nos clients ont recommencé à s’intéresser aux conservateurs, à leurs propres clients, commencé à relancer leurs projets en terme d’innovation, d’amélioration de leur position dans le marché, dans les marchés, je dis les marchés puisque, pour nous, comme d’ailleurs pour beaucoup d’autres entreprises, le monde est double entre les pays développés dans lesquels les croissances sont souvent assez modestes, pas toujours, mais souvent assez modestes, et puis les pays émergents dans lesquels IPSOS fait 30 % de son activité et qui sont aujourd’hui au centre de l’intérêt de beaucoup de nos clients et donc de notre propre intérêt ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Clairement, il y a une vraie différence aujourd’hui entre peut-être des marchés aussi qui sont matures, on parle des marchés européens ou des marchés américains et puis des marchés qui ont besoin, qui découvrent ces, effectivement, et avec les consommateurs, avec les besoins derrière, besoins d’études, il y a vraiment deux styles de marchés différents ?

Didier Truchot : « Alors, d’abord, il y a deux types de marchés en termes de taille puisque les pays développés représentent encore aujourd’hui presque 80 % des dépenses marketing des entreprises.

Aussi en termes de rythme puisque, en gros, il y a dix points de différence de croissance entre les pays développés et les pays émergents, en tout cas dans des métiers comme le nôtre et puis, vous parliez de style, et je crois que c’est effectivement important, dans les pays émergents, dans beaucoup de pays émergents, beaucoup de nos clients ont tout à découvrir.

Ils ont à découvrir la culture du pays, la distribution, la façon dont ils vont pouvoir rentrer en concurrence non seulement avec leurs collègues habituels, les autres entreprises internationales, mais aussi comment ils vont pouvoir faire face à la connaissance du terrain, à la compétence et parfois à l’agressivité d’entreprises locales qui sont elles-mêmes en mesure de capter une bonne partie de la nouvelle demande qui s’adresse aux entreprises.

Donc si vous voulez, au total, ce sont des marchés qui sont plus nerveux, plus dynamiques, dans lequel il y a beaucoup de, aussi de défis. Par exemple dans notre cas, la qualité de ce que nous faisons est très liée à la qualité de nos équipes, à leurs formations, à leur stabilité, et comme chacun sait, ce ne sont pas nécessairement des vertus que l’on trouve facilement dans certains de ces pays là, donc, donc c’est intéressant ».

Web TV www.labourseetlavie.com : C’est un peu le problème du temps, ça peut, voilà ça peut prendre peut-être plus de temps

Didier Truchot : « Ca prend du temps sauf qu’on ne l’a pas le temps, puisque dans beaucoup de ces pays, la demande évolue au rythme de 15 à 20 % par an et donc on n’a pas le temps. Alors on fait, on fait comme on peut ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors un phénomène aussi important dans votre secteur, c’est tout ce qui est lié à, bien sûr, à ce qui se passe avec internet, les réseaux sociaux et autres, et pour vous du côté des études, cet, l’outil internet prend sa place ici ?

Didier Truchot : « Alors l’outil internet, si vous voulez, il a deux composantes. Il a une composante qui est une composante de substitution à des outils qui existaient auparavant, donc au lieu d’interroger les clients d’un constructeur automobile par téléphone, on va les interroger via les adresses e-mails qu’ils ont laissées au réseau de distribution. Donc ça – je dirais – dans cet aspect là, il s’agit surtout de travailler avec des bases de coût plus réduites et dans des délais, ce qui est évidemment très important, plus courts. Maintenant l’internet c’est un passage un petit peu aussi des anciens portails aux réseaux sociaux.

Donc c’est aussi la compétition qui se noue aujourd’hui entre – disons – Yahoo, Google et Facebook maintenant. Sur ce dernier aspect, c’est très important puisque c’est la, l’une des premières fois dans lequel on voit pour les gens la possibilité de communiquer entre eux, et donc de créer entre eux des dynamiques, même si ils habitent à des milliers de kilomètres les uns des autres, etc… Donc, pour nos clients c’est évidemment essentiel puisqu’il se passe là des choses qu’ils doivent connaître, qu’ils doivent comprendre, qu’ils aient, sur laquelle ils essayent d’avoir une certaine influence, ce qui est probablement un peu vain, puisque par définition ce sont des réseaux qui réunissent des individus et des groupes qui sont peu sensibles – disons – à l’intervention en tout cas directe des institutions, mais qui constituent pour nous – disons – une source aussi d’informations sur les gens et sur ce qui se passe, qui est très utile ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce que sur les secteurs sur lesquels vous vous développez, justement sur les études, il y a des secteurs plus porteurs ou il y a des secteurs sur lesquels vous, comme on dit, vous allez faire un focus parce que ces secteurs il y a de la demande, plus de demandes quelque part ?

Didier Truchot : « Alors les grands, les grandes thématiques aujourd’hui c’est l’innovation, donc comment on développe des nouveaux produits, comment on développe des nouvelles campagnes, comment on met tout ça en cohérence, encore une fois dans un paysage dans lequel il y a beaucoup de médias, il y a beaucoup de, il y a aussi beaucoup d’interactions entre les gens, donc on n’est plus dans le marketing vertical de la marque qui a tous les, qui ont tous les attributs de la souveraineté, qui décline son message vers le bon peuple, donc ça c’est, ça c’est évidemment très important.

Il y a une deuxième thématique, qui est une thématique d’efficacité de contrôle. Il se dépense plus d’un trilliard de dollars en marketing, et sans même parler de ce qui se passe dans le trade, donc comment on utilise bien ce trilliard, comment on évite de gaspiller de l’argent, bon alors ça fait pas toujours plaisir – disons – à certains qui pensent que la créativité remplace tout, alors c’est vrai qu’elle est extrêmement fondamentale, mais en même temps, il faut s’assurer qu’elle ne conduit pas à gaspiller de l’argent et des opportunités.

Et puis, troisièmement il y a une , il y a des questions, il y a beaucoup de questions qui se posent aujourd’hui sur la possibilité pour les entreprises de mieux gérer ce qu’on va appeler leur environnement en tant qu’entreprise citoyenne. Donc il y a beaucoup de choses qui se font autour de la responsabilité sociale, du développement durable, de la façon dont un certain nombre de marques au sein d’une entreprise vont pouvoir communiquer ensemble pour – disons – donner du sens à tout ce qu’elles font. Enfin, il y a pas mal de choses qui vont au-delà simplement de « je conçois, je développe une communication, je communique et je vends ». Voilà ».

Web TV www.labourseetlavie.com : En conclusion, peut-être, sur la vision que vous avez de 2011 après cette année 2010 pour IPSOS, est-ce que la croissance est toujours là ? Est ce que elle sera toujours là, effectivement peut-être moins heurtée et on voit des chefs d’entreprise qui sont un peu prudents qui se sur l’année et est-ce que IPSOS va continuer à faire de la croissance externe ?

Didier Truchot : « Alors IPSOS va continuer à croître, ça c’est tout à fait clair, à la fois sur le plan organique et en intégrant de nouvelles sociétés, à la fois dans les pays émergents mais aussi dans certains pays développés puisqu’on a aujourd’hui un phénomène de – disons – de consolidation du marché qui fait que les entreprises internationales sont aussi des pôles d’attraction pour les sociétés plus petites et qui ont besoin d’un réseau international pour s’affirmer. Donc ça c’est, donc ça il y a aura des opérations qui se feront.

Maintenant est-ce que 2011 sera moins heurtée ou pas ? Plus dynamique ou moins dynamique ? D’abord bon évidemment, je vais dire une ânerie, c’est très tôt pour en parler.

Il est clair qu’il y a des interrogations, des questions qui se posent au plan macro-économique ou macro-financier sur la dette des états souverains, etc… Il est clair aussi que, après une année – disons – des années 2008-2009 un peu difficiles et 2010 qui a marqué une recovery, il y a pas mal de responsables économiques ou de responsables d’entreprise qui n’ont pas trop envie de s’engager au-delà de, c’est un peu « chat échaudé craint l’eau froide ».

Très honnêtement aujourd’hui on n’a pas de signe qui nous permettrait de dire « on va faire un bon premier trimestre et puis après ce sera plus difficile ». Je dirais qu’on s’attend de notre point de vue à une année qui sera tout à fait solide avec beaucoup de nos clients qui, encore une fois, ont des projets de développement, qui ont des projets de conquête de nouveaux clients et évidemment qui souhaitent garder ceux qu’ils ont et que, donc, on pense que notre industrie et nous-mêmes auront une bonne année 2011 ».

Web TV www.labourseetlavie.com : Bien. On suivra ça bien sûr. Merci Didier Truchot, Co-Président d’IPSOS, d’avoir fait le point avec nous.

Didier Truchot : « Merci beaucoup ».

© www.labourseetlavie.com 7 janvier 2011.

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Category: L'INTERVIEW