Economie en VO : Débat économique avec Christophe Cremer (Prestashop) et Carole Walter (Come & Stay), la 2ème partie .
En fil rouge Pierre-Yves Gauthier Stratégiste chez AlphaValue

25 novembre 2011 12 h 30 min
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Dans ce magazine de débat économique sur la Web Tv www.labourseetlavie.com, nos trois invités pour parler Economie et stratégie d’entreprises :

L’Economie en VO, la seconde partie, avec : Christophe Cremer Directeur Général Prestashop et Carole Walter Pdg de Come & Stay. En fil rouge, pour la partie Bourse – Marchés, Pierre-Yves Gauthier Stratégiste chez AlphaValue.

Web TV www.labourseetlavie.com : Pierre Yves Gauthier là on parle d’un secteur, Internet, effectivement qui a connu plusieurs crises, il y a des secteurs pendant la crise que nous vivons qui arrivent à se tirer d’affaire, qui parce qu’ils bénéficient effectivement de mouvements de fonds, il y a des secteurs qui ont échappé, pas échappé complètement, on ne peut pas y échapper complètement mais est-ce que vous en avez dans votre… ?

 

Pierre-Yves Gauthier : Dans le monde des grandes sociétés cotées, il y a évidemment beaucoup d’inertie. D’abord j’aurais tendance à dire que d’abord il y a certains secteurs qui souffrent de ce que l’on vient d’entendre. Typiquement les distributeurs « classiques » qui sont alimentaires ou non alimentaires souffrent de ce glissement de l’usage d’Internet par les consommateurs, notamment, on l’a dit à répétition, que un coût d’énergie élevée interdit aux gens de prendre leur voiture pour aller visiter les magasins. Donc il y a quand même ce transfert-là qui est important. Vous avez évidemment le monde de la publicité classique, le off-line, comme vous le disiez tout à l’heure, qui souffre terriblement. On a vu les résultats de TF1 qui sont en recul en termes de demandes publicitaires sur le 3ème et probablement 4ème trimestres. Donc oui il y a des secteurs qui souffrent.

 

Alors, quels sont les secteurs qui font de la résistance ? Il y a ceux qui …, je pense naturellement aux télécoms sur lesquels ce sont des budgets de consommation qui sont devenus significatifs mais absolument inévitables comme on le dit souvent brutalement : « les gens mangeront peut-être un petit moins de yaourts aux fruits et maintiendront leur abonnement de téléphonie, d’autant plus que les prix ont tout de même tendance à un petit peu baissé, donc on pense naturellement à cela.

 

Un autre secteur qui va très bien et qui continue d’aller très très bien, c’est la santé. Tout simplement parce que c’est un tiers payant. Soyons un peu brutal, ce sont nos impôts collectivement qui effectivement alimentent les budgets Santé et donc il y a une certaine inertie quand même dans la dépense de médicaments, la dépense de prestations de soins, la dépense de tout ce qui tourne autour de la santé y compris ce que l’on appelle le « medtech », ce sont des secteurs qui se portent bien, voilà.

 

Par contre il y a des secteurs qui sont très surprenants comme les services publics sur lesquels un ralentissement économique finit inévitablement par ralentir la demande d’électricité, la demande d’énergie, voire la demande d’eau, et on finit donc par avoir des secteurs qui sont affectés là où dans l’esprit des investisseurs, c’étaient des secteurs plutôt résistants.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc là on pense aux utilities, ce que l’on appelle traditionnellement les utilities.

 

Carole Walter, justement sur la stratégie de l’entreprise, dans le parcours de Come & Stay, on avait vu à l’international que cela avait été difficile à un moment donné dans la partie nord de l’Europe, qu’est-ce que vous a appris cette aventure, je dirais, dans l’Europe du Nord et où vous avez été obligé quelque part de revenir, de vous recentrer ?

 

Carole Walter : Oui effectivement on a franchisé notre entité Europe du Nord que l’on a revendu au manager et on a gardé l’activité en propre Europe du Sud sachant que pour les clients on peut toujours proposer la totalité de la prestation puisque c’est une franchise. On a appris à travailler avec des cultures différentes, à être réactif sur des points qui pouvaient paraître des choses un peu acquises alors que dans d’autres pays cela se fait complètement différemment et cela nous a également permis d’aller chercher des nouveaux produits. On a un produit qui s’appelle Les Enquêtes chez nous qui permet de faire des enquêtes consommateurs en leur proposant, suite à une réponse positive, directement le lead, donc de rentrer en contact avec l’entreprise dont ils viennent de dire qu’ils sont en attente du produit, par exemple l’automobile : « Est-ce que vous avez un projet d’achat d’automobile ? » « Oui ». Et puis on creuse, et le cas échéant on propose directement l’offre de notre client. Ça c’est un produit qui vient de l’Europe du Nord que l’on a pris intégralement depuis notre filiale. Donc voilà, on a apporté des produits, on a appris aussi des formes de réactivité sur des sujets.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce qu’il faut investir aussi sur la technologie, sur de nouveaux produits pour vos clients ? Est-ce que vous avez créé des nouveaux produits au cours des dernières années justement ?

 

Carole Walter : Tout le temps. On est sur des métiers où nos produits durent deux ans à peu près. Au bout de deux ans, il faut les renouveler. On a, même si fondamentalement, on est sur de l’Internet, on a un ordinateur devant nous, même si maintenant on a plutôt un téléphone ou une tablette, mais la manière de rentrer en contact avec le consommateur évolue, le temps passé par le consommateur bouge également, les clients évoluent également, et donc on a à peu près tous les deux ans, on doit réinventer les différents produits. On est très fortement orienté vers de l’acquisition de clients pour nos propres clients. Donc aujourd’hui on sent que ce qui est très porteur, c’est tout ce qui est offre de réduction évidemment dans un cadre de moindre consommation, les internautes en sont friands, ce sont des choses qui marchent.

 

Et puis également en fait, et je pense qu’on l’avait vu peut-être en 2008 aussi, tout ce qui tourne autour du divertissement. On s’est aperçu, on est très corrélé avec la consommation c’est-à-dire que nous, dès que la consommation baisse, on sent une baisse de réaction du consommateur sur les offres publicitaires tout de suite, comme on a la performance presque en indicateur avancé, quasiment un mois avant, avant que les chiffres soient publiés.

 

Donc on le sent et on sent également une autre tendance qui est ce fameux divertissement, la volonté des gens de penser à autre chose.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : D’où le succès de certains films aujourd’hui de comédie.

 

Carole Walter : Et c’est très fort. Donc on a à la fois les leviers promotionnels évidemment mais avec des réductions de plus en plus importantes qui marchent et le levier, on va dire « gaming » de façon générale qui fonctionne très très bien.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Christophe Cremer, vous avez réagi il y a peu de temps sur une des success story pour l’instant on le va dire aux États-Unis, c’est le Groupon qui a fait une IPO effectivement extraordinaire dans un contexte très difficile. Certains banquiers d’affaires disent : « quand on regarde le détail de ce type de IPO, il y avait peu de titres » – Pierre-Yves Gauthier je pense y sera sensible –peu de titres, un certain marketing qui avait été fait avant », mais vous avez dit en gros : « ce système ne marchera pas – bons de réduction », pourquoi cela ne marchera pas selon vous ?

 

Christophe Cremer : Oui parce que là on parle du bon de réduction généralisé sur Internet, je ne parle pas des programmes de fidélisation par réduction. Mais sur Groupon, personnellement je suis sûr que cela ne fonctionnera pas tout simplement parce que l’objectif du bon de réduction – commerçant , c’est de faire venir une clientèle à un prix raisonnable, de la fidéliser et de valoriser son image de marque en montrant que l’on fait un effort. Et Groupon ne fait pas du tout cela et d’ailleurs dans le train hier je discutais avec ma fille qui a fait appel à Groupon deux fois et les deux fois cela a été catastrophique, un parce que le coiffeur s’est retrouvé à vendre de la coiffure à perte pour des quantités très importantes qu’il n’avait pas du tout anticipées, et l’autre c’est parce qu’elle s’est retrouvée dans un restaurant qui ne correspondait pas du tout. Donc on voit bien que à la fois du côté du consommateur et du côté du marchand, c’est une équation qui ne fonctionne pas.

 

Je voulais quand même revenir rapidement sur Internet et dire que cela change le business model. C’est très triste pour Paru Vendu, mais voilà une idole de notre métier qui se fait battre par Le Bon Coin qui est gratuit. Les entreprises dans le monde de l’Internet sont obligées d’évoluer. Et je voulais juste revenir en deux mots sur Prestashop, c’est quand même un logiciel gratuit c’est-à-dire que plus de la moitié des utilisateurs de Prestashop vont télécharger Prestashop, faire un site e-commerce performant avec un partenaire et ne paieront jamais rien. C’est dire que l’Internet modifie complètement les modèles, modifie les évolutions de consommation à la fois des particuliers et des entreprises, et au total cela fait par exemple pour Prestashop 280 nouveaux sites par jour dont plus de 40 en France de e-commerce qui se créent. Donc l’entreprise est obligée de s’adapter et si elle s’adapte, eh bien comme on l’a dit pour La Redoute, cela fait des évolutions, cela fait du potentiel.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Qu’est-ce qui vous amènera justement du chiffre d’affaires justement dans ces boutiques du e-commerce qu’on imagine ? On connaît les grands noms, vous avez parlé de La Redoute, mais des petites boutiques, qu’est-ce qui vous amènera du chiffre d’affaires ?

 

Christophe Cremer : Dans le modèle de Prestashop, ce que je voulais surtout souligner c’est Le Bon Coin qui peut-être vaut 300 ou 400 millions, je ne sais pas, et qui par un modèle gratuit finalement prend une part de marché considérable et donc modifie complètement la perception que peut en avoir le consommateur. Sur Prestashop, c’est un modèle gratuit, c’est la même chose, et puis un certain nombre de sites vont vouloir acheter des modules complémentaires pour compléter leur offre, un certain nombre de partenaires, des agences vont être partenaire donc vont nous rémunérer pour avoir accès à notre technologie et les aider à faire des sites plus performants, et puis enfin on a des partenaires comme Paypal, E-Bay, La Poste, qui fonctionnent très très bien avec Prestashop et qui vont nous rémunérer pour que l’on mette en avant leurs services à la fois pour leurs services à eux et pour les services des e-commerçants. Et surtout, ce qui est intéressant de noter, c’est que l’entreprise a obligation aujourd’hui d’évoluer. Le monde a changé et ce sont ces entreprises-là qu’il faut rechercher, c’est elles qui vont faire les pépites de demain.

 

Fin de la deuxième partie.

©www.labourseetlavie.com 25 novembre 2011. Tous droits réservés.

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