TV Bourse : Interview Eric Venet Directeur Général Montbleu Finance : "Il faut être très, très réactif, être contrariant".
Actualités économique et financière

20 février 2014 23 h 04 min
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Evolution de la stratégie d’investissement et perspectives.

Retour sur l’actualité après la crise des pays émergents, l’évolution de la zone euro, les Etats-Unis, et évolution de la stratégie d’investissement. Notre invité pour en parler est Eric Venet Directeur Général Montbleu Finance.

Web TV www.labourseetlavie.com : Eric Venet, bonjour. Vous êtes le directeur général de Montbleu Finance. On va parler avec vous de marchés et de stratégie sur ces marchés, comment vous abordez, vous, ce printemps puisque les températures sont douces sur les marchés financiers, on a vu quand même des soubresauts côté marché émergent, comment vous voyez les choses en ce moment ?

 

Eric Venet, Directeur général de Montbleu Finance : Je pense que pour une fois ce que voit le FMI est à peu près correct c’est-à-dire que globalement on est dans le bon sens et que l’on risque, à la limite, d’être surpris par l’Europe. Par contre, on a quand même deux points noirs qui viendront en termes macro-économiques un peu nous déranger, c’est effectivement l’impact du « tapering » sur les marchés émergents, et le risque de déflation en Europe, voilà, ça ce sont les grands sujets. Donc en termes macro-économiques, cela va être certainement une bonne année puisque c’est une dynamique positive. Après, c’est le taux d’accélération qui va un peu nous surprendre. En ce début de printemps c’est plutôt assez bas au niveau États-Unis, on pensait que c’était un peu plus violent. On sait qu’il y a eu les conditions météorologiques qui n’étaient pas terribles, donc je pense que cela a dû fausser pas mal. Par contre, c’est un peu contrebalancé par une espèce, on n’est pas encore en euphorie, mais de vent un peu plus positif sur l’Europe, on se dit que, après tout, ce n’est pas forcément aussi mauvais, d’autant que l’on a l’air de faire ce que l’on voudrait faire pour l’économie française qui pour moi était le maillon faible du dispositif européen.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : On entend effectivement sur des pays périphériques par exemple que, en termes de financement, on a vu l’Espagne où cela s’était bien passé, on voit que sur ces pays qui étaient vraiment en danger il y a encore quelques mois, là cela a l’air de se passer mieux en tout cas.

 

Eric Venet, Directeur général de Montbleu Finance : Oui, pour deux raisons : parce que un, ils ont fait le job d’un point de vue macro-économique avec un coût social énorme quand même, mais d’un point de vue purement économique, ils ont fait ce qu’il fallait, et ils profitent peut-être justement de l’économie française qui elle ne l’a pas fait, avec un décalage conjoncturel. Alors c’est bien au niveau d’une union bancaire, enfin d’une union économique, il y en a un qui ne va pas bien, l’autre prend le relais, donc ça c’est positif pour eux. Et puis il y a aussi le fait, d’un point de vue financier, que le pire est passé, donc on est un peu soulagé. Et quand on regarde, finalement, le reste du monde et que les taux restent toujours aussi bas, on se dit que finalement, quitte à avoir 1,65 en Allemagne, autant être sur du 3,50 en Italie ou en Espagne finalement. Donc on est revenu à des taux plus raisonnables. Alors du coup effectivement cela pousse un peu ces pays périphériques, donc certains jouent le marché obligataire de ces pays là et d’autres, la prochaine étape ce sera certainement l’économique fondamental, les PME de ces boîtes-là, c’est clairement le joker de ce début de trimestre au niveau européen. Alors, la contrepartie c’est toujours qu’il y aura toujours un problème financier c’est-à-dire qu’entre l’économique et puis la finance, on a tellement injecté d’argent dans le circuit que lorsqu’il bouge, effectivement cela bouge beaucoup plus que de raison. Alors, la première étape c’était les pays émergents lorsque certains capitaux sortiraient, effectivement cela a fait très, très mal pour certaines devises. Et puis il faut bien qu’ils se réfugient quelque part, alors ils vont sur des emprunts souverains. Alors là, les périphériques, on en parlait, c’est bien parce que la situation économique s’améliore, mais on arrive à un paradoxe par exemple, on est à 1,65 sur le taux allemand, cet après-midi l’Allemagne essaie de lever des capitaux donc à 1,65, elle n’y arrive pas, 85 % juste d’émetteurs. Ce qui montre bien que ce n’est pas forcément le taux réel, c’est juste un problème de flux, et cela c’est excessivement difficile pour un gérant c’est-à-dire que on peut avoir une vision économique, même si on a raison sur son scénario économique, après l’appliquer sur le thème stratégie, c’est ce qu’il y a de plus compliqué, et je pense que cela va durer encore toute l’année comme cela. Ce n’est pas parce que on a un environnement bon, économique, que c’est forcément une bonne année parce qu’il faut pouvoir le jouer en termes de marché, de stratégies, et ce n’est pas gagné.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Quelque part, on reste toujours dans une situation anormale compte tenu de ces flux et de la politique monétaire de la réserve fédérale américaine qui, on va dire, perturbe l’ensemble des marchés.

 

Eric Venet, Directeur général de Montbleu Finance : Oui, alors même si, quand même, puisqu’on se voit tous les six mois, maintenant ça y est, on revient dans le processus de normalisation. D’abord, un, le Japon il s’y met c’est-à-dire qu’ils viennent d’abord d’annoncer doublement d’injection de liquidités, donc si cela n’est pas mis par les États-Unis, c’est mis par le Japon, et c’est tout de suite converti en devises étrangères, dont finalement cela revient encore sur les marchés mondiaux, donc la noyade de liquidités, si je puis me permettre l’expression, n’est pas terminée, et cela, cela va tout perturber un certain temps tant que l’économique n’aura pas rattrapé la finance que l’on a injectée. Et puis, quand même le dernier sujet, c’est quand même l’Europe. On est optimiste sur les anticipations de l’économie française, on a encore quelques sujets qui sont encore sur la table, l’union bancaire c’est quand même une très, très belle étape, ce n’est pas gagné d’un point de vue vraiment concret, il y a cela, et puis surtout le tissu économique, les PME, ce n’est pas encore vraiment… La baisse des taux courts n’a pas encore été transmise à fond sur ces PME parce que un la demande n’est pas forcément là, et deux les banques ont des difficultés à prêter.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Quand on voit le poids important de la banque publique d’investissement, de la BPI, sur ce côté-là, c’est presque 54 % des montants, on se dit que si elle n’était pas là…

 

Eric Venet, Directeur général de Montbleu Finance : Oui, oui, qu’est-ce que l’on ferait ? Mais c’est le paradoxe des taux courts c’est-à-dire que l’on ne peut pas non plus jeter la pierre indéfiniment aux banquiers c’est-à-dire que à 2 ou 3 %, vous ne rémunérez pas le risque en fait parce que le risque, c’est soit cela passe, soit cela casse. Donc il faudrait dire « je vous prête à 8 ou 9 parce qu’il y a un vrai risque, mais à 2, je ne suis pas rémunéré contre mon risque. » Et c’est pour cela que je pense que la Banque Centrale Européenne fera quelque chose pour effectivement prendre le risque dans son bilan pour évidemment aider les banques à prêter parce que le risque est encore élevé par rapport à la rémunération qu’ils peuvent exiger au niveau des PME.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, si on était investisseur en ce début d’année, on pourrait dire qu’il y a eu quand même quelques soubresauts. Effectivement on en parlait sur les pays émergents et cela a eu un impact sur quand même pas mal d’indices, mais la partie action reste forcément privilégiée, est-ce qu’il y a des… parce que l’on peut se le demander, est-ce qu’il y a des valeurs qui sont encore à des prix achetables aujourd’hui qui… ce n’est pas évident, on voit certaines qui ont fait quand même des parcours extraordinaires.

 

Eric Venet, Directeur général de Montbleu Finance : Oui. Alors, nous on est acheteur sur le marché, mais en tant que classe d’actifs, si vous voulez. En fait, autant l’obligataire cela devient très compliqué parce que le portefeuille que l’on gère d’un point de vue de fonds patrimonial, c’est un peu de taux variable, un peu de taux fixe, et puis un peu de taux convertible, qui fait qu’avec cela on a à peu près cerné le risque de tout dérapage des taux, et le reste c’est clairement les actions. Mais il n’y a pas de valeurs, on ne raisonne pas en value, il n’y a pas de valeurs d’entreprises qui sont vraiment sous cotées parce que par définition tout le monde irait. J’ai remarqué une chose depuis quand même quelques années, c’est que le marché est très moutonnier c’est-à-dire que tout le monde en veut, plus personne n’en veut. Donc notre façon de gérer à Montbleu, c’est d’être excessivement contrariant, et à chaque fois qu’un titre est sanctionné, on essaye de revenir parce que quelque temps après, il revient à sa normalité.  Donc il faut être très, très réactif, être contrariant, c’est comme cela que l’on obtient de la performance parce que, en termes d’indice, je ne suis pas convaincu qu’il y ait… même si l’année sera positive, je ne suis pas sûr que ce sera une année à deux chiffres, donc on voit bien, depuis le début de l’année, finalement, on a déjà vécu quelques épisodes, mais je n’ai toujours qu’un 0 finalement, alors qu’en étant assez contrariant, on arrive à faire de la performance puisque pour nous on a déjà une bonne performance depuis le début de l’année. Donc il faudrait continuer à être réactif, contrariant…

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Il va y avoir d’autres soubresauts effectivement.

 

Eric Venet, Directeur général de Montbleu Finance : Oui, on va en avoir, c’est sûr, c’est-à-dire que le prochain, c’est… on va douter évidemment de la dynamique de reprise des États-Unis, mais cela me fait penser à l’année dernière. À cette époque-là, c’était exactement la même chose, on était parti sur un taux de croissance fort aux États-Unis, cela part fort, et puis les premières statistiques, on commence à douter, donc finalement tout le scénario de l’année, comme tout le monde est allé dans le même sens, il faut faire attention, il faut peut-être reculer, et puis il faut que l’économie arrive, et puis on repart, et finalement la croissance est là. Donc je pense que l’on ne craindra pas au niveau des États-Unis, je pense que l’on risque peut-être d’être heureusement surpris par l’économie européenne, notamment si le discours de politique économique en France est suivi d’anticipation positive.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : On suivra cela de près bien sûr. Merci Éric Venet d’avoir été avec nous.

Eric Venet, Directeur général de Montbleu Finance : Merci.

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