Tv Bourse : Interview Cécile Imbert Gérante Mansartis.
Wall Street : face aux record des indices, quelle stratégie d'investissement ?

24 mai 2014 9 h 16 min
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Wall Street : Les marchés actions américains continuent de flamber, à la faveur des liquidités nombreuses fournies par les autorités monétaires et la recherche de rendement.

Dans ce marché qui voit le S&P 500 battre des records, nous parlons de la stratégie d’investissement avec mon invitée, spécialiste des US : Cécile Imbert Gérante Mansartis.

Web TV www.labourseetlavie.com : Cécile Imbert, bonjour. Vous êtes gérante chez Mansartis. On va parler avec vous du marché américain et des perspectives sur ce marché. Quand on regarde la bourse américaine, on voit qu’elle est au plus haut, qu’elle franchit record sur record, si on fait un petit retour en arrière, est-ce qu’il y a eu déjà une justification à cette hausse du marché américain ?

 

Cécile Imbert, Gérante chez Mansartis : Écoutez, la justification que l’on peut trouver aujourd’hui à cette très belle progression des marchés américains est bien évidemment une politique monétaire ultra accommodante, également une économie américaine, comparée aux autres économies développées, qui a retrouvé un rythme de croissance bien plus élevé que ce que l’on peut connaître en Europe, et donc en effet il y a eu une sorte de Fly to quality où les actions américaines ont retrouvé un vrai intérêt de la part des investisseurs. Donc aujourd’hui en effet on peut s’interroger sur la poursuite de cette progression sur les marchés américains.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Il y a eu un secteur qui a été particulièrement visible, en tout cas ce sont toutes ces valeurs, alors on ne parle plus de valeurs Internet, aujourd’hui on parle de valeurs à forte croissance, avec effectivement des valorisations spectaculaires, ça ça a été significatif de ces moments aussi sur le marché américain ?

 

Cécile Imbert, Gérante chez Mansartis : Cela a fait partie de ces excès dus à une liquidité extrêmement abondante. Vous parlez des valeurs Internet, en effet il y a un niveau de cash absolument record, beaucoup d’IPO depuis maintenant de nombreux mois, voire quelques années aux États-Unis, une vraie euphorie liée à ces taux de croissance délivrés par ces entreprises de la Silicon Valley, cela fait partie en effet, je pense, de ces excès de valorisation à l’intérieur du marché américain. Lorsque l’optimisme est grand, lorsque l’on considère que la liquidité est abondante et qu’elle n’est pas prête de s’arrêter, les investisseurs ont tendance à reproduire les mêmes excès que par le passé. Alors c’est vrai qu’en tant qu’investisseur, on a connu le krach de 2000 sur les valeurs technologiques, aujourd’hui on voit que le marché a commencé à corriger ces excès de valorisation avec des valeurs Internet, valeurs liées aux réseaux sociaux, qui ont enregistré de très, très fortes prises de bénéfice ces dernières semaines, et je considère que cela est particulièrement sain parce que tout a un prix et qu’aujourd’hui, lorsque vous regardez en fait les valeurs intrinsèques de chaque société, vous vous apercevez que les ratios de valorisation, je prends l’exemple par exemple de réseaux sociaux comme Twitter ou Linkedin, où elles ont effectivement révolutionné les modes de communication, mais en même temps, lorsque vous atteignez des niveaux de valorisation qui paient 200, 300 fois les résultats sur l’exercice 2015 et que les sociétés ne sont encore pas bénéficiaires et que les taux de croissance, même s’ils sont plus élevés que l’ensemble du marché, ne sont pas non plus les taux de croissance de 100 fois trimestre après trimestre. Donc en effet aujourd’hui on sent que le marché devient un peu plus prudent. On est dans un contexte aussi de resserrement monétaire aux États-Unis, donc je pense que ces prises de bénéfices, en tout cas sur ce segment-là, devraient se poursuivre parce que, à un moment, comme je vous dis, il faut revenir aux fondamentaux et voir ce que l’on est prêt à payer pour quel type de croissance.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Justement, du côté des résultats des entreprises, est-ce qu’aujourd’hui parce que cela a fait aussi partie des arguments en disant que finalement « les résultats des entreprises étaient là », est-ce que vous êtes plutôt conforté sur ce qu’il y a eu comme résultat si on sort de ce secteur particulier des technologies ?

 

Cécile Imbert, Gérante chez Mansartis : Oui, les résultats du premier trimestre ont été globalement positifs sachant que le marché était plutôt prudent sur ce premier trimestre. On sait que les États-Unis et les entreprises américaines ont souffert au premier trimestre de deux phénomènes exogènes qui ont été les conditions climatiques particulièrement compliquées aux États-Unis, donc sur leur marché domestique, et puis les entreprises américaines qui étaient elles liées et beaucoup exposées aux pays notamment émergents, avec des très fortes volatilités sur les devises, qui ont pesé sur les résultats des sociétés. Et globalement sur ce premier trimestre, on a constaté que les entreprises américaines, malgré ces pressions, ont réussi à délivrer une croissance pour le SNPI 500 de pratiquement 3 % de chiffre d’affaires, croissance du chiffre d’affaires. Aujourd’hui le consensus est plus optimiste sur le deuxième trimestre. On attend pour le Q2 une croissance des bénéfices nets par action de plus 5,5 %, et une croissance du chiffre d’affaires au-delà des 3,5 %. Donc si vous voulez, moi je suis assez confiante sur l’économie américaine, tout n’est pas rose dans cette économie américaine, mais en tout cas le discours des entreprises, je vais régulièrement aux États-Unis, j’ai rencontré beaucoup de managements ces dernières semaines, on sent en effet que les managements sont assez confiants sur leur économie domestique. En même temps ils sont aussi confiants sur une reprise en Europe, les choses sont plus contrastées sur les pays émergents, mais ce qui est aussi un soutien très important aujourd’hui sur le marché américain, c’est que les entreprises américaines n’ont jamais été aussi riches et qu’elles ont clairement aujourd’hui les moyens d’aller chercher de la croissance à l’international, et tous les managements que j’ai rencontrés ces dernières semaines ne me parlent plus d’augmentation de dividendes, de programmes de rachat d’actions, mais ne me parlent que de croissance externe.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Ça c’est important parce qu’effectivement c’est ce qui a été aussi un des phénomènes de ces derniers mois, voire de ces dernières années, ce sont les montants faramineux consacrés au rachat d’actions, en réalité, ne sachant pas quoi faire quelque part de ce cash, finalement on rachète des actions, ce qui a aussi fait monter les titres.

 

Cécile Imbert, Gérante chez Mansartis : Vous avez parfaitement raison. Donc c’est pour cela que nous nous accordons chez Mansartis à plutôt analyser la croissance du chiffre d’affaires et la rentabilité des sociétés plutôt que de simplement voir si l’entreprise va être particulièrement généreuse vis-à-vis de ses actionnaires parce que on peut très bien faire augmenter un bénéfice net par action uniquement par du programme de rachat d’actions, ce qui nous semble nous beaucoup moins sain qu’une croissance du chiffre d’affaires. Donc aujourd’hui en effet il est important pour nous en tant qu’investisseur et chez Mansartis c’est ce que nous faisons, c’est de nous attarder à essayer de trouver des sociétés qui ont une structure bilantielle saine et qui ont la capacité en effet à faire de la croissance externe pour nous assurer dans les prochaines années une croissance de leur chiffre d’affaires. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui les entreprises américaines sont beaucoup plus orientées vers cette thématique de croissance externe que par des programmes de rachat d’actions.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Une des problématiques aussi que regardait la réserve fédérale américaine, c’était l’investissement bien sûr des entreprises, et jusqu’à présent, on va dire, que cet investissement était encore trop faible justement ?

 

Cécile Imbert, Gérante chez Mansartis : Oui, alors l’investissement en effet était la dernière composante qui manquait à cette reprise. Aujourd’hui, sur la thématique Investissement, je pense que les prochains trimestres devraient être plus favorables à une reprise de l’investissement de la part des entreprises américaines. Il faut savoir là aussi qu’il y avait un certain nombre de facteurs ces derniers mois qui pesaient sur la confiance des chefs d’entreprise américains. Il y a eu la réforme Obama sur la réforme de la santé et donc les coûts induits quant à la couverture sociale des salariés. Il y avait également tous ces problèmes liés à Washington où on ne savait pas s’il allait y avoir un shutdown, pas de shutdown, aujourd’hui les entreprises américaines et les management sont plus confiants, leur visibilité est retrouvée, et donc nous nous attendons une reprise de l’investissement, et c’est vrai qu’aujourd’hui les entreprises américaines ont du cash aux États-Unis, elles en ont également beaucoup à l’étranger. On sait que le rapatriement du cash était problématique puisque l’imposition est assez élevée, un rapatriement de cash donc qui est imposé à 35 % aux États-Unis, et donc c’est vrai que cela devrait être favorable pour l’ensemble des marchés, y compris en Europe, puisque les entreprises américaines devraient aussi, on le voit là depuis le début de l’année, venir faire leurs emplettes en Europe.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin, et ce qu’il y a, on va dire, des sociétés encore achetables, justement on parlait de ces niveaux d’indices, mais au-delà des indices, il y a bien sûr des valeurs qui sont peut-être… il y a des exemples de valeurs qui sont encore… ?

 

Cécile Imbert, Gérante chez Mansartis : Oui, moi j’ai une valeur dans mon portefeuille que j’aime beaucoup et qui pour moi a un profil de croissance extraordinaire qui est une société qui s’appelle US Silica, alors qui n’est pas très, très connue, cette société en fait produit le silicium qui sert à la fracturation hydraulique pour le gaz et le pétrole de schiste. Cette société en fait a une position dominante aux États-Unis, l’offre est largement inférieure à la demande, ce qui permet donc à US Silica de pouvoir augmenter ses prix trimestre après trimestre. Dans un environnement assez déflationniste dans beaucoup de secteurs, ce sont des thématiques que j’aime bien. Donc avoir une entreprise qui du pricing power pour moi est quelque chose de très important. On sait que la production de gaz et de pétrole de schiste est réellement en train d’exploser aux États-Unis. Les États-Unis sont d’ailleurs en train de s’orienter vers une indépendance énergétique, et donc cette société profite très clairement de ce boum énergétique, sans se soucier également du cours du baril de pétrole, donc ça pour moi c’est également très défensif, c’est une croissance de 20 % du chiffre d’affaires. C’est une société aujourd’hui qui se paie à peine 20 fois les résultats de 2015, donc je considère que c’est une société qui en termes de valorisation est encore particulièrement attractive, et cela fait partie de mes meilleures performances depuis le début de l’année.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Voilà il y a effectivement encore des choses à faire malgré ces indices.

 

Cécile Imbert, Gérante chez Mansartis : Oui.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Cécile Imbert d’avoir été avec nous.

 

Cécile Imbert, Gérante chez Mansartis : Je vous en prie et je vous remercie.

 

© www.labourseetlavie.com. Tous droits réservés, le 24 mai 2014.



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