Leslie Griffe de Malval Analyste - Gérant Fourpoints IM : "La croissance sera dans les services pour mobiles".
Fusion Alcatel-Lucent et Nokia : les conséquences pour le secteur technologiques

22 avril 2015 18 h 05 min
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Derrière la fusion Alcatel-Lucent et Nokia, un pan de l’histoire boursière, des valeurs technologiques, héros d’un jour, pouvant disparaître, à l’aune de ruptures technologiques.

Dans les années 2000, Nokia était la star du secteur, mais il fût balayé par Apple et Samsung sur les mobiles, n’ayant pas anticpé l’arrivée des smartphones.

Un secteur qui bouge, qui fait réver et qui crée des déceptions.

Mon invité pour en parler est Leslie Griffe de Malval Analyste – Gérant Fourpoints IM

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Leslie Griffe de Malval, bonjour. Vous êtes analyste gérant chez Fourpoints Investment Managers. On va parler avec vous de ce qui fait l’actualité dans le secteur des télécoms avec notamment Alcatel-Lucent-Nokia, cette fusion annoncée. Là on parle de réseau sur cette fusion. Ce n’est pas la première fusion puisque Alcatel, Alcatel-Lucent, Alcatel-Lucent-Nokia, pourquoi cela bouge dans ce secteur à votre avis aujourd’hui ?

Leslie Griffe de Malval, analyste gérant chez Fourpoints IM : Effectivement, sur le secteur des équipementiers Télécoms, on constate depuis 20 ans qu’il y a eu un mouvement de concentration assez important puisque vous remontez à 20 ans en arrière, vous aviez de nombreux acteurs, Nortel, Lucent, Alcatel, Marconi et d’autres, donc l’industrie s’est vraiment consolidée. Aujourd’hui c’est une industrie globalisée, les vendeurs d’équipements Télécoms, et il faut avoir la taille critique. Et si vous ne l’avez pas, cela devient de plus en plus dur de rester pertinent, d’absorber les dépenses en R&D, il y a eu la 4G et arrive, pas tout de suite, mais ces sociétés la préparent déjà, la 5G, donc il faut avoir une taille suffisamment importante, ce que n’avait pas Alcatel tout seul.

Web TV www.labourseetlavie.com : On aurait pu dire si on refaisait l’histoire qu’Alcatel-Lucent, Europe États-Unis, on avait pourtant un potentiel leader mondial ?

Leslie Griffe de Malval, analyste gérant chez Fourpoints IM : Effectivement, quand Alcatel a racheté Lucent, il y a quelques années, ils avaient un bon potentiel mais Lucent était surtout sur la norme de réseau américaine qui était très populaire aux États-Unis et dans quelques autres pays, mais pas tant que cela sur le GSM, et puis c’est une industrie qui a été consolidée, qui a vu l’arrivée de deux acteurs chinois que sont Huawei, ZTE, et dans une moindre mesure Samsung aussi, qui ont complètement changé la donne, qui ont au début cassé les prix, c’est moins le cas aujourd’hui, mais qui au début ont cassé les prix, c’était juste pas cher, mais ils sont devenus pas chers et bons. Donc cela a été un vrai tsunami pour cette industrie et la création de valeur au cours de ces dernières années n’est pas évidente sur ce secteur.

Web TV www.labourseetlavie.com : Là c’est clair que les actionnaires qui ont vu un Alcatel à 90 € dans les années 2000 ne l’ont jamais revu.

Leslie Griffe de Malval, analyste gérant chez Fourpoints IM : Non, ça c’est évident.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors on a effectivement ce secteur-là, donc on est en pleine période de concentration, est-ce que c’est… je dirais, Alcatel-Lucent n’a pas été un grand succès finalement si on en arrive là, pourquoi un Alcatel-Lucent–Nokia fonctionnerait éventuellement mieux ?

Leslie Griffe de Malval, analyste gérant chez Fourpoints IM : Comme je vous l’ai dit, aujourd’hui l’industrie se concentre. Il y a pas mal de complémentarité entre Nokia et Alcatel, notamment Alcatel était très présent aux États-Unis, ce que n’était pas Nokia, donc cela fait du sens. Cela fait du sens en termes de R&D aussi puisqu’il faut toujours investir, et notamment investir en prévision de la 5G, donc plutôt qu’ils investissent chacun de leur côté, ils ont une meilleure capacité en unissant leurs forces. Et puis c’est un jeu d’échelle, donc ils sont… Nokia et Alcatel étaient 3ème et 4ème au niveau mondial, là ils vont rester 3ème mais ils sont plus gros et plus à même de lutter face à d’autres. Après, on va le voir au fur et à mesure des années si c’est une réussite ou pas cette fusion. Nokia a plutôt un passé qui plaide en sa faveur puisqu’ils ont intégré à la fois Motorola et la partie Equipements Telecoms, et puis Siemens même chose, donc ils ont montré qu’ils savaient faire des acquisitions, les gérer, les intégrer et créer de la valeur. À eux de faire cela aussi avec Alcatel mais cela va être encore une fois sur une période de… entre deux et cinq ans. Donc voilà ce qui peut rendre peut-être un peu plus optimiste, c’est la capacité du management de Nokia, et ils l’ont déjà fait avec d’autres cibles, donc ils peuvent éventuellement le refaire avec Alcatel.

Web TV www.labourseetlavie.com : Oui parce qu’il y a eu… Nokia c’est une compagnie qui s’est constamment réinventée, qui était leader, on ne se rappelle plus, 41 % de parts de marché dans le mobile, effectivement c’était impressionnant, tout le monde regardait Nokia comme la star, et puis qui n’a pas vu l’arrivée des Smartphones. Donc c’est une compagnie qui constamment se réinvente pour aller sur un certain nombre de créneaux, mais a du mal à franchir les étapes suivantes ?

Leslie Griffe de Malval, analyste gérant chez Fourpoints IM : Effectivement, depuis les dizaines d’années qu’il y a eu Nokia ici, elle s’est réinventée plusieurs fois. Dans la partie Mobile, à un moment, on pensait, comme vous l’avez dit, qu’ils étaient indétrônables, on a vu ce qu’il est devenu. Ils ont revendu leur activité Téléphones mobiles à Microsoft il y a peu de temps. Reste la partie réseau et puis la partie cartographie puisque ils avaient racheté un acteur des cartographies qui s’appelait Navteq qu’il y a quelques années. Visiblement ils veulent le vendre parce qu’effectivement dans cette concentration sur la partie réseau, cela n’a plus vraiment de sens. Donc, voilà, c’est une société qui bouge en tout cas.

Web TV www.labourseetlavie.com : Sur ce secteur justement, là on a parlé des raisons, on a entendu aussi beaucoup parler de cloud, bien sûr les opérateurs Télécoms, c’est un monde qui est en plein… vous parliez de ces acteurs chinois qui sont venus perturber le marché mais qui aujourd’hui sont très compétitifs, au-delà de la compétitivité, sur la question prix, sur la technologie, c’est un secteur qui est en pleine… le secteur Télécoms bouge constamment ?

Leslie Griffe de Malval, analyste gérant chez Fourpoints IM : Effectivement il bouge à plusieurs niveaux. On a parlé des équipementiers Télécoms, les opérateurs, on voit aussi que pour eux c’est dur. Il y a, notamment en Europe, une forte concurrence. Il y a des concentrations qui se font dans certains pays, cela n’est pas toujours évident parce que les autorités européennes veillent à ce qu’il n’y ait pas de formation de poids trop puissants dans certains pays. Sur la partie Téléphone mobile, aussi on voit que c’est un marché qui se concentre avec quelques gros acteurs, des acteurs chinois aussi qui émergent de manière assez rapide, là aussi les choses vont vite. Et puis, côté… ce qui est intéressant, surtout pour nous, c’est coté Services. Maintenant que tout le monde a des mobiles entre les mains, on veut faire un certain nombre de choses avec son téléphone mobile, donc il y a une grosse opportunité côté Services, applications à monétiser puisque l’année dernière il s’est vendu plus de 1,3 milliards de Smartphones dans le monde, donc tout le monde veut des services et c’est là, à mon avis, que la croissance sera la plus forte.

Web TV www.labourseetlavie.com : Là avec véritablement plusieurs marchés, les États-Unis où il y a moins d’acteurs et il y a plus de services, et l’Europe qui, pour l’instant, n’investit pas trop quand on parle en tout cas avec les acteurs des services, qui n’investit pas suffisamment ?

Leslie Griffe de Malval, analyste gérant chez Fourpoints IM : Effectivement, c’est un jeu au niveau mondial. Si vous arrivez à faire une application qui est séduisante et qui marche bien, vous pouvez la vendre quasiment partout dans le monde. C’est vrai que l’Europe est un peu à la traîne, on voit surtout des applications américaines, mais on voit sur certains services, comme on peut penser à BlaBlaCar qui est très en avance en Europe, notamment sur le mobile, fait des choses intéressantes. Donc c’est plutôt pour l’instant un jeu effectivement américain et puis aussi un peu asiatique.

Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin pour l’investisseur qui regarde cela, pour l’instant on voit qu’ils sont assez sceptiques sur cette fusion, mais comme souvent parce qu’on sait très bien… traditionnellement les fusions en tout cas ont du mal à réussir statistiquement, l’investisseur, il doit faire quoi sur ces secteurs-là ? Il doit être très diversifié ? Il doit aller sur des petits acteurs, des grands acteurs ?

Leslie Griffe de Malval, analyste gérant chez Fourpoints IM : je pense qu’il faut vraiment aller sur les acteurs qui créent de la valeur, qui ont une opportunité de croissance très forte, encore une fois plutôt du côté Applications, c’est là où on peut trouver des gagnants qui sont des gagnants mondiaux. Je serais plus réservé sur la partie Opérateurs, équipementiers Télécoms où ce sont des marchés plus matures, la concurrence est forte, il y a de la pression sur les prix. Donc moi je m’orienterai vraiment, encore une fois, plus sur la partie Service télécoms, dans le sens mobile et applications.

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci d’avoir fait le point avec nous Leslie Griffe de Malval.

Leslie Griffe de Malval, analyste gérant chez Fourpoints IM : Merci.

 

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