La situation inédite du Japon sur le plan économique.
L'info éco + avec Didier Testot Fondateur de LA BOURSE ET LA VIE TV sur Sud Radio (23 novembre 2025)
« L’info éco + » cette semaine avec les thèmes suivants :
Japon, ce qu’il s’y passe est inédit sur le plan économique et financier, avec des répercussions mondiales.
Vous avez peut-être vu les déclarations de la Chine contre le Japon et sa nouvelle Première Ministre, particulièrement violentes, mais ce n’est pas de géopolitique dont je vais vous parler ce matin, mais bien de finance, car c’est inédit. Avec cette semaine, le rendement des obligations japonaises à 20 ans qui a atteint 2,75%, un niveau record. Ce chiffre record démontre d’abord que les 30 années que vient de vivre le Japon avec des taux d’intérêts nuls, et une dette publique qui représente plus de 260% de son. PIB (Produit Intérieur Brut) sont terminés. Le Japon vient de voir ce schéma complètement bouleversé. Parce que Le Japon servait aux investisseurs américains, et du monde entier depuis 30 ans avec des taux d’emprunts pas loin de 0, allez 0,1%, et en face on avait des rendements d’obligations américaines qui tournaient autour de 4%, des marchés qui donnaient du 8% et dans d’autres marchés 6 à 8%. Donc ce qui se passait, c’est que de grandes institutions financières, investisseurs privés et même le Gouvernement Japonais empruntaient de l’argent au Japon avec des taux d’intérêt proche de zéro, et investissaient aux USA et ailleurs, même après avoir supprimé le coût de conversion de la monnaie Yen, les frais de transactions et les couvertures, le commerce était rentable, c’est que l’on appelle le « Yen Carry Trade ». Tous ceux qui gagnaient facilement avec le « Yen Carry Trade » voient leurs marché complètement s’effacer, si les taux augmentent encore. Un carry trade qui a finançé des actifs mondiaux : actions, cryptomonnaies, marchés émergents par exemple.
Pourquoi le Japon a-t-il soudainement augmenté ses taux après trente ans !
C’est parce que pour la première fois en presque 25 ans, l’inflation au Japon a dépassé 2,5%… alors que les salaires réels ont à peine augmenté… et pour freiner l’inflation, l’économie doit augmenter les taux d’intérêt pour rendre les emprunts plus durs pour le marché…L’économie japonaise est donc confrontée à un risque avec leur dette. À 2,75 %, le service de la dette explose, et passe de 162 à 280 milliards de dollars sur dix ans. Cela représente 38 % des recettes publiques totales absorbées par les seuls intérêts. Et cela fait peur aux Etats-Unis car le Japon détient tenez-vous bien 3200 milliards de dollars d’actifs étrangers, dont 1130 milliards en bons du Trésor américain, avec bien sûr un risque de rapatriement de capitaux. La Banque du Japon se réunit le 18 décembre, à ce jour 50% de chance qu’elle relève à nouveau ses taux. Avec une nouvelle hausse de la monnaie, le Yen se renforcerait et accentuerait les risques de crise monétaire, crise de la dette. Désormais le levier qui maintenait les taux d’intérêts mondiaux à un niveau bas depuis 30 ans vient de se rompre. Et le principe des rendements japonais indéfiniment proches de zéro, c’est fini !
Didier, un secteur à surveiller, l’immobilier commercial cette fois aux Etats-Unis.
Là aussi un sujet de taux d’intérêt. Maxime. Le taux de défaut des CMBS qui sont des financements garantis par un ensemble de prêts hypothécaires immobiliers commerciaux. Vient de grimper furieusement à 11,8% en octobre.
Pour rappel, durant la crise financière de 2008 le pic n’avait atteint « que » si l’on peut dire 10,7 %, et il y a trois ans, en gros on était à 1,8 %. Explication, la plupart des prêts pour les bureaux ont été signés lorsque les taux étaient très bas, mais les prêts arrivent à échéance, les taux ont parfois doublé, mais la valeur des bureau cf télétravail, elle a baissé. Derrière ces prêts immobiliers il y a un écosystème financier, banques, régionales, fonds de pension, compagnies assurances, leur exposition est désormais à risques sur ce secteur, le risque, qu’elles freinent sur le financement d’autres crédits aux entreprises notamment.
Et puis une info qui devrait faire réfléchir nos gouvernants, elle concerne les transports.
Oui même si cela se passe en Angleterre, car c’est le gouvernement britannique qui a décidé d’enquêter sur la possibilité de désactiver à distance des centaines de bus électriques de fabrication chinoise qui circulent sur les routes britanniques. Cela concerne Yutong, le plus grand constructeur d’autobus au monde. La question est de savoir si Yutong a un accès à distance aux systèmes de contrôle des véhicules pour les mises à jour logicielles et les diagnostics. L’enquête intervient après à une investigation menée en Norvège, qui a révélé que les bus Yutong pouvaient être immobilisés ou rendus inutilisables par l’entreprise basée à Zhengzhou. Le Danemarck a lui lancé des enquêtes. Pour l’anecdote, l’entreprise espère vendre davantage de véhicules à Londres, où elle a développé un bus électrique à impériale conforme aux normes de Transport for London selon le Financial Times.
Toujours sur ces sujets de souveraineté, les Américains continuent leur pression.
Cela devrait être un scandale européen avec une réponse adéquate. Le Monde a récemment décrit la vie infernale de Nicolas Guillou, il est juge français à la Cour Pénale Internationale de la Haye, je vous avais parlé ici du blocage par Microsoft des comptes du Président Karim Khan, lui en raison des sanctions américaines le punissant pour avoir autorisé des mandats d’arrêt contre Netanyahu et Gallant pour crimes de guerre à Gaza, ne peut plus : ouvrir ni gérer de comptes chez Google, Amazon, Apple, ni auprès d’aucune entreprise américaine ; réserver d’hôtel (Expedia a annulé sa réservation en France quelques heures après qu’il l’ait effectuée) ; faire des achats en ligne, puisqu’il ignore si l’emballage est américain ; utiliser les principales cartes de crédit (Visa, Mastercard et Amex sont toutes américaines) ; accéder aux services bancaires courants, même auprès de banques non américaines, car les banques du monde entier ferment les comptes sanctionnés ; en bref, effectuer la moindre transaction financière. Les Américains démontrent ainsi qu’ils peuvent empêcher de vivre un citoyen européen, en l’occurrence un juge, comme si nous nous étions habitués à cette réalité de dépendance, mortifère. Nous avons changé de monde, et sur cette dépendance numérique, plus que jamais, l’urgence est de trouver une riposte à la hauteur. J’aurai l’occasion de reparler de ce sujet crucial pour nos vies et celles des entrperises.
Toutes les émissions disponibles sur ce lien : https://www.labourseetlavie.com/category/economie-et-pedagogie/linfo-eco-presentee-par-didier-testot-sur-sud-radio













