Covid : Un an après la Bourse a complètement effacé la crise ou presque, Danone change sa tête.
L'info éco + avec Didier Testot Fondateur de LA BOURSE ET LA VIE TV sur Sud Radio (20 mars 2021)

20 mars 2021 10 h 12 min
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[#SudRadio] 🔴 Cette semaine, Didier TESTOT le fondateur de LA BOURSE ET LA VIE TV sur Sud Radio, revient dans l’info éco + avec Philippe David :

– Un an après le début du Covid, la Bourse et les marchés financiers ont effacé la crise ou presque.

Trois exemples à la Bourse de Paris avec Air Liquide, Accor et LVMH. Les investisseurs ont aussi mis leurs lunettes roses, Tesla a fait fois 8 comme le #Bitcoin.

– #Danone une Gouvernance qui présente des failles.

Toutes les émissions disponibles sur ce lien : https://www.labourseetlavie.com/category/economie-et-pedagogie/linfo-eco-presentee-par-didier-testot-sur-sud-radio

 

“Didier, cette semaine vous commencez par un bilan un an après le confinement, mais sur les marchés financiers et l’économie, qu’en retenez-vous ?

Oui Philippe, les célébrations d’anniversaire c’est sympa quand on peut le faire, mais quand il s’agit d’un anniversaire de confinement pas sûr que cela soit cool.

Pourtant les investisseurs sur les marchés financiers eux n’ont pas forcément eu la même configuration que les citoyens lambda.

J’ai coûtume de dire que les investisseurs ont mis leurs lunettes roses.

Quel symbole que de franchir des plus hauts historiques pour les indices, un an précisément après le début du confinement planétaire. Il y a un an le monde, la planète était tombée soudainement dans l’incertitude à la fois sanitaire et économique. Sans refaire toute l’histoire de ces douze mois historiques, on peut dire que cette crise aura conduit à une accélération impressionnante de la transformation digitale et environnementale. Les banques centrales, les généreuses politiques budgétaires, ont permis de tenir le choc et les vaccins (jamais dans l’histoire humaine autant de moyens n’avaient été mis pour les trouver) ces vaccins amènent une réelle solution à la mobilité.

Alors pour comprendre l’ampleur de ce qui s’était passé j’ai choisi quelques grandes valeurs de la Bourse de Paris pour commencer

J’ai choisi de vous prendre une valeur dite de « père de famille » de la Bourse de Paris,

Air Liquide (spécialiste des gaz industriels).

Le titre était à 139 euros en mars 2020 avant le krach lié au blocage des pays avec la crise sanitaire, descente jusqu’à 105 euros au creux. Pour faire simple : -40% ce qu’on appelle un krach, cela arrive aussi pour cers valeurs quand les investisseurs vendent tout ce qu’ils ont sous la main !

La remontada terme cher aux footballeurs n’a pas été linéaire, mais cette semaine le titre valait 136 euros, comme si presque rien ne s’était passé.

Autre exemple dans un secteur lourdement touché par la crise, le tourisme, Accor dans l’hôtellerie. Là le schéma est un petit peu différent. Avant le krach, Accor valait une quarantaine d’euros pour tomber à 24 euros, voir 20 euros au plus bas donc disons 50% de baisse, un krach sévère. Un an après, le titre a pu remonter nous sommes autour de 33 euros, donc pas encore au niveau d’avant le krach, mais mieux qu’au pire de la crise.

Et un secteur qui semble lui immunisé, le groupe de Bernard Arnault LVMH, au pire de la crise en 2020, on descendait jusqu’à 311 euros, aujourd’hui l’action est autour de 568 euros, un petit 80% de progression. Le Luxe çà eut payé çà paye toujours !

 

Et puis Tesla est aussi un exemple de la folie dans la tech des marchés : l’action du constructeur de véhicules électriques a fait quasiment fois 8 en un an !

Sur la même période le bitcoin crypto actif dont on parle de + en + a fait aussi fois 8 en un an.

Vous le voyez lorsque je dis au global les marchés financiers vont bien et ont rattrapé leurs retards, c’est vrai, mais il faut regarder les sociétés une par une pour voir celles qui ont pu regagner la confiance des investisseurs et les autres.

Les indices boursiers au global en tout cas ont fait la remontada et effacé le krach

Globalement donc les investisseurs se sont projetés sur la suite : la campagne de vaccination qui se déroule dans le monde entier, la reprise économique en Asie, notamment en Chine, avant l’Europe et les Etats-Unis. Bien entendu le plan Biden de relance et les plans européens avec les actions des banques centrales sont un fort soutien, le Président de la Réserve Fédérale Américaine Jérome Powel a donné des indications sur une plus forte croissance américaine et des taux bas qui vont continuer à le rester.

C’est ce qu’anticipent la plupart des intervenants, mais cette reprise est d’abord un rattrapage après le creux de 2020.

 

Didier alors tout va bien dans le meilleur des monde de la Finance ?

Ce serait trop simple Philippe, j’ai eu l’occasion ici de vous parler de GameStop, où des actionnaires par millions faisaient trembler des Hedge Funds, mais aussi des cryptos monnaies dont le Bitcoin célèbre qui attirent de plus en plus d’investisseurs. Je vous disais fois 8 en un an. Cela pose question

L’environnement de taux bas, mais aussi les confinements ici et là amènent de nouveaux investisseurs à chercher de nouvelles pistes d’investissement.

Pour l’ancien patron de la Banque Centrale européenne, le français Jean-Claude Trichet, « La bulle des crypto-actifs ressemble à celle des tulipes néerlandaises »

L’occasion de se plonger au 17 ème Siècle quelques instants. La fameuse première des grandes crises internationales connue à ce jour qui date de 1637, et touchait les Pays-Bas et l’Europe, avec d’abord une frénésie autour du bulbe de la tulipe « Semper Augustus », si vous la cherchez sur internet, elle est rouge avec des liserés blanc. L’engouement pour la fleur attire riches et plus modestes, au point qu’en février 1637, au plus fort de la crise, un bulbe coûte le prix d’une maison (67 000 $, inflation déduite), ou l’équivalent de vingt ans de salaire pour un ouvrier de l’époque. Mais face à des prix de plus en plus fous, les spéculateurs commencent à se faire plus rare et là le bulbe chute de 95%, entraînant la ruine de nombreuses familles. Et comme cet environnement de taux bas va rester il est évident que des « bulles » vont se constituer. Un économiste me disait récemment que quand les taux reprendront une configuration + normale, cela changerait la donne, mais c’est pas pour le mois prochain !

 

Mais Didier Pourquoi cette différence apparente entre les marchés financiers et l’économie  qui elle patine encore un peu non ?

Oui ce décalage n’est pas forcément anormal, les professionnels vous expliquent que les investisseurs ont six mois d’avance, ils se projettent. La reprise économique, les vaccinations, les voyages…C’est souvent ce qui se passe, mais il faut aussi admettre que prévoir comme d’habitude j’ai envie de dire ce qui va se passer dans les prochains mois ne sera pas chose aisée. Car le fameux monde d’après vanté par des spécialistes du marketing, ne sera pas forcément exactement le monde d’avant,  les consommateurs vous moi nos auditeurs, dans nos habitudes ici et dans les autres pays, une fois la vaccination réalisée, va-t-on tout refaire comme avant, aurons-nous envie de nous retrouver dans des restaurants serrés les uns aux autres ou dans des bars bondés, reprendre les transports en commun, et la croisière s’amuse avec 5.000 personnes à bord, est-ce que cela reviendra comme avant ?

Il y a Philippe des incertitudes, c’est le lot des marchés financiers qui préfèrent eux des certitudes. Ils devront aussi s’habituer à ce que les choses soient moins lisibles.

Mais ce qui est sûr c’est que nous, collectivement, nous nous sommes adaptés à ce choc qui nous est tombé dessus par surprise. Télétravail, e-commerce,

La transition technologique en cours a été grandement accélérée. Il a fallu trouver de nouvelles façons de faire fonctionner nos économies mais nous avons aussi vu les conséquences de la désindustrialisation en place depuis des décennies dans la plupart des pays d’Europe : notre dépendance aux grands centres de production émergents a été évidente

Les dirigeants d’entreprise que j’ai rencontré au cours des dernières semaines ont tous réfléchi à la stratégie de l’entreprise pour l’après. Elles ont trouvé de nouveaux marchés, ont adapté leur logistique, leurs produits. Celles qui ont été réactives passeront cette crise comme les précédentes. Cette crise n’est pas finie, mais nous avons déjà franchi quelques étapes

 

Alors Didier une entreprise a connu des ratés à sa tête, et ce n’est pas à cause de la crise sanitaire je veux parler de Danone.

Oui un an après la Covid, Emmanuel Faber le Pdg du groupe agroalimentaire a finalement été débarqué un événement dont on voudrait faire un exemple mais qui ne colle pas à la réalité.

J’ai eu l’occasion ici même de vous parler du sujet Danone, grande entreprise de l’agroalimentaire avec des marques emblématiques (Evian Volvic,Danone bien sûr..)

Il n’est pas faux de dire que Danone c’est un peu la France. Le pdg débarqué par le Conseil d’Administration est vu aujourd’hui comme l’impossible équilibre entre le capitalisme financier et l’investissement responsable. Comme si les vilains financiers avaient eu la peau du gentil Pdg, Emmanuel Faber.

C’est un peu moins simpliste que cela :

D’abord Philippe pour les suivre depuis plus de 30 ans, ce que je peux dire des conseils d’administration des grands groupes côtés, je vous parle du CAC40, c’est que dans ces conseils, je n’ai pas trouvé de rebelles, zadistes ou, le capitalisme français même s’il a fait des progrès en s’ouvrant à d’autres profils reste très entre soi.

Dans celui de Danone : Franck Riboud, le fils d’Antoine, qui était le fondateur du groupe y figure par exemple. Le fondateur qui avait déjà donné un profil particulier à Danone :

Faisant passer BSN qui s’appellera en 1994 Danone de l’industrie du verre à l’industrie agroalimentaire. Produits laitiers frais, eaux minérales, nutrition médicale et nutrition infantile. Ce sont les activités de Danone. Mais sur ces marchés il manque de la croissance. Et si l’on regarde le cours de Bourse de Danone, depuis l’arrivée d’Emmanuel Faber, le cours n’a rien fait pendant que celui du Suisse Nestlé lui s’appréciait. Et puis cette année, Emmanuel Faber communique sur Danone se réinvente, Danone entreprise à mission, puis propose des licenciements.

Ces séquences et un management qualifié d’autoritaire par certains ont convaincu le conseil de changer de capitaine. Les actionnaires activistes finalement n’ont été que des révélateurs d’une situation managériale bloquée à la tête de Danone. Donc ce n’est pas la bataille du capitalisme financier contre le capitalisme durable, c’est juste une sanction qui devrait arriver plus souvent quand les dirigeants des grands groupes ne sont pas efficaces pour leur entreprise.

Je connais d’autres entreprises du CAC40 ou les capitaines depuis des années montrent leur incompétence stratégique mais grâce à des conseils d’administration complaisants restent à la tête de leur groupe. Le conseil d’administration de Danone a juste fait son travail. Mais l’a-t-il bien fait ? Comment se fait-il qu’en moins de 15 jours il accepte le changement de gouvernance pour finalement changer de capitaine. La bonne Gouvernance est un enjeu de plus en plus présent pour les investisseurs, c’est ce qu’on appelle l’investissement ESG (environnement, social, gouvernance), Danone ferait bien d’y réfléchir.

 

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