Vincent Guenzi Stratégiste Cholet Dupont : "Une reprise de risque limitée".
Bourse : le retour de la confiance est-il solide ?

3 mai 2016 8 h 46 min
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#Bourse : Si les banques centrales européenne et américaine sont toujours la clé des marchés, les investisseurs semblent avoir repris confiance dans les marchés actions. L’environnement économique s’est amélioré modestement mais il semble que les craintes sur le ralentissement global de l’économie aient diminué.

Cela est-il suffisant pour modifier la stratégie d’investissement ?

Mon invité pour en parler est Vincent Guenzi Stratégiste Cholet Dupont.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes stratégiste chez Cholet Dupont. On va parler avec vous de marchés et de perspectives sur ces marchés. On a l’impression, en tout cas récemment que les investisseurs sont revenus avec un peu plus d’intérêt, en tout cas sur les marchés actions. Est-ce qu’il y a vraiment des raisons profondes à ce retour en faveur des actions ?

Vincent Guenzi – Stratégiste – Cholet Dupont : Oui, il y a des raisons parce que l’environnement global s’est un peu amélioré, que ce soit sur le plan économique, sur le plan financier, sur le plan des tensions qu’on avait sur les taux, sur les spreads. Il y a eu quand même une baisse de la version risque assez générale et ça a motivé ce retour des investisseurs. Et même plus récemment, avec une accentuation, je crois, sur l’Europe qui a commencé à rattraper un peu son retard. Alors que le mois précédent, c’est surtout les États-Unis qui s’étaient bien comportés et là, l’Europe fait un petit peu mieux. Donc, c’est de bon augure. Maintenant, la question est : est-ce que ça peut continuer ou est-ce que ce n’est qu’un mouvement de rattrapage par rapport au point bas qu’on avait vu au mois de février. On n’a pas encore la réponse.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on sait toujours ce que font les banques centrales. Bien sûr, elles sont au cœur de ces marchés. On a à peu près en tête ce qu’aujourd’hui dit la Réserve Fédérale Américaine ou est-ce qu’il y a encore des surprises à attendre ?

 Vincent Guenzi – Stratégiste – Cholet Dupont : Non, à court terme, je crois qu’il n’y a pas de mauvaises surprises à attendre. La question se posera un petit peu plus au mois de juin ou à l’automne. Mais je ne suis pas du tout convaincu que la FED change tout à fait de fusil d’épaule. Premièrement, parce qu’aux États-Unis, même si la conjoncture s’améliore, elle ne va pas être très très vigoureuse ou en tout cas pas au point que la FED s’en inquiète. Et le deuxième élément qu’il faut regarder, c’est l’inflation. Donc bien entendu, le rebond des matières premières et du pétrole va occasionner un petit peu d’inflation, mais ce ne sera peut-être pas si durable que ça, donc je ne suis pas certain que la FED prenne tous ces éléments en compte pour finalement remonter ses taux si rapidement. Je pense qu’il y aura probablement encore 25 centimes de hausse des taux d’ici la fin de l’année. Est-ce que ça sera avant l’été ou après l’été ou après les élections ? Les avis sont très partagés sur la question.

Web TV www.labourseetlavie.com : Il y avait eu bien entendu la question de la croissance chinoise qui avait fait peur il y a quelques mois, qui pourra refaire peur. Est-ce qu’aujourd’hui, on a de meilleures informations, en tout cas de meilleurs sentiments sur la Chine ?

Vincent Guenzi – Stratégiste – Cholet Dupont : Oui, meilleurs sentiments, c’est certain. Des informations un peu meilleures aussi, si on regarde le commerce extérieur qui s’est redressé. Et surtout, je crois que les investisseurs commencent à se convaincre que les autorités chinoises ne vont pas rester les bras ballants, qu’elles s’intéressent vraiment, à la fois à la question monétaire, à la parité de la devise et à soutenir l’économie pour que cette croissance ne se transforme pas en déflation généralisée exportée à l’extérieur. Je pense que c’est surtout cette perception des investisseurs qui se disent « L’économie ralentit, c’est un fait, mais pas plus qu’il ne fallait le craindre ». C’est un phénomène assez normal après les très fortes croissances qu’on a connues ces dernières années. La situation semble un peu mieux sous contrôle et c’est suffisant pour les investisseurs.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors en Europe, on a la Banque Centrale Européenne bien sûr qui est à la manœuvre également. Là, on se pose toujours des questions sur la conjoncture européenne en se disant est-ce qu’enfin on a un peu plus qu’une petite reprise ou pas ou est-ce qu’on est toujours là dans une reprise très lente de l’économie ?

Vincent Guenzi – Stratégiste – Cholet Dupont : Oui, on est toujours dans une reprise très lente, qui va un petit peu mieux qu’il y a un ou deux trimestres, mais qui reste très lente et avec des hoquets. Donc, elle n’est pas très assurée cette reprise. Comme aux États-Unis, elle ne l’a pas été non plus finalement. Donc, c’est à la fois réconfortant parce que le pire que l’on pouvait craindre ne se produit pas, mais ça ne permet pas de donner un enthousiasme débordant aux investisseurs et c’est pour ça que la reprise des marchés actions est très graduelle.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors en même temps, on pouvait dire il y a quelque temps encore ou même on l’entendait, baisse de l’euro, baisse des prix du pétrole. Il y avait toutes les cartes pour que ça se passe bien en Europe et finalement sur le plan économique, on voit que ce n’est pas aussi simple que ça.

Vincent Guenzi – Stratégiste – Cholet Dupont : La croissance, le chemin de croissance et de rebond de la croissance est toujours là et il n’a pas trop dévié. Les impacts matières premières ont été positifs, mais comme la baisse du pétrole a été beaucoup plus prononcée et qu’elle a engendré des craintes d’une autre nature sur des risques de faillite, de provisions dans les banques, etc., tout ceci a compensé un peu le côté bénéfique de la baisse des matières premières et du pétrole. Les taux bas sont toujours là. Je pense qu’en Europe, il nous manque aussi de la confiance, la confiance des ménages, des entrepreneurs. On voit bien que l’investissement ne redémarre pas non plus. Même si le crédit, lui, se reprend, ce qui est très favorable, on n’a pas encore les éléments nécessaires pour avoir une croissance qui se rapproche ou qui dépasse les 2,5 % ou les 2 %. Donc, c’est vrai que c’est une croissance qui reste vulnérable. Qui est là, mais qui reste un peu vulnérable.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors du côté des entreprises, on a vu quand même un certain nombre de résultats où on commençait à avoir un impact de cette situation un peu mitigée que vous avez rappelée sur les différentes zones. Donc, ce n’est pas forcément là où on aura un facteur de soutien sur l’atteinte de résultats d’entreprises. On est plutôt là dans une baisse.

Vincent Guenzi – Stratégiste – Cholet Dupont : Alors, c’est très très différencié selon les secteurs, selon les valeurs. Il y a parfois quand même des bonnes surprises. Ce que je regarde, moi, c’est au niveau global comment se comportent les perspectives de résultats, les perspectives de croissance des résultats. Et c’est vrai, que ce soit pour 2016 ou pour 2017, il y a toujours des révisions à la baisse, des deux côtés de l’Atlantique. Donc ça, c’est un élément de soutien et de hausse des marchés que nous n’avons pas et qui fait cruellement défaut. En revanche, je pense qu’on va bientôt sortir de cette phase un peu difficile de comparaison négative. Parce que l’année dernière au printemps, on était au top des résultats des entreprises américaines. Donc là, on est dans la phase où on a un point de comparaison très compliqué. Le trimestre prochain, la comparaison sera un petit peu plus facile. Donc, cet élément qui pèse un peu sur les marchés, cette révision à la baisse des résultats, va peut-être s’atténuer un petit peu. Ce qu’il faudrait vraiment, c’est que les analystes commencent à revoir un petit peu à la hausse la croissance bénéficiaire et pour l’instant, on n’en voit pas beaucoup de signes précurseurs malheureusement.

Web TV www.labourseetlavie.com : De votre point de vue, comment évolue justement votre allocation d’actifs, entre ces parties actions et parties obligataires ? Comment ça bouge ?

Vincent Guenzi – Stratégiste – Cholet Dupont : Alors, on a gardé globalement une position assez neutre parce que, même au plus fort des craintes, on n’était pas convaincu qu’on soit au début d’un grand “Bear” market. Et quand la situation s’est un petit peu améliorée, on est resté neutre sur les actions avec un biais un tout petit peu positif et en essayant de faire un petit peu de rotation sectorielle dans nos recommandations. C’est-à-dire qu’on est resté sur des grandes valeurs à bonne visibilité, mais les secteurs sur lesquels on était un peu plus négatifs à court terme, comme les produits de base, comme le pétrole, comme les secteurs industriels, on a commencé à revenir à une position un peu plus neutre. Et là, j’ai même “upgradé” le mois précédent, le mois dernier, le secteur industriel pour jouer un petit peu une reprise de risque dans les portefeuilles. Mais le potentiel à court terme, d’ici quelques semaines, quelques mois, pour l’instant, est assez limité quand même. Donc, on ne peut pas avoir une position beaucoup plus agressive que ça, d’autant qu’il y a encore pas mal d’incertitudes qui restent, tant sur le plan géopolitique qu’économique.

 

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