Marc Riez Directeur Général Vega IM : "Toujours garder une poche de cash".
Bourse et marchés : l'après Brexit et l'investissement

29 juin 2016 17 h 31 min
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Bourse : Après le choc du #Brexit, la donne est-elle profondément modifiée sur les marchés financiers ?

Quelles conséquences pour la stratégie d’investissement, les banques centrales peuvent-elles trouver une parade ?

Faut-il sortir de ce marché ou y trouver des opportunités ?

Mon invité pour parler de la situation et des perspectives pour cet été est Marc Riez Directeur Général Vega IM.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Marc Riez, bonjour.

Marc Riez – Directeur Général – VEGA IM : Bonjour.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes le directeur général de VEGA IM. On va parler avec vous de marché et bien entendu de ce post-Brexit. On a vu ce qui s’est passé vendredi. Pour vous, qu’est-ce qui est le plus important aujourd’hui quand on a ce type de choc sur les marchés ? Qu’est-ce qu’on doit faire ? Comment on réagit ?

Marc Riez – Directeur Général – VEGA IM : Alors en tant qu’investisseur, je crois qu’il ne faut pas se laisser trop bousculer par tout ça. On est revenu sur les marchés d’actions européennes au niveau où on était il y a dix jours à peu près, donc avant ce vote et je pense que pour l’instant, la chose la plus urgente à faire, c’est déjà d’attendre, de voir où les marchés nous amènent et comment ils valorisent cette très très mauvaise nouvelle. Pour l’instant, je pense qu’on va se diriger vers à nouveau les supports du début d’année, du mois de février où le CAC40, on s’en souvient, avait testé à l’époque les niveaux de 3 900. J’imagine que le marché va vouloir retester un peu la force et la solidité de ces niveaux-là. Donc, on attend de voir comment ça se passe à ce moment-là.

Web TV www.labourseetlavie.com : On voit des secteurs, tout de suite, qui ont été touchés en priorité. On pense au secteur bancaire. Alors, bien sûr, les banques britanniques, mais aussi des banques françaises.

Marc Riez – Directeur Général – VEGA IM : Européennes également, oui.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc là, c’est du concret.

Marc Riez – Directeur Général – VEGA IM : Je crois que ça illustre une fois de plus le fait qu’il y a action et action. C’est quelque chose qu’on essaye de porter depuis un certain nombre d’années, mais on voit que des valeurs comme Pernod Ricard ont perdu 1 %, 1,5 %, Essilor 3 %. Enfin, on voit qu’il y a quand même toute une catégorie de belles valeurs de croissance solide avec des bonnes barrières à l’entrée qui, même dans ces journées-là, ne résistent pas si mal. Donc, c’était une dispersion à la fois sectorielle et par valeur de la baisse qui était très très forte. On a vu Nestlé monter dans la séance de vendredi, par exemple. Et face à ça effectivement, toutes les valeurs un petit peu cycliques qui sont bien aimées par les gérants value, là je pense évidemment aux banques, mais aussi à l’automobile, aux utilities, aux télécoms, etc., qui restent des valeurs aujourd’hui très spéculatives. Et je pense que déjà si on n’a pas dans son portefeuille une présence trop importante de ces secteurs-là, de ces valeurs-là, on a une bien meilleure résilience aux chocs. Alors évidemment, on n’est pas complètement exempt de baisse, mais je pense qu’il faut vraiment rester dans le stock picking sur ces très très belles valeurs et sur ces secteurs qui tiennent bien, qui sont la santé, l’alimentation, la consommation de base, le luxe, la cosmétique, etc.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, ce Brexit est arrivé au même moment, enfin juste après que la Réserve fédérale américaine décide de reporter sa hausse de taux, donc on a quand même un contexte global où on voit que la remontée de taux n’est pas pour tout de suite.

Marc Riez – Directeur Général – VEGA IM : D’autant plus avec ce qui se passe là.

Web TV www.labourseetlavie.com : On décale à nouveau sur quasiment l’année prochaine.

Marc Riez – Directeur Général – VEGA IM : C’est parti pour. Parce que déjà on sent quand même une Madame Yellen très prudente et très averse à remonter ses taux. Et là évidemment ce qui s’est passé avec le Brexit va rendre la hausse qu’on pensait éventuellement se faire en juillet certainement très improbable pour le coup. Les marchés vont déjà complètement évacuer de leur scénario. Ce qui est certain, c’est que ce qui s’est passé là, ça montre quand même la responsabilité énorme de la classe politique. On voit une classe politique britannique qui s’est totalement couverte de ridicule dans cette affaire, puisqu’elle a suscité ce vote populaire sans pédagogie, sans vraiment expliquer au peuple britannique les tenants et les aboutissants. Et finalement après ce résultat, on ne voit aucun politique anglais porter finalement le succès de ce Brexit. Chacun paraît totalement dépassé par les évènements. Ceux qui l’ont soutenu, comme Cameron, sont amenés à démissionner parce que c’est une baffe. Ceux qui l’ont promu, que ce soit à Gauche ou à Droite, n’en tirent aucun bénéfice politique. On voit qu’ils sont obligés en rase campagne de reconnaître que finalement, ce n’est quand même pas une très bonne nouvelle a minima pour l’économie britannique. Et donc je crois qu’aujourd’hui, il y a vraiment beaucoup beaucoup de pédagogie à faire. C’est vrai pour nous, gérants, vis-à-vis de nos clients, leur expliquer le plus possible le fonctionnement des marchés, mais c’est vrai aussi pour la classe politique, expliquer les enjeux, tout l’intérêt de cette Europe, dans un monde de superpuissance où déjà tout se joue entre les États-Unis et la Chine. Alors, si en plus nous, Européens, y allons en ordre divisé, chacun avec nos petites troupes, là il est clair qu’on sera totalement laminé.

Web TV www.labourseetlavie.com : On a vu pour les investisseurs, en même temps, il y a toujours cette même question de rendement, d’aller chercher du rendement. On a vu ce qui se passe sur les marchés obligataires, on voit ce qui se passe sur le Bund allemand. Mais sur les actions, on se dit, quand même, il va y avoir plus de volatilité, plus de risques, ils sont coincés quand même. Ils sont un peu perdus.

Marc Riez – Directeur Général – VEGA IM : C’est très compliqué, on le voit bien. Parce que même pour nous gérants, on avait autrefois quand même ce moteur de la poche taux qui donnait quand même bon an mal an un rendement de 3 à 4 %. Donc même si ça ne faisait pas tout, bien sûr, la part action avait un impact important sur la performance finale des portefeuilles et sur leur rendement, mais on avait au moins cette poche sur laquelle on pouvait s’appuyer pour bâtir quand même quelque chose et après on ajustait la part action selon la version risque du client. Là aujourd’hui, on n’a plus rien. C’est-à-dire qu’effectivement, la poche taux ne couvre pas les frais ni la fiscalité d’ailleurs et donc on est obligé quand même d’aller un peu sur les actions en dépit de leur volatilité. Mais c’est là que je reviens à ce que je disais au départ de l’interview, c’est-à-dire il y a action et action. Donc, qu’est-ce qu’il faut acheter dans des marchés qui baissent comme ça ? Les très belles valeurs comme Pernod, Essilor, n’ont pas baissé. Donc là, il n’y a pas d’affaires particulières à faire dessus, si ce n’est à garder celles qu’on a en portefeuille. Quelles sont les valeurs de qualité finalement qui ont bien baissé dans cette crise ? Eh bien, des valeurs industrielles cycliques qui souffrent dans ces cas-là. Et là je pense par exemple à des valeurs comme Valeo qui ont beaucoup souffert vendredi, qui ont perdu plus de 10 %. Je pense à du Schneider, à du Saint-Gobain, qui sont des valeurs de grande qualité, mais qui, par leur cyclicité, ont été bien impactées par la baisse et celles-là effectivement, il va y avoir des affaires à faire sur ces valeurs-là.

Web TV www.labourseetlavie.com : On se dit, on n’est même pas encore au début de l’été. Avec ce climat en France, on en est loin. Sur les marchés, c’est un peu la même chose. On se dit, l’été, c’est toujours compliqué. Est-ce qu’il faut attendre pour investir, parce qu’on a souvent des mois d’août qui sont un peu compliqués ? Est-ce qu’il va y avoir de nouvelles opportunités finalement ?

Marc Riez – Directeur Général – VEGA IM : Si vous voulez, du point de vue économique, les niveaux actuels sont déjà une opportunité. Parce que je pense quand même que l’impact du Brexit sur les résultats des entreprises européennes dans les six mois – un an qui viennent ne vont pas être percutées à ce point par cette décision. En revanche, c’est vrai que l’impact politique et macro-économique de ce tremblement de terre qui est le Brexit, ça, on ne l’a pas encore vraiment touché du doigt, on ne l’a pas encore mesuré. Et si vous voulez, moi j’ai envie, avant de revenir sur les marchés, de voir un peu comment et où ils trouvent un point d’équilibre par rapport à ce qui s’est passé. Cette journée de vendredi évidemment a été très importante. 8 % de baisse en France, 8,5 % en Europe, etc. Mais je ne suis pas sûr qu’on se limite à ça pour l’instant. Je pense que le marché a été quand même profondément surpris, profondément déstabilisé par ce qui s’est passé et donc il faut voir comment maintenant, quels appuis finalement il trouve. Et ça, les séances qui viennent vont nous le dire.

Web TV www.labourseetlavie.com : Ça veut dire garder toujours une poche de cash, si on peut ?

Marc Riez – Directeur Général – VEGA IM : De toute façon, il faut toujours garder une poche de cash. Ça, c’est une évidence absolue. Parce qu’on voit bien qu’on n’est à l’abri absolument de rien, y compris de décisions collectives un peu suicidaires. Quand on regarde cette population anglaise qui a voté le Brexit, on sent une population désarçonnée, qui est un peu écartée finalement du succès économique du Royaume-Uni. Parce que quand même ce qui est étonnant, c’est qu’on n’est pas là en Grèce. On est dans un des pays en Europe, dans l’Union européenne, qui fonctionnait le mieux du point de vue économique. Simplement, on voit bien que toute une partie de la population se sent exclue, je dirais de ce miracle économique, mais en tout cas de ce mieux et c’est vraiment ça qu’il va falloir gérer en Europe, rassurer quand même les classes moyennes qui sont le fondement de la démocratie sur le fait qu’elles sont embarquées par le projet européen. Et ça…

Web TV www.labourseetlavie.com : C’est un sacré défi.

Marc Riez – Directeur Général – VEGA IM : C’est du travail.

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Marc Riez.

Marc Riez – Directeur Général – VEGA IM : Merci.

 

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