Jacques-Antoine Bretteil Président Financière ICG : "Sélectionner des sociétés relativement peu capitalisées avec des perspectives intéressantes".
Bourse : naviguer dans des marchés incertains

12 juin 2016 14 h 18 min
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Bourse : les investisseurs sont plus indécis aujourd’hui avec des risques politiques et une croissance qui pose question.

Tour d’horizon des questions d’actualités : banques centrales, Brexit, croissance, entreprises…

Parmi les valeurs qui intéressent Jacques-Antoine Bretteil Président Financière ICG : Alstom avec un rendement intéressant et Innate Pharma en immuno-oncologie (cf une vidéo du dirigeant à ce sujet qui expliquait la stratégie de l’entreprise : https://www.labourseetlavie.com/strategie-et-resultats/herv-brailly-pr-sident-du-directoire-innate-pharma-on-s-inscrit-dans-la-cr-ation-de-valeur-massive-mais-de-long-terme)

“On arrive au bout du bout pour les banques centrales”, ajoute Jacques-Antoine Bretteil.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Jacques-Antoine Bretteil, bonjour.

Jacques-Antoine Bretteil – Président Financière ICG : Bonjour Didier.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes le président de la Financière ICG. On va parler de marchés avec vous et de perspectives. Quand vous abordez ce milieu d’année après, je dirais quand même quand on regarde les performances, des performances pas terribles sur les marchés européens en tout cas ?

Jacques-Antoine Bretteil – Président Financière ICG : On a eu un début d’année très compliqué. Très compliqué. Un certain nombre de facteurs exogènes se sont entrechoqués et c’est vrai que la sinusoïde du marché a été impressionnante. La reprise aussi, depuis le plus bas de mi-février, est impressionnante aussi et laisse penser quand même qu’on a besoin d’une phase de respirations, qu’on reprenne un petit peu les marques.

Web TV www.labourseetlavie.com : Quand on regarde les investisseurs, alors, il y a toujours les mêmes risques, la croissance, peut-être à venir le risque de Brexit, est-ce que tous les risques sont bien identifiés ?

Jacques-Antoine Bretteil – Président Financière ICG : Identifiés, oui, mais en on n’en a pas les consonances exactes sur le marché. Alors, c’est vrai qu’il y a les problèmes des banques centrales. Qu’est-ce qu’elles vont continuer à faire ou pouvoir faire ? Parce qu’on arrive, à mon avis quand même, au bout du bout. La Réserve Fédérale Américaine va probablement relever ses taux, mais si elle les relève de 25 points de base, ce n’est pas ça qui va changer la face du monde. Ce n’est pas ça non plus qui redonnera la croissance à l’ensemble des économies. Le Brexit, c’est vrai que c’est un problème. Je ne pense pas de toute façon qu’il y a une réponse positive de la part, en tout cas du marché anglais, du peuple anglais peut-être. Mais je ne pense pas qu’en fait, il saute le pas. Donc évidemment, ça pèse un petit peu sur les marchés aujourd’hui. Ce n’est pas à mon avis quelque chose qui sera très redondant dans les prochaines semaines. Mais vous avez raison, c’est le problème de la croissance. Parce que finalement, il y a du chômage et il n’y a pas de croissance : les économistes se délitent. Et c’est vrai qu’il faut s’habituer maintenant à des économies molles, à une croissance molle dans des économies matures. Mais les marchés justement ont probablement un peu anticipé et je pense qu’au niveau actuel, la zone de vulnérabilité est atteinte.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors justement pour les investisseurs, ils voient aussi cette évolution des taux. On regarde dans le monde entier, que ce soit aux États-Unis, que ce soit en Europe avec l’Allemagne ou la France, des taux négatifs. C’est quand même un environnement…

Jacques-Antoine Bretteil – Président Financière ICG : On marche sur la tête.

Web TV www.labourseetlavie.com : Malgré votre expérience, on peut dire que vous n’avez pas connu ça.

Jacques-Antoine Bretteil – Président Financière ICG : Jamais. On marche sur la tête. Des taux négatifs, ça ne correspond à rien. C’est anti-économique. Donc, quand vous payez des intérêts pour prêter de l’argent, ça paraît quand même invraisemblable. Donc, il va falloir qu’on retourne à une orthodoxie économique un peu plus logique. Et pour ça, je crois que de toute façon, il n’y a que la croissance, croissance macro-économique, croissance micro-économique, parce que c’est vrai, les sociétés ralentissent aussi considérablement. C’est pour ça qu’aujourd’hui, on ne peut pas, à mon avis, avoir de politique de gestion globale autre que faire du stock-picking, choisir sinon les valeurs, en tout cas les secteurs qui, dans un contexte de ralentissement général, sortiront probablement un petit peu de l’ornière.

Web TV www.labourseetlavie.com : Oui, parce que vous parlez de cette hausse de taux américains à venir, on ne va pas vraiment changer d’univers justement sur cet environnement de taux dans les prochains mois, vu le niveau.

Jacques-Antoine Bretteil – Président Financière ICG : Non. On sait de toute façon que cette fois-ci, les taux ont atteint pratiquement leur plancher d’abord historique, mais économique, logique. Donc effectivement, dans le courant des prochains mois, les taux vont remonter. Mais ils vont remonter très graduellement, ils vont remonter de manière extrêmement raisonnée, parce que personne n’a intérêt à casser la machine non plus. Et les banques centrales, qui jusqu’à présent ont bien fait leur boulot, il faut le reconnaître, vont probablement continuer à accompagner cette croissance ou cette non-croissance avec des taux raisonnables.

Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté des entreprises, on a vu quand même un début de résultat un peu moins bon avec cette croissance économique plus faible, est-ce qu’il y a des entreprises qui tiennent la distance justement dans cette période un peu compliquée ?

Jacques-Antoine Bretteil – Président Financière ICG : Il y a. Justement, je vous parlais de stock-picking. C’est maintenant à l’analyste, en fait, de faire son vrai boulot. Il est payé pour ça. Et effectivement, il y a un certain nombre de sociétés qui émergent du lot, qui sont d’abord bien gouvernées, bien dirigées, dans des secteurs ou des niches un petit peu protégés et qui ne sont pas hors de prix. Si vous voulez aujourd’hui, le multiple de capitalisation du marché européen est de l’ordre de 16,5, quelque chose comme ça, pour une moyenne historique de 14 ou 14,5. Donc, vous voyez, il y a déjà une surévaluation. Donc, il s’agit de sélectionner des sociétés qui sont relativement peu capitalisées, qui sont bien gérées bien sûr et qui ont des perspectives de développement qui sont intéressantes. Alors moi, il y a deux – trois affaires que je souligne en particulier. Dans le domaine industriel, c’est Alstom qui est une affaire qui n’a pas fait grand-chose depuis le début de l’année, même ces dernières années, qui s’est bien restructurée, bien reconcentrée sur tout ce qui concerne le transport ferroviaire. Ils ont écarté toutes les autres activités qui posaient problème. C’est une affaire qui est relativement peu capitalisée, qui rapporte. C’est un titre qui rapporte 5 – 6 % et qui, à mon avis, devrait dans le courant des prochaines années vraiment se distinguer. Et puis en secteur défensif, dans la pharmacie, en dehors de Sanofi qui est vraiment un des majors, il y a une petite affaire que j’aime beaucoup en immuno-oncologie spécialisée, qui s’appelle Innate Pharma. Ce n’est pas un gros du secteur mais ça peut effectivement. Ils ont signé des accords avec Sanofi justement, avec AstraZeneca, une très belle petite affaire qui a en magasin, si je puis dire, des médicaments extrêmement prometteurs en matière de cancérologie pour les prochaines années.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc là effectivement, on peut « faire son marché ».

Jacques-Antoine Bretteil – Président Financière ICG : Absolument. Mais on doit faire son marché comme ça, justement essayer de sortir un petit peu des sentiers battus et trouve des idées de développement intéressant.

Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin. Les marchés émergents, la Chine, comment on regarde ça ?

Jacques-Antoine Bretteil – Président Financière ICG : Jusqu’à présent, ils ont posé problème. Même si aujourd’hui on s’en aperçoit, même au Brésil ou en Argentine, les économies sortent un tout petit peu du plus mal, ça pose encore problème. Et les derniers résultats, les dernières statistiques macro-économiques chinoises ne sont pas très bonnes. Donc, il faut faire attention. Moi aujourd’hui, je préfèrerais justement mettre l’accent sur les marchés développés et en particulier l’Europe. Moins les États-Unis parce que je considère que là aussi, s’il doit y avoir une rupture sur les marchés occidentaux, ça viendra peut-être de la surcapitalisation de la cote américaine. Et puis laisser de côté, pour le moment, les émergents.

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Jacques-Antoine Bretteil.

Jacques-Antoine Bretteil – Président Financière ICG : C’est moi qui vous remercie.

 

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