Yves Maillot Directeur Actions européennes Natixis AM : "Vers des secteurs défensifs et de croissance".
Evolution de la stratégie d'investissement

11 juin 2016 15 h 48 min
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Bourse  et Marchés : Les investisseurs dans l’expectative.

Même si une hausse des taux aux Etats-Unis semble acquise, le calendrier est loin d’être aussi sûr.

La Réserve Fédérale américaine pourrait tenir compte de facteurs exogènes comme le #Brexit pour ajuster son calendrier. La Banque centrale européenne est elle dans un schéma toujours plus accommodant.

Quid de la croissance en Chine, et des marchés émergents ?

Mon invité pour parler de ces marchés financiers est Yves Maillot Directeur Actions européennes Natixis AM.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Yves Maillot, bonjour.

Yves Maillot – Directeur Actions européennes Natixis AM : Bonjour.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes directeur des Actions européennes chez Natixis Asset Management. On va parler avec vous de marchés et de perspectives. On est un peu dans l’expectative en un sens sur les marchés, entre les actions des banques centrales, la réalité de la croissance économique. Est-ce qu’on a besoin d’autres stimulants pour les marchés ?

Yves Maillot – Directeur Actions européennes Natixis AM : On aurait besoin de façon générale d’une croissance économique plus soutenue, plus vive. Alors, on a du mieux en Europe, en Zone euro, dans certains pays de la Zone euro, mais la bourse est quand même largement conduite, tirée, par les attentes de croissance des résultats et à ce titre, on est pour 2016 quand même sur des choses très molles en termes d’estimation de croissance. C’est là où le bât blesse. On assiste à des reprises, mais qui sont relativement courtes du marché, à des corrections entrainées par les menaces, des incertitudes, de nouveaux risques politiques en particulier. Et on a du mal à voir une tendance haussière plus marquée. C’est en tout cas le schéma que l’on connaît depuis le début de cette année 2016.

Web TV www.labourseetlavie.com : Du côté des politiques monétaires, on est toujours un petit peu dans l’expectative, mais on se dit quand même que la FED remontera bien un jour ou l’autre ses taux. C’est acté quand même par les investisseurs ou il y a encore des doutes ?

Yves Maillot – Directeur Actions européennes Natixis AM : On a vu ces derniers mois, alors la tendance très récente a donné de nouveau « un espoir », je ne sais pas s’il faut parler d’espoir, mais de relèvement des taux directeurs de la banque centrale américaine. Mais ces derniers mois, par contre, on a vu un écartement entre le discours de la FED, le début de son action et puis d’autre part, les anticipations du marché, telles que mesurées par les courbes de taux. Alors là, c’est vrai que dernièrement, la Réserve Fédérale a annoncé de nouveau vouloir procéder à des relèvements de taux directeurs. Elle l’avait commencé, initié, en décembre. C’est très timide. On part de niveaux extrêmement faibles. Mais elle a sorti toujours son discours d’une conditionnalité de poursuite, de confirmation de l’amélioration de la croissance économique aux États-Unis. Et tout ça n’est pas réellement joué. Pour notre part, nous pensons plutôt que s’il y a des hausses de taux directeurs, ils seront probablement décalés dans la deuxième partie de l’année 2016, en tout cas du côté américain.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, il y a toujours des investisseurs, bien entendu, qui sont en quête de rendement. Donc, on sait que les marchés actions forcément dans ce contexte-là sont favorisés, mais comment doit évoluer quelque part la stratégie d’investissement dans ce contexte un petit peu compliqué ?

Yves Maillot – Directeur Actions européennes Natixis AM : De notre point de vue, elle doit rester assez équilibrée en favorisant, malgré tout, les secteurs, les sociétés à bonne visibilité, à régularité de la croissance. Et donc une fois que l’on a dit ça, automatiquement, on porte plutôt les allocations vers des secteurs défensifs, de croissance, qui ont souvent malheureusement l’inconvénient d’être bien valorisés en termes de multiples, des bénéfices, bien valorisés par le marché. C’est la contrepartie d’une bonne visibilité. Donc, on peut parler de secteurs tels que le secteur de la santé pharmacie, le secteur des télécoms qui semble sortir quand même de sa longue période de pression déflationniste, le secteur des logiciels aussi qui est porteur. Donc, plutôt le cœur de portefeuille et puis essayer de profiter de mouvements de reprise tactique, comme on a connu par exemple sur les valeurs pétrolières, les valeurs minières, en ce début d’année 2016, parce qu’il y avait eu un excès de pessimisme, à la fois logique quand on voit l’évolution du cours des matières premières purement, mais en même temps excessif. C’est difficile à jouer, donc encore une fois, un cœur défensif, quitte à aller vers des sociétés, j’allais dire, moins attrayantes, avec moins de capacité de rebond de leur valorisation, mais plus sécurisantes. D’autant qu’aujourd’hui, en ce début juin, on est proche d’un certain nombre d’échéances qui rajoutent du risque à l’analyse globale du marché.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors justement, on le sait par expérience. Sur les marchés, il y a des risques qu’on voit, ceux qu’on ne voit pas ou que les investisseurs ne veulent pas voir. Là, on pourrait dire que peut-être il y avait une sous-estimation du risque Brexit qui arrive là. Finalement, c’est la prochaine échéance.

Yves Maillot – Directeur Actions européennes Natixis AM : Oui, c’est la prochaine, la principale. Juste avant, il y a une réunion aussi de l’Open market de la Réserve Fédérale Américaine, quelques jours avant. Mais effectivement, c’est l’échéance la plus marquante au niveau politique. Il y aura les élections espagnoles trois jours après. On ne peut pas dire au jour d’aujourd’hui que les marchés actions aient réellement beaucoup intégré ce risque. Là où on l’a vu réellement s’imprimer tout de suite, dès le début de la campagne, fin d’année 2015, c’est sur le cours de la livre contre le dollar et contre l’euro, où là on assiste à un fort décrochage entre le point de cette parité de fin d’année 2015 et les points bas d’il y a quelques semaines, environ 12 %. Entre temps, à la faveur de sondages meilleurs pour le camp du « nous restons dans l’Union Européenne » du côté britannique, on a vu la livre se réapprécier et éliminer les 2/3, ¾ de sa baisse précédente. Sur le marché des actions, on pourrait dire curieusement l’indice britannique FT a même surperformé les autres bourses européennes, mais il faut dire qu’il y a eu un impact assez large de secteurs en fort rebond, comme les mines, le pétrole, qui sont des secteurs beaucoup plus représentés sur la bourse britannique que sur les autres bourses d’Europe continentale. Enfin, ce qu’on peut dire quand même, c’est que malgré tout, les investisseurs sur le marché actions du côté britannique ont quand même plutôt sanctionné des valeurs purement domestiques qui sont censées évidemment plus souffrir d’une détérioration de la conjoncture si la Grande-Bretagne, le Royaume-Uni, devait sortir de l’Union Européenne. Et a contrario, il y a des valeurs qui ont bénéficié de la baisse de la monnaie et qui ont là, pour le coup, vraiment surperformé la moyenne du marché.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on a eu au cours des derniers mois aussi bien sûr le risque du ralentissement chinois. Est-ce qu’aujourd’hui, de ce côté-là, il y a un peu moins de tensions ou est-ce que ça peut revenir ?

Yves Maillot – Directeur Actions européennes Natixis AM : Alors, ça peut revenir. À très court terme, il est vrai et assez intéressant de noter que ce risque, et je pense qu’il est fondé, était en tête de liste des préoccupations des investisseurs tout autour de la planète et puis on a basculé vers, en cours de semestre effectivement, avec ce rapprochement de l’échéance électorale au Royaume-Uni, avec le risque britannique qui est d’abord un sujet européen, mais qui est finalement un sujet devenu mondial. La Chine a quelque part relancé de nouveau, par un accroissement de son crédit, la conjoncture qui a donné des signes d’amélioration. Mais on est encore toujours dans un sujet quand même de fort endettement de l’économie chinoise au sens large, de déséquilibre et de surcapacité dans les domaines industriels et ce risque plane toujours effectivement comme contributeur à une détérioration de la tendance mondiale.

Web TV www.labourseetlavie.com : Le mot de la fin sur les marchés émergents. Il y a toujours deux tendances qui disent, c’est peut-être le moment d’y revenir, ceux qui se disent, compte tenu justement de cet environnement, une hausse des taux à venir aux US, peut-être pas encore. Est-ce que le regard change sur les marchés émergents ?

Yves Maillot – Directeur Actions européennes Natixis AM : Si on regarde les éléments macro-économiques, on ne peut pas dire malheureusement que les risques soient sortis et on n’assiste pas à une réelle très forte amélioration dans la plupart de ces pays. On a eu effectivement, là aussi, un excès de pessimisme et puis le mouvement de dépréciation assez marqué du dollar pendant les premiers mois de l’année a favorisé un retour vers ces zones qui ont bénéficié… on le voit sur les marchés actions, les marchés obligataires. Les devises émergentes ont largement rebondi. Maintenant, il ne faudrait pas que le dollar, à la faveur ou défaveur d’une hausse des taux aux États-Unis ou d’un risque nouveau qui ramène les investisseurs vers plus de placement dollar, crée un déséquilibre sur les places émergentes. Car, rappelons-le, une trop forte appréciation du dollar serait de nouveau déstabilisante pour ces marchés.

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Yves Maillot.

Yves Maillot – Directeur Actions européennes Natixis AM : Merci.

 

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