Philippe Douillet Gérant 360 Hixance AM : "Un glissement vers un peu plus de risques pour avoir un peu plus de rendement".
Bourse : Stratégie d'investissement et perspectives

22 mai 2016 14 h 52 min
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Bourse et marchés financiers : Un mois de mai compliqué, des nuages à l’horizon ?

Des investisseurs qui s’interrogent sur la croissance économique à venir ?

Les marchés financiers ont du mal à trouver une tendance solide, en l’absence de convictions et de certitudes sur la macro-économie comme sur le scénario principal avec des risques politiques, le #Brexit au Royaume-Uni, les élections en Espagne, la hausse des taux aux Etats-Unis, la croissance chinoise, autant dire des sujets qui amènent des réponses très diverses…

Mon invité pour parler de la stratégie d’investissement est Philippe Douillet Gérant 360 Hixance AM.

 

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Philippe Douillet, bonjour.

Philippe Douillet – Gérant de 360 Hixance AM : Bonjour.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes gérant chez 360 Hixance Asset Management. On va parler avec vous des marchés et des perspectives. Quand vous abordez les marchés, après un mois de mai un peu compliqué, on a l’impression qu’il y a pas mal de doutes du côté des investisseurs, comment vous voyez les choses ?

Philippe Douillet – Gérant de 360 Hixance AM : C’est vrai qu’il y a un certain nombre d’incertitudes qui font surface actuellement. On a, au mois de juin, un certain nombre d’échéances : le Brexit, les élections espagnoles. On a aussi bien sûr le rendez-vous avec la FED qui semble être de plus en plus sujet à discussion, mais on s’oriente très vraisemblablement vers une hausse des taux américains de façon un petit peu plus certaine. En tout cas, c’est ce à quoi nous préparent les membres de la FED actuellement. Donc, c’est vrai, des échéances nombreuses qui renforcent une incertitude d’une façon générale. Donc, on voit que le marché, tant les marchés actions que les marchés obligataires, semble ne plus trop savoir quelle direction prendre et on évolue dans un range assez étroit depuis quelques jours, quelques semaines maintenant.

Web TV www.labourseetlavie.com : On a vu quand même des publications de résultats, mais on voit aussi sur les perspectives 2016, on n’a pas l’impression que ça change vraiment la donne ces publications.

Philippe Douillet – Gérant de 360 Hixance AM : Alors, c’est vrai que les publications de résultats qui sont sorties sont finalement assez mitigées, puisqu’on a eu un certain nombre de déceptions, quelques bonnes surprises heureusement quand même qui ont soutenu le marché. On l’a vu en particulier sur des entreprises américaines. Aujourd’hui, on est quand même dans un marché américain qui est pricé correctement, mais dont le rythme de croissance semble quand même être soutenu et peut justifier finalement des valorisations supérieures, si les résultats justement commencent à s’accélérer. Et on voit que finalement, le plein emploi américain peut se traduire maintenant par une hausse des salaires et peut-être de la consommation, ce qui pourrait aider en effet les entreprises américaines à développer, à augmenter leurs résultats sur les trimestres futurs. Donc, il y a quand même des éléments positifs dans ces publications. Mais on s’attend quand même plutôt à de meilleures surprises au deuxième trimestre qu’au premier trimestre qui est traditionnellement maintenant, depuis deux – trois ans, un trimestre un peu mou.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, quand on regarde la Zone euro qui a souvent été privilégiée, on voit que ça va un peu mieux sur l’économie, mais ce n’est pas encore ça non plus. La Banque Centrale Européenne est toujours à la manœuvre et c’est un facteur de soutien.

Philippe Douillet – Gérant de 360 Hixance AM : Très clairement. On voit bien que les marchés sont encore conditionnés par les banques centrales. Le marché européen tout particulièrement. C’est vrai que la banque centrale va commencer son programme d’achat d’actifs supplémentaires à partir du mois de juin. Donc, ils vont acheter des actifs et des obligations corporate dans le programme, le CSPP, comme on l’appelle. Donc, ce programme va se mettre en œuvre. On voit bien aussi que ça a eu un impact assez fort sur le marché obligataire, en particulier sur la zone investment grade et par contagion aussi sur les rating inférieurs. Mais globalement, ce soutien des banques centrales est quand même un pilier important pour les marchés. Et on voit bien que les intervenants, les investisseurs, se focalisent encore une fois sur l’action des banques centrales, à la fois la BCE et la FED. La FED dans un contexte de taux, vont-ils monter au mois de juin ou pas ? Il semblerait maintenant qu’on s’oriente quand même vers une hausse des taux au mois de juin. Et la BCE, a contrario, elle va continuer sa politique de taux bas, à la fois en ayant une pression sur les taux directeurs, les taux à court terme et aussi par ses programmes d’achat d’actifs sur les taux à plus long terme. Donc, on va garder en Europe une courbe relativement, à des taux finalement historiquement bas, avec peut-être un petit risque de contagion sur la courbe des taux européenne. Avec la remontée des taux US, on pourrait avoir des taux longs qui corrigent un petit peu dans les prochaines semaines. Mais ça, ça dépendra aussi des résultats du Brexit, enfin du référendum au Royaume-Uni et puis bien sûr aussi de ce qui va se passer en Espagne dans les prochaines semaines.

Web TV www.labourseetlavie.com : On voit de plus en plus effectivement de questions sur comment gérer dans cette période de taux négatifs, puisqu’on a des volumes importants. On parle de trillions pour effectivement des taux d’intérêt négatifs, que ce soit aux États-Unis ou en Europe. Effectivement, il faut s’habituer quand même à cet univers bas, même si on change peut-être de cycle. Mais il faut gérer dans ce contexte-là.

Philippe Douillet – Gérant de 360 Hixance AM : C’est clair qu’aujourd’hui, ça fait partie de notre environnement. Les taux sont bas, sont négatifs. Si on prend les courbes des taux souverains, si on prend la courbe française, on voit bien que jusqu’au 5 ans – 6 ans, on est en taux négatif, 7 ans jusqu’en Allemagne. On a des taux qui aujourd’hui sont entrainés à la baisse depuis le jour le jour autour de 0,30 : 0,30, – 0,30, – 0,35. On a tout cet environnement de taux négatif et on voit bien d’ailleurs que ça a un impact sur la façon dont les gens gèrent et vont orienter leurs investissements. Puisqu’on a eu beaucoup d’intérêts quand même pour les papiers investment grade qui avaient encore un peu de rendement et le papier high yield aussi qui a retrouvé un intérêt, juste après l’épisode de crise assez violente qu’on a eue sur les six premières semaines de l’année. On a eu quand même un mouvement d’investissement assez massif. Et aussi, un marché primaire obligataire qui n’a jamais été aussi actif, puisqu’on a des émissions multiples avec des records pratiquement hebdomadaires toutes ces dernières semaines. C’est vrai que les acheteurs sont là et se tournent sur ce marché primaire qui est abondant.

Web TV www.labourseetlavie.com : Pour l’investisseur aujourd’hui, s’il veut chercher du rendement, il va aller le trouver effectivement dans les marchés à risque, comme les marchés actions, forcément ?

Philippe Douillet – Gérant de 360 Hixance AM : Alors, il y a encore des poches d’opportunités sur le marché obligataire. C’est vrai qu’après, il faut savoir où aller, mais c’est vrai qu’on a encore toute une zone, je veux dire toute la zone cross-over des signatures entre BBB+ et BB- qui ont une certaine valeur tout en ayant un risque assez maitrisé. Donc, on a encore du rendement dans ce segment de marché. Donc, on peut encore aller sur le marché obligataire. Mais on voit aujourd’hui en effet qu’il faut accepter d’avoir des rendements moindres. On a une inflation qui est très faible et des taux de rendement qui sont aussi faibles. On peut donc toujours bâtir, on a besoin de bâtir en particulier pour des portefeuilles prudents, patrimoniaux, cette brique obligataire est nécessaire. Il y a encore des segments de marché où on peut trouver de la valeur, on peut trouver du rendement, mais ça devient, c’est vrai, plus compliqué. Et c’est vrai qu’il y a aussi, on le voit, un glissement vers un peu plus de risque pour avoir un peu plus de rendement et oui, c’est naturel.

Web TV www.labourseetlavie.com : On suivra effectivement ces marchés-là qui sont un peu compliqués en ce moment. Merci Philippe Douillet d’avoir été avec nous.

Philippe Douillet – Gérant de 360 Hixance AM : Mais je vous en prie, avec plaisir. À très bientôt.

 

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