Pascal Bernachon Gérant KBL Richelieu : "Il va y avoir des opportunités pour rentrer".
Bourse : et après le Brexit on fait quoi ?

27 juin 2016 18 h 35 min
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Bourse : Après le choc du #Brexit, la donne est-elle profondément modifiée sur les marchés financiers ?

Quelles conséquences pour la stratégie d’investissement, alors que les taux restent à des niveaux historiquement bas ? Quid de l’investissement en actions en Europe ?

Mon invité pour parler de la situation et des perspectives pour cet été est Pascal Bernachon Gérant KBL Richelieu.

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Pascal Bernachon, bonjour.

Pascal Bernachon – Gérant – KBL Gestion : Bonjour.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes gérant chez KBL Richelieu. On va parler avec vous bien sûr de ce post-Brexit. Ce n’est pas la première crise que traversent les marchés financiers. Vous en avez vu aussi quelques-unes dans votre expérience de boursier.

Pascal Bernachon – Gérant – KBL Gestion : Oui.

Web TV www.labourseetlavie.com : Ce genre d’évènements, comment justement on le vit ? C’est-à-dire, est-ce qu’on est attentif à ce qui se passe ? Est-ce qu’on est en dehors du marché ?

Pascal Bernachon – Gérant – KBL Gestion : Alors attentifs, bien sûr. Il me paraît difficile de ne pas être attentif. En dehors du marché, oui, nous avons diminué notablement notre exposition aux risques depuis vendredi matin et nous allons maintenir une allocation prudente pendant quelque temps, avec bien évidemment les valeurs défensives qui reviennent à la mode, les valeurs cycliques étant obscurcies par, je dirais, toutes les interrogations qui entourent ce Brexit. Interrogations sur la sortie effective du Royaume-Uni. Ça peut durer effectivement longtemps. On voit déjà des avis divergents entre l’Allemagne et la France. Sortie, oui. Mais en attendant, le Royaume-Uni appartiendra-t-il toujours aux Commissions européennes ? Aura-t-il le droit de vote ? Donc beaucoup d’interrogations et surtout beaucoup d’interrogations sur les effets indirects de la baisse de la livre, donc des échanges et donc de cette croissance au sein de la zone euro qui montrait des signes de raffermissement, mais qui du coup peut être amputée. Alors, impossible de dire d’une manière sûre et certaine quel est l’impact négatif en pourcentage de PIB. On peut parler de l’ordre de 0,2 – 0,3 %. Ce qui en soi n’est pas dramatique en pourcentage, si ce n’est que nous étions quand même dans une économie mollassonne, loin des hausses précédentes.

Web TV www.labourseetlavie.com : Qu’est-ce qui est le plus inquiétant justement pour les investisseurs ? C’est l’incertitude finalement, c’est-à-dire tout ce que vous avez rappelé là : on ne sait pas trop pendant deux ans ce qui va se passer.

Pascal Bernachon – Gérant – KBL Gestion : C’est l’incertitude. Alors, ça ne va peut-être pas durer deux ans. Mais il y a deux facteurs qui paraissent intéressants à regarder. D’un côté positif, vous avez la bourse américaine qui va bénéficier de cette aversion au risque sur la zone euro et sur l’Europe et qui va avoir des flux probablement entrants, même s’ils ont été sortants la semaine dernière et au regard effectivement de la résistance de New York vendredi soir, strictement rien à voir avec la baisse des marchés européens. Ça, c’est le premier facteur. Mais il y a le second facteur qui est d’une économie américaine qui va bien – je ne suis pas dans une optique de récession –, mais dont les publications du second trimestre pourraient être à la hauteur du premier trimestre, somme toute assez décevant. Alors, on dit non décevants parce que, comme les analystes révisent en baisse systématiquement, on a notre lot de bonnes surprises. Mais qu’on le veuille ou non, on voit bien que les marges n’arrivent pas obligatoirement à se maintenir à ces niveaux historiques et que les chiffres d’affaires sont impactés par la hausse du dollar. Donc, dans un environnement où les marchés d’échange restent chahutés, il est évident qu’il me parait prudent pour l’investisseur de moyen – long terme de rentrer d’une manière progressive dans le marché. Pour l’investisseur court-terme, peut-être d’attendre de voir une stabilisation et de voir si New York va tenir ou va enfin aller sur des objectifs que nous avions donnés en début d’année, qui était de dire éventuellement, on peut avoir un creux qui nous amène aux alentours de 1 850 points sur Standard & Poor’s 500.

Web TV www.labourseetlavie.com : Pour les investisseurs, il y a quelque chose qui n’a pas changé, Brexit ou pas, c’est qu’il y avait cette quête de rendement. Et là, on sent bien qu’il y a une prise de risque obligatoire si on veut aller chercher du rendement, quand on voit ce qui se passe de l’autre côté, c’est-à-dire sur les obligations avec le Bund allemand par exemple dans le territoire négatif.

Pascal Bernachon – Gérant – KBL Gestion : Oui, on arrive effectivement à des taux… tous ces évènements entretiennent la bulle qu’on pourrait avoir sur les marchés obligataires. Et cette anomalie économétrique d’avoir des taux à dix ans négatifs sur le dix ans allemand. La BCE est là, les émissions allemandes deviennent rares, donc ce qu’elle achète amène les taux à un niveau de plus en plus bas. Ceci incite effectivement toujours à regarder les valeurs qui ont la capacité de délivrer un dividende satisfaisant. C’est le cas d’Axa. Axa représente maintenant un dividende de 7 %. Axa sera impacté bien évidemment par le Brexit puisque 5 % de son chiffre d’affaires est fait au Royaume-Uni. Mais on voit bien ces distorsions entre des niveaux de valorisation aberrants à la baisse, avec un dividende qui va être quand même soutenable, et je dirais des interrogations. Donc dans ces périodes, il n’y a pas de honte à attendre et à prendre le train peut-être avec un peu de retard, mais sur des chemins beaucoup plus sereins.

Web TV www.labourseetlavie.com : Certains ont dit qu’on était vendredi dans des moments de tension aussi forts que ce qu’on a pu vivre du temps, en 2008, avec Lehman Brothers.

Pascal Bernachon – Gérant – KBL Gestion : Oui, alors ce n’est pas comparable. Même si effectivement nous avons massivement vendu le système bancaire, parce qu’il va y avoir des interrogations sur toutes ces répercussions du Brexit sur les banques qui ont une activité quand même significative à Londres. On a vu que la fusion entre la bourse allemande et la bourse britannique pouvait être remise en question. Je ne crois en aucun cas malheureusement que la France arrivera à se situer comme le leader des marchés boursiers au lieu et place de la City londonienne. Malheureusement, notre fiscalité n’incitera probablement pas dans ce sens. Mais oui, bien évidemment. Il y a un évènement, il n’est pas comparable à Lehman Brothers puisque toutes ces opérations de règlementation, d’augmentation des capitaux propres ont fait que nous avons un système bancaire beaucoup plus fiable. Et puis, nous restons dans un monde de liquidités. Les banques centrales sont intervenues pour assurer la liquidité sur les devises, essayer de stabiliser ce marché d’échanges qui est un brouhaha permanent et récurrent.

Web TV www.labourseetlavie.com : Pas de risque là-dessus justement ? Parce qu’il y a des inquiétudes sur le fait que des investisseurs institutionnels se retirent de ce marché et assèchent le marché.

Pascal Bernachon – Gérant – KBL Gestion : Mais le risque, il est là. C’est-à-dire que si vous voulez, lorsqu’on regarde le comportement des marchés européens depuis quelques mois, pour ne pas dire années, ces marchés européens ne dépendent que des mouvements des capitaux anglo-saxons et particulièrement américains sur notre zone. Il est évident qu’aujourd’hui, ils ne vont pas être inciter à revenir massivement. À partir de ce moment-là, le manque cruel de capitaux longs termes d’investisseurs européens sur nos propres marchés va bien évidemment créer des mouvements de yo-yo un petit peu plus nerveux.

Web TV www.labourseetlavie.com : On sait que l’été, c’est toujours compliqué pour l’investisseur. On a en souvenir quelques mois d’août assez agités sur les marchés. Là, on a ce Brexit qui a sonné effectivement un premier rappel. Comment on gère dans cette période-là ? Comment on va gérer son portefeuille dans cette période d’été ?

Pascal Bernachon – Gérant – KBL Gestion : Alors, il faut regarder effectivement, si vous voulez, là on a vu ce matin une ouverture en hausse et puis effectivement la baisse qui a repris. Il y a des cours qui incitent certains investisseurs à venir faire les courses parce qu’il y a des aberrations. Je pense à Ryan Air ce matin qui baissait de 17 %. On ne va pas arrêter de voyager, même s’il y a un impact éventuellement sur les voyageurs britanniques. Mais je crois qu’il faut attendre de voir le marché se stabiliser. Il va y avoir des opportunités d’entrée. Effectivement, on pourrait peut-être, pourquoi pas, avoir une deuxième partie de l’année plus haussière. Tout ça, je le répète, va dépendre aussi du comportement de New York. Alors, on est en période électorale. Les derniers sondages montrent que Mme Clinton, plus favorable à Wall Street, est bien en avant sur M. Trump. Donc les années électorales ne sont pas des années où on assiste logiquement à des grands mouvements perturbateurs sur la bourse américaine. Mais cela étant, il va falloir surveiller. Si on voit effectivement New York qui arrive à se stabiliser, on pourrait avoir un été ou une deuxième partie de l’été qui nous permette enfin de respirer sur les marchés européens.

Web TV www.labourseetlavie.com : Eh bien, ça ne sera pas trop tôt. Merci.

Pascal Bernachon – Gérant – KBL Gestion : Merci à vous.

 

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