Christophe Brulé Président Entheca Finance : "La zone euro reste attractive".
Bourse : Stratégie d'investissement et perspectives

26 mai 2016 17 h 39 min
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Des investisseurs un peu dans l’expectative en mai 2016

Les marchés financiers ont du mal à trouver une tendance solide, en l’absence de convictions et de certitudes sur la macro-économie comme sur le scénario principal avec des risques politiques, le #Brexit au Royaume-Uni, les élections en Espagne, la hausse des taux aux Etats-Unis, la croissance chinoise, et quid des marchés émergents…

Mon invité pour parler de la stratégie d’investissement est Christophe Brulé Président Entheca Finance.

 

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Christophe Brulé, bonjour.

Christophe Brulé, Président, Entheca Finance : Bonjour.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes le président d’Entheca Finance. On va parler avec vous de marchés et de perspectives sur les marchés. C’est vrai qu’il y a eu un mois de mai un peu compliqué. Quel regard vous portez sur ce marché ? Est-ce qu’aujourd’hui on doit être prudent ? Quel type d’investisseurs on doit être ?

Christophe Brulé, Président, Entheca Finance : C’est un marché difficile, c’est vrai, depuis le début de l’année. On a eu une première phase avec une forte baisse, un rebond important et là on est un peu à la croisée des chemins. Et on reste avec des performances négatives sur l’Europe depuis le début de l’année, entre -5 et – 7 %. Aux États-Unis, on est sur des performances à zéro. Donc, on voit bien que le marché se cherche. Est-ce qu’il faut être prudent ou agressif ? Agressif à l’achat, non. Il n’y a pas de facteurs qui militent pour être agressif à l’achat, même si les marchés ont baissé depuis le début de l’année et la prudence est de mise, surtout à la veille, je dirais, du Brexit et du référendum du 23 juin en Grande-Bretagne et des élections législatives en Espagne quelques jours après.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc, on a ces facteurs politiques. C’est vrai qu’on a peut-être un peu sous-estimé l’impact d’un Brexit puisque finalement, ça serait peut-être ça le choc.

Christophe Brulé, Président, Entheca Finance : Oui. Alors, on a eu le choc pétrole – matières premières. Celui-là, il est derrière nous puisque contre toute attente, c’est les matières premières et le pétrole qui ont les meilleures performances depuis le début de l’année. Et je crois qu’il faut le souligner. Le Brexit, ça peut être un choc. Alors, on peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. On peut avoir au contraire des bonnes nouvelles, pas de Brexit. À ce moment-là, le Royaume-Uni reste dans l’Union Européenne et je pense que les flux acheteurs reviendraient assez fortement sur les marchés européens. Et on peut voir le verre de l’autre côté, vide, c’est-à-dire un Royaume-Uni qui sort de l’Union Européenne avec des conséquences, je pense, négatives sur le Sterling qui a déjà baissé de 6 – 7 % depuis le début de l’année contre euro, des performances négatives pour la croissance du PIB anglais pour les années à venir et à ce moment-là, plutôt des fuites de capitaux du Royaume-Uni et de ce fait, une déstabilisation, je pense, des marchés au moins à court terme.

Web TV www.labourseetlavie.com : D’ici là, on aura peut-être des nouvelles aussi du côté des politiques monétaires. C’est vrai qu’elles guident un petit peu les marchés depuis maintenant de nombreuses années. Du côté de la FED, il y a toujours des supputations pour le mois de juin. Il y a même eu un banquier central qui disait finalement, c’est beaucoup trop tard, ça arrive beaucoup trop tard, il aurait fallu le faire avant. C’est maintenant qu’il le dit. Ça amènera de la volatilité ? Ça peut amener de la volatilité ?

Christophe Brulé, Président, Entheca Finance : Moi, je ne pense pas. C’est-à-dire, je pense que si aux États-Unis, on a une nouvelle hausse de taux, ça sera plutôt une bonne nouvelle pour le marché parce que c’est attendu depuis longtemps. Donc, on craint cette hausse de taux. On parle de hausses de taux qui restent quand même très très bas, puisqu’on est sur des taux planchers partout dans le monde. Donc, les banques centrales ne peuvent pas tout faire. Elles ont fait beaucoup beaucoup. La Réserve Fédérale est plutôt derrière la courbe des taux, comme on dit, c’est-à-dire les chiffres d’inflation repartent à la hausse, les chiffres d’emploi sont très bons, la conjoncture américaine est plutôt bien orientée, donc les Américains doivent remonter leurs taux. Donc, je pense, au contraire, que s’il y a une hausse de 0,25 en juin, ça sera plutôt une bonne nouvelle finalement parce qu’elle est attendue et maintenant, ça ne sera plus une surprise.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, la Banque Centrale Européenne est encore dans une autre dimension, mais elle suivra bien sûr ce qui se passera aussi. La Zone euro, est-ce qu’elle se porte mieux ? Ça a été un des grands paris des derniers mois. Est-ce que c’est encore le pari d’investisseurs ?

Christophe Brulé, Président, Entheca Finance : Alors, ça a été un des grands paris, mais depuis un an, on est en Bear market, un marché baissier sur l’Europe principalement, puisqu’on est environ à 15 % des plus hauts atteints en avril 2015 ou sur le CAC en août. Peu importe, on est quand même entre – 12, – 15, – 17 %. Donc, ça a été un grand pari, mais ça a été un pari déçu. On a eu le quantitative easing et là, les flux sont massivement venus sur les bourses européennes. On a eu ensuite la déception avec la Chine, pétrole, matières premières et puis une croissance qui finalement est très poussive. Donc, elle est là, elle est résiliente. Il n’y a pas d’inquiétude à la baisse, mais ce n’est pas une croissance qui fait qu’on a envie d’acheter clairement les actions européennes sur des niveaux de valorisation 16 fois les résultats, des anticipations qui ont été revues à la baisse depuis un an. Donc, la réponse est oui, ça a été un pari, mais c’est un pari finalement qui est perdant pour l’investisseur aujourd’hui et c’est une zone qui néanmoins reste attractive parce que la croissance a l’air de se mettre en place, même si elle n’est pas aussi élevée qu’on le voudrait. Donc oui, c’est un pari à faire et je pense qu’il faut privilégier l’Europe. Il faut attendre un petit peu d’avoir des nouvelles concernant notre fameux Brexit.

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce que du côté des actions justement, vous allez chercher dans les portefeuilles de plus petites valeurs, comme ça se joue de temps en temps, des valeurs dites domestiques qui peut-être seront moins confrontées à des chocs externes ?

Christophe Brulé, Président, Entheca Finance : Oui, alors c’est très juste. On voit bien avec tous les grands mouvements qu’on a eu sur les indices que les petites valeurs, moyennes, voire les micros caps, sont assez préservées des mouvements un peu erratiques des grands indices qui servent de couverture à bon nombre de gérants. Donc, dans une allocation, je pense qu’il faut effectivement avoir de l’ordre de 10 à 20 % de small caps, micros caps, mid caps, pour se prémunir des mouvements de marché erratiques. En tout cas, sur ce compartiment, on passe par des fonds externes où on sélectionne les bonnes expertises des maisons de gestion connues sur ce segment de marché. Mais on le voit depuis le début de l’année, les micros caps, certains fonds ont des performances positives. Les small – mid, on n’est pas loin également de performances positives, donc c’est une bonne idée d’allocation. Tout à fait.

Web TV www.labourseetlavie.com : Un mot des marchés émergents longtemps mis de côté par les investisseurs pour les raisons qu’on avait pu évoquer, à la fois le pétrole, devises et autre et hausse de taux à venir. Est-ce que les marchés émergents ont retrouvé de l’attrait pour certains investisseurs ou pas encore ?

Christophe Brulé, Président, Entheca Finance : Les marchés émergents, je pense qu’il faut regarder la dette et les actions. Au niveau de la dette, nous ce qu’on aime bien, c’est la dette en monnaie « hard currency », c’est-à-dire libellé en dollar couvert contre l’euro, mais pas de risques de change au niveau des devises locales. Oui, là je pense qu’il y a de l’attrait. Pourquoi il y a de l’attrait ? Parce qu’on est dans un monde de taux négatifs, voire qui ne rapportent pas grand-chose aux États-Unis et négatifs en Zone euro. Et donc des emprunts obligataires émergents, je ne parle pas du Brésil, mais une moyenne à 4,5 – 5 %, voire 5,5 sur les émergents, forcément, il y a de l’attrait pour les obligations émergentes. En ce qui concerne les actions, je pense que là toujours, il faut veiller à la zone sur laquelle on va investir. Contre toute attente également, le Brésil et la Russie sont les deux meilleurs performeurs depuis le début de l’année. Comme quoi il faut, sur ces marchés, être contrariant et venir quand les actifs sont partis. C’est plutôt des bons points d’entrée. Donc globalement sur la zone émergente, oui, on peut revenir. Il y aura quand même toujours une grosse volatilité. La Chine qui était le problème reste un problème, même si on est rassuré sur le thème du hard landing, le ralentissement très brutal, décrochage. On n’y est pas. Ceci dit, l’année n’est pas finie et les vérités sont successives. Donc, il faudra scruter les chiffres avec attention. Donc, un retour, oui, mais un retour mesuré.

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Christophe Brulé.

Christophe Brulé, Président, Entheca Finance : Merci.

 

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