Nicolas Chéron Stratégiste CMC Markets : "Sécuriser ses positions ou les couvrir".
Bourse : Après le choc du Brexit

28 juin 2016 16 h 52 min
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Bourse : Après le choc du Brexit.

Il a fallu “digérer” la nouvelle et le vendredi noir sur les marchés financiers, certains investisseurs parlant même de stress supérieur au moment de la chute de Lehman Brothers en 2008. Le Brexit est-il seul responsable de ce stress ? N’y a t-il pas aussi un sujet central, le manque de croissance des économies malgré l’action des banques centrales.

Nous parlons de tous ces sujets d’actualité avec mon invité Nicolas Chéron Stratégiste CMC Markets.

 

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Nicolas Chéron, bonjour.

Nicolas Chéron – Stratégiste – CMC Markets : Bonjour, Didier.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes stratégiste chez CMC Markets. On va parler avec vous bien sûr de ce post-Brexit, avec le regard que vous portez sur le comportement sur les investisseurs. Alors, après le choc de vendredi, est-ce qu’ils retrouvent un semblant de confiance ou est-ce qu’on est encore groggy par ce qui s’est passé vendredi ?

Nicolas Chéron – Stratégiste – CMC Markets : Alors vendredi, effectivement on a eu un choc très violent, un choc historique. Nous avons assisté à des gaps baissiers de plus de 10 % sur certains indices européens. Il y avait quand même un facteur positif, c’est qu’à partir de 6 h – 7 h du matin vendredi, eh bien, les actifs refuges comme l’or et les taux qui avaient été recherchés étaient délaissés et les investisseurs semblaient vouloir profiter d’un effet d’aubaine, de soldes potentiels, avec un CAC40 sur ces plus bas annuels à 3 900 points et on a vu un beau rallye en séance opéré vendredi. Malheureusement, l’incertitude politique a pris le dessus ce week-end, laissant les investisseurs dans l’expectative et cela a engendré un regain d’aversion au risque ce matin sur les indices. Après une ouverture stable, on a vraiment les bancaires qui sont attaqués, les valeurs refuges comme l’or qui sont recherchées. Donc, on reste là dans un marché qui est particulièrement averse aux risques.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors justement quand on regarde, si on prend les marchés européens, avant cette chute de vendredi, on en était où sur ces marchés finalement, puisque depuis le début de l’année, ce n’est quand même pas terrible, mais par rapport à des moments un peu historiques ?

Nicolas Chéron – Stratégiste – CMC Markets : En début d’année, on a eu un choc baissier qui a groggy les investisseurs. Au 11 février, on était pratiquement à – 20 sur le CAC40 et puis ensuite, on a constaté une phase d’oscillation comme ça, pendant trois à quatre mois, et le CAC40 par exemple se cherchait entre 4 200 et 4 600 points, mais il restait tout de même négatif sur l’année. Et puis malheureusement, avec ce Brexit, on est passé de la borne haute de fluctuation, la zone des 4 500 points à la borne basse. On s’est même fait des frayeurs vendredi en allant chercher les 3 900 points qui étaient les plus bas annuels datant de février. Et apparemment aujourd’hui, on y retourne. Alors si dans les séances et semaines qui viennent, les officiels notamment les politiques arrivaient à rendre de la visibilité au marché, puisque c’est ça dont on manque cruellement et que les indices venaient à tenir ces zones de prix, eh bien, on pourrait tout simplement se stabiliser, dans l’attente de plus de catalyseurs. Mais il y a aussi le risque baissier qui reste prépondérant puisque, ne l’oublions pas, depuis un an maintenant, on faisait ensemble une vidéo, je me souviens, l’été dernier alors que le CAC40 était non loin des 5 000 points, nous sommes maintenant plus de 20 % sous ce seuil. Donc, il faut quand même garder à l’esprit que majoritairement quand même les indices européens sont dans cycles baissiers depuis plus d’un an et que les risques baissiers sont donc très forts.

Web TV www.labourseetlavie.com : Ce n’est pas le moindre des paradoxes sur les marchés boursiers. C’est que si on regarde bien, il y a peut-être des investisseurs sur l’obligataire qui ont réussi à faire de la performance avec ces taux, même si on arrive à des taux négatifs aujourd’hui, mais qui ont pu profiter finalement au cours de dernières années de ce type d’opérations. Et puis sur la partie action, ça reste difficile.

Nicolas Chéron – Stratégiste – CMC Markets : Oui, la partie action, c’est très difficile. Les marchés américains ne montent plus depuis un an et demi. Les marchés japonais ont décalé à la baisse depuis le début de l’année. Les marchés européens ont littéralement lâché depuis l’été dernier, à peu près de 30 %. Donc, comme on le disait il y a quelques instants. Le marché chinois, lui, est un petit marché délaissé. Donc, les opérateurs se positionnent sur les taux effectivement, mais principalement, je pense, dans une optique de refuge plus que dans une optique de performance. On voit aussi l’or qui est très recherché, qui est à plus de 25 % depuis le début de l’année, car un rendement nul vaut mieux qu’un rendement négatif. Et donc c’est un environnement de marché qui est plutôt inhabituel.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on a les banquiers centraux. On a vu la Réserve fédérale américaine qui donc, avec ce Brexit, reportait sa décision de hausse de taux. On est presque en train de se dire aujourd’hui, il y a des grandes banques d’affaires américaines qui disent décembre. C’est encore un nouveau pari. Si ça se trouve, ça sera en 2017, on ne sait pas.

Nicolas Chéron – Stratégiste – CMC Markets : La hausse de taux ? Si elle doit avoir lieu. Car nous avions aussi discuté de cela il y a déjà un an et on avait vu ensemble que les États-Unis étaient en fait dans un corner, ils étaient un peu coincés par leurs engagements. D’une part, de vouloir opérer un resserrement monétaire en ligne avec des perspectives économiques positives et non pas des chiffres économiques validés positifs. Les Américains ont l’habitude d’être particulièrement optimistes. C’était le cas en début d’année où on s’attendait à trois, voire quatre hausses de taux aux États-Unis. Au mois de mai, on pensait que les taux pourraient être augmentés en juin et puis très rapidement, cette possibilité a été effacée du calendrier. Et désormais, nous avons moins de 45 % de chance, de probabilité, de hausse de taux en 2016. Donc effectivement, vous avez peut-être raison. On devra peut-être attendre 2017 si tant est que la FED maintienne sa politique. Car Janet Yellen en avait déjà parlé il y a quelques mois, elle en a reparlé le 21 juin dernier : les taux négatifs sont une option envisageable. La FED va-t-elle revirer de politique monétaire et pointer vers du quantitative easing, comme les Européens ? C’est une possibilité. Si notamment sur les indices boursiers américains, il y avait des prises de bénéfices accentuées, voire une correction qui se mettait en place, eh bien, on pourrait voir la Réserve fédérale américaine baisser ses taux, voire revenir au quantitative easing, comme l’ont fait les Japonais et les Européens récemment.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors pour les investisseurs, on sent que c’est compliqué entre les calendriers, le calendrier politique – on aura les élections américaines cet automne, donc on revoit cette importance du calendrier politique pour les investisseurs – et puis cette non-visibilité sur la croissance économique mondiale.

Nicolas Chéron – Stratégiste – CMC Markets : Oui, c’est surtout ça en fait. Le problème actuel, c’est le manque cruel de visibilité. Si le Brexit n’avait pas emporté la faveur des votants, on aurait pu justement avoir comme ça une fenêtre de visibilité qui se serait ouverte aux investisseurs, qui aurait pu potentiellement prendre position, notamment sur le marché actions, jusqu’à l’élection américaine notamment. Là, avec l’incertitude au Royaume-Uni, les décisions politiques qui doivent être prises dans les semaines qui viennent, les réactions que l’on est susceptible d’avoir en Europe, politiquement et économiquement, il va être très compliqué et très complexe pour les investisseurs d’avoir de la visibilité. Dans pareille situation, certains resteront peut-être à l’écart des marchés. Car ne l’oublions pas, parfois détenir des liquidités peut être plus rémunérateur qu’être en position sur les marchés. Et puis, les opérateurs qui sont principalement sur les marchés action et indice, s’ils ont retenu la leçon de ces derniers mois, potentiellement ils n’oublieront pas de sécuriser leurs positions, voire de les couvrir avec des actifs refuges, comme le dollar ou encore l’or.

Web TV www.labourseetlavie.com : Ça paraît incontournable, surtout quand on commence l’été avec un tel évènement.

Nicolas Chéron – Stratégiste – CMC Markets : Oui. Et si on se rappelle l’été dernier, avec cette forte secousse que l’on a eue au mois d’août, elle avait été due justement à la forte baisse du Yuan. Or, ces deux dernières séances, on a vu le dollar fortement s’apprécier contre le Yuan. Nous ne sommes donc pas protégés d’une nouvelle crise, d’une nouvelle peur, au sujet du marché asiatique et principalement chinois. Et si cela venait s’ajouter au problème politique auquel l’Europe fait face actuellement, on pourrait avoir de nouveau un été très volatil.

Web TV www.labourseetlavie.com : Eh bien, on suivra ça. On en reparlera ensemble à la rentrée. Merci.

Nicolas Chéron – Stratégiste – CMC Markets : Merci.

 

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