Pierrick Bauchet Gérant Inocap : "L'enjeu de la valorisation de l'innovation".
Plongée dans l'univers des Smalls et Midcaps

31 mai 2016 16 h 31 min
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Dans une période de taux bas, de questions sur la croissance économique mondiale, il est possible aussi de s’intéresser à l’univers Small et Midcaps.

Dans cet univers, les entreprises sont en général moins concernées par les tendances macro-économiques et leur croissance liée à des innovations est un atout.

Nous parlons de quelques sociétés et de cet univers avec mon invité Pierrick Bauchet Gérant Inocap.

SES-imagotag, ESI Group, Orège, Saft, dans des univers différents : Etiquettes électroniques, prototypage industriel, traitement des boues, batteries…

 

Web TV www.labourseetlavie.com : Pierrick Bauchet, bonjour.

Pierrick Bauchet – Gérant Inocap : Bonjour Didier.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous êtes gérant chez Inocap. On va parler avec vous de valeurs. Vous êtes un gérant spécialiste justement de sociétés qui peuvent amener par leur innovation de la croissance. Votre univers justement d’investissement, il est assez large ?

Pierrick Bauchet – Gérant Inocap : Alors, c’est univers large. Inocap est un spécialiste de l’investissement dans les petites et moyennes valeurs françaises innovantes. Inocap est sans doute le seul spécialiste qui assure la transversalité de l’investissement dans les TPE-PME ETI françaises innovantes. Un spectre large qui peut aller de quelques dizaines de millions de capitalisations boursières jusqu’à quelques milliards. Donc, le terrain de jeu est très vaste. À nous d’aller chercher les pépites innovantes leaders mondiales sur des niches de marché en forte croissance des entreprises qui ont su développer un réel savoir-faire, unique au monde.

Web TV www.labourseetlavie.com : Est-ce qu’il y a des secteurs qui se distinguent où on peut vraiment avoir beaucoup d’univers d’investissement ?

Pierrick Bauchet – Gérant Inocap : On ne s’interdit rien. L’univers s’ouvre à nous globalement. On s’interdit un domaine, celui dans lequel on ne comprend pas les business modèles, c’est-à-dire la biotech. On n’a pas de connaissance des molécules. On ne prétend pas connaître les développements. Donc, quand on ne connaît pas, on ne s’aventure pas. Hormis ce spectre, l’univers est extrêmement large.

Web TV www.labourseetlavie.com : Vous diriez que votre univers s’est élargi ou il est assez stable finalement ? Sur les dernières années, est-ce qu’il y a de plus en plus d’entreprises françaises innovantes ?

Pierrick Bauchet – Gérant Inocap : Notre univers est assez stable. Inocap s’est élargi, s’est développé. Inocap vient de l’investissement dans les TPE-PME. Inocap a accéléré son développement à travers une diversification tout à fait logique et dans la continuité de ce que l’on avait fait par le passé et que l’on continue de faire. Et donc notre univers d’investissement s’est naturellement déplacé. On investit toujours dans les TPE-PME françaises innovantes, mais on investit également maintenant dans les ETI françaises innovantes.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on va s’intéresser avec vous à un certain nombre de sociétés. Pour commencer par exemple, la société SES-Imagotag. Alors, sans doute que ça ne dit rien à beaucoup de téléspectateurs. En même temps, quand on va au supermarché, on pourrait très bien tomber dessus.

Pierrick Bauchet – Gérant Inocap : Vous avez mis le doigt dessus, Didier. Exactement. SES-Imagotag, société peu connue, mais qui est le leader mondial des étiquettes électroniques de gondoles. Ces fameuses étiquettes qui affichent les prix de manière électronique. C’était l’ancienne étiquette. SES par son innovation permanente, par son intelligence, son management qui bénéficie d’une vision en avance de phase sur son marché, a su développer les étiquettes de nouvelle génération, dynamiques, interactives, avec de la couleur, à l’origine d’une mutation du marché, d’une révolution du marché et c’est SES qui a remporté la mise sur ce marché. Juste quelques chiffres pour bien comprendre l’ampleur de la révolution qui est en cours. En 2014, le chiffre d’affaires de SES, c’est 80 millions de chiffre d’affaires, les entrées de commandes 80 millions. En 2015, le chiffre d’affaires, 111 millions, en croissance de 37 % ; les entrées de commandes, 225 millions d’euros, multipliées par trois. On estime que c’est environ 80 % de parts de marché au niveau des appels d’offres gagnés. C’est une véritable révolution qui est en marche. L’innovation permanente a permis à SES de gagner des parts de marchés à l’international. En 2014, 17 % du chiffre d’affaires provenait des nouveaux produits. En 2015, on est à 48 %. Si on considère les ventes internationales, on est à 60 %.

Web TV www.labourseetlavie.com : Donc, il y a eu du côté des distributeurs un vrai engouement pour ces solutions.

Pierrick Bauchet – Gérant Inocap : Un véritable engouement et pas que de l’alimentaire. On avait l’habitude de voir le marché français avec des distributeurs alimentaires qui passaient au numérique. L’Allemagne s’est ouverte à ce marché. Le Darty allemand, Media-Saturn a confié à SES-Imagotag le plus important déploiement de toute l’histoire, un contrat de plus de 130 millions d’euros pour équiper 1 000 magasins avec plus de 10 millions d’étiquettes dans 14 pays.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on a cette innovation, cette croissance, est-ce qu’aujourd’hui, on a une rentabilité aussi qui s’améliore avec ce panorama futur de chiffre d’affaires à venir ?

Pierrick Bauchet – Gérant Inocap : SES est une entreprise rentable. L’innovation paye. Sur ce contrat gagné auprès de Media-Saturn, SES était plus cher que ses deux concurrents, le suédois Pricer et le coréen Samsung et SES a remporté l’intégralité du contrat. Dès lors que vous avez développé une innovation de rupture globalement et que vous proposez à votre client un produit un très différenciant, qui apporte de la productivité, qui apporte de l’intelligence, vous faites passer vos prix. Donc, Store Electronic System, SES-Imagotag, est une société rentable. Aujourd’hui, on a le poids de l’investissement pour préparer l’accélération de la croissance future qui pèse légèrement sur la croissance. Ça ne nous dérange pas. On a une vision industrielle à 3 – 5 ans. Les profits, c’est ce qui nous intéresse, la croissance des profits devrait être d’environ 100 % chaque année au cours des trois prochaines années et la valorisation actuelle nous semble encore très attractive. On a pour nous un potentiel de multiplier par cinq la mise sur le cours actuel au cours des 3 – 5 prochaines années.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, une autre valeur qu’on a eu la chance d’interviewer ici, ESI Group, qui d’ailleurs précise, qui le dit, elle veut vraiment qu’on parle de prototypage industriel. Et il en a parlé donc ici. Vous l’avez repéré aussi celle-là ?

Pierrick Bauchet – Gérant Inocap : On l’a repérée en amont il y a quelques années. ESI Group est aujourd’hui le leader mondial du prototypage virtuel. L’idée est de mettre fin au prototype physique, d’aller plus vite dans les usines, de pouvoir réduire le temps d’étude, de fabrication, d’assemblage et de simulation du produit dans des environnements complètement différents, en apportant beaucoup d’intelligence sur la simulation. Les chiffres sont impressionnants. Au cours des dix dernières années, ESI Group, c’est environ 10 % de croissance organique du chiffre d’affaires des licences. Au quatrième trimestre, on est à 15 %. Quelque chose est en train de se passer dans cette industrie. La démocratisation de l’innovation de structures permise par ESI Group est en cours. Ce n’est pas anodin. Au cours des vingt dernières années, il y a eu vingt acquisitions ; en 2015, il y a eu cinq acquisitions transformantes qui ont permis l’aboutissement de la plateforme logiciel. On est à un point d’inflexion. Les prochaines années devraient être fortement rémunératrices pour les actionnaires d’ESI Group.

Web TV www.labourseetlavie.com : Alors, on change complètement de secteur. On va parler de traitement de boues avec Orège.

Pierrick Bauchet – Gérant Inocap : La révolution n’est pas que dans le rayon connecté avec les magasins ou dans l’usine numérique intelligence avec ESI Group. On trouve également des révolutions dans des industries beaucoup plus traditionnelles qui ont délaissé les investissements depuis des dizaines d’années. Dans les stations d’épuration, business pas glamour, il n’y a pas eu d’innovation, hormis une petite entreprise qui est en train de révolutionner le monde du traitement des boues municipales et industrielles, petite entreprise française, petite pépite technologique innovante, la société Orège qui par son investissement permanent, un investissement de plus de 35 millions d’euros depuis la création en 2005 a développé une technologie véritablement unique au monde, qui permet de traiter les effluents industriels complexes et de traiter les boues municipales et industrielles avec à la clé une réduction très significative du volume de boues, une élimination complète des odeurs et une amélioration de la qualité des boues pour que celles-ci puissent être valorisées, partir à l’épandage pour éviter l’incinération qui coûte très cher. Une multitude de petits contrats sont en train d’être signés, un qui est passé inaperçu aux États-Unis. Orège est rentré par la grande porte en signant son premier contrat auprès de la troisième société d’engineering américaine la plus en pointe au niveau de l’adoption des technologies innovantes dans le secteur de l’eau, la société CH 2000 qui a choisi Orège comme tête de pont pour la partie intelligente de l’intégration dans les stations d’épuration. Ce n’est pas anodin. À partir de ce contrat, il y aurait une trentaine de contrats en négociation aux États-Unis. Le marché est américain, Orège est en train de gagner des parts de marché aux États-Unis. On estime que dans les prochaines années, Orège pourrait réaliser plusieurs dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires et pourrait devenir une société américaine.

Web TV www.labourseetlavie.com : Voilà, aussi dans ce secteur-là, il y a de l’innovation. On termine par Saft Group. Alors, on connaissait pour les boursiers qui ont un petit peu d’expérience, Saft dans les années 2000, une bulle des années 2000. Ça s’est un petit peu ensuite dilué. Puis Saft est revenu un petit peu dans l’actualité avec les véhicules électriques et puis là, on a vu Saft se faire racheter par Total. Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi ?

Pierrick Bauchet – Gérant Inocap : Pour l’intelligence, l’intelligence qu’apporte Saft. Saft, qui a conquis le monde dans un domaine très stratégique, à partir de sa technologie de batteries lithium-ion unique au monde. Saft est devenu le leader mondial des batteries pour la défense et l’aérospatiale, mais en même temps, Saft a conquis un domaine complètement stratégique, le stockage de l’électricité produite par les énergies alternatives. Comment stocker l’instockable ? L’innovation permanente a amené, a abouti à cette intelligence, raison pour laquelle Total est en train d’essayer de racheter Saft. Les montants sont impressionnants. Saft en 2015, c’est un chiffre d’affaires d’environ 760 millions d’euros. La partie véritablement intelligente qui nous intéresse et qui intéresse Total, donc la partie du stockage de l’électricité provenant des alternatifs, représente moins de 1 % du chiffre d’affaires de Saft. Et Total a fait une proposition pour acheter Saft sur une valorisation de 950 millions d’euros. On comprend bien l’enjeu de la valorisation de l’innovation. Cette valorisation n’est permise qu’à partir du moment où cette innovation est transformante et elle apporte de l’intelligence dans des mondes existants en manque de croissance, en manque de productivité.

Web TV www.labourseetlavie.com : Merci Pierrick Bauchet d’avoir fait le point avec nous sur ces innovations dans les entreprises françaises.

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